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Joseph de Maistre et la Providence

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Publié le

7 avril 2020

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La crise du coronavirus a fait ressurgir nos peurs les plus vives, qui associent douleur, incertitude et… mort ! Paradoxalement, certaines de ces « sensations » brutales et violentes sont avec le poids de la foi confrontées à une question théologique presque naturelle chez les croyants : Et si Dieu avait décidé d’envoyer sur terre ce virus afin d’alerter l’humanité sur ses principes devenus trop pernicieux ?

 

 

Chaque époque troublée a connu ce temps où se rencontrent « obscurantistes » et « rationalistes » mais l’impact de la Providence sur les esprits n’est pas nouveau ! Le philosophe Joseph de Maistre (1753/1821) évoque le sujet de la Providence dès la Révolution française, période heureuse, sombre et donc « versatile » ! Derrière le concept de providence se cache aussi une autre interprétation religieuse chère aux calvinistes : la prédestination ! Cette même interprétation fait de quelques-uns des « sauvés » et d’autres des « victimes » n’ayant pas reçu la main « gracieuse » de Dieu. Et ce constat forcément « sélectif » dans sa nature profonde nous rappelle cependant que le covid-19 tue certains et épargne d’autres ; la Providence montrant ainsi un visage bien cruel !

 

Mais revenons à Joseph de Maistre !  Le genre humain, pour notre philosophe, demeure passif, et doit alors accepter son statut et son destin pour ne pas changer les « fondamentaux » de la société ! Le conservatisme politique et eschatologique de Joseph de Maistre est ici dévoilé : « La terre entière, continuellement imbibée de sang, n’est qu’un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu’à la consommation des choses, jusqu’à l’extinction du mal, jusqu’à la mort de la mort».

Cette approche philosophique souligne l’impact « régénérateur » de l’intervention divine.

Aussi, cette approche philosophique souligne l’impact « régénérateur » de l’intervention divine, et c’est là que De Maistre (penseur qui alimente les paradoxes) prouve qu’il n’est pas si loin de penser comme les Lumières : « L’homme nouveau » doit toujours être un projet politique ! Assurément, c’est le seul point commun entre le conservateur et les défenseurs de Rousseau, Voltaire et les autres… La Révolution française ayant compromis certaines alliances idéologiques, mortes avant d’avoir vécues.

 

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Au-delà de la philosophie et de la politique, le penseur savoyard aspire à défendre le sacrifice humain –et toujours en harmonie avec l’idée régénératrice de la société- afin de glorifier l’unique religion capable à ses yeux de rentre la cohésion sociale possible : la religion catholique ! Celle-ci est la seule foi respectant l’ordre et l’unité … Le protestantisme étant pour lui beaucoup trop individualiste et sans raison « positive » et rassurante. Or, si Dieu a besoin selon Joseph de Maistre de matérialiser un ordre nouveau ­-et il en va de la survie de la religion catholique-, il faut donc justifier l’intervention divine. Celle-ci met en scène des hommes livrés au désordre constant, s’accaparant tous les pouvoirs et éliminant leurs adversaires, pour mieux se détruire eux-mêmes, comme absorbés par une force invincible et qui devine déjà que la mort demeure aussi le remède salvateur. Et le schéma est bien connu : Révolution, terreur, régénération, union ! De Maistre résume la Révolution française de cette manière.  

 

Notre société connait aussi aujourd’hui sa révolution : elle n’est pas encore définie mais il y aura un avant et un après coronavirus… C’est une certitude. Alors, quelle est la « représentation » de la Providence à l’heure du covid-19 ? Sommes-nous toujours proches de la pensée de De Maistre ?   « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas » (citation qui n’a pas été prononcée par Malraux) : les idées religieuses reviennent systématiquement lorsque la médecine n’a plus les capacités de rassurer… N’est-ce pas le cas aujourd’hui ? Vaccin ? Médicaments ? Autres solutions ? La médecine teste mais ne rassure pas définitivement… pas pour l’instant.

Il faut alors croire pour se rassurer et trouver des explications immédiates : « le consumérisme théologique » est bien né !

Il faut alors croire pour se rassurer et trouver des explications immédiates : « le consumérisme théologique » est bien né ! La Providence symbolisée par l’acte divin apparait désormais comme le chemin le plus facile, le plus « rationnel », le plus « optimisé » pour répondre aux nombreuses incertitudes d’un siècle qui se croyait en dehors de tous les dangers sociaux et sanitaires. On répare sa pensée, ses angoisses par un dogmatisme… et tout semble mieux se dérouler : le hasard n’existe plus, le libre-arbitre demeure fragile et les chanceux (les élus) s’en remettent à Dieu ou à des croyances lointaines. La force salvatrice de l’auto-persuasion répond à tout, et s’inscrit alors dans une logique contemplatrice du monde, comme un nouveau paradis ! C’est une réponse à la fois religieuse et instinctive !

 

La Providence, finalement, se forme à partir d’une animalité singulière qui condamne l’homme à manifester ses secrets les plus enfouis et qui résonnent à un moment où tout parait stoppé : angoisse du vide ? angoisse sacralisée ! Mais cette angoisse guérie par la Providence est-elle « amoureuse » du sacrifice humain et défendu par Joseph de Maistre ?

La technique, bientôt, ne sera plus sacralisée. De Maistre et la Providence, eux, le seront certainement !

Répondre à cette question reste difficile mais une chose est pourtant sûre : La technique a montré ses faiblesses ces derniers jour. Trop versatile, (les scientifiques ne cachent même plus leurs jalousies), la technique, bientôt, ne sera plus sacralisée. De Maistre et la Providence, eux, le seront certainement !

 

 

Sylvain Marcou

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