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En cette journée de l’Europe à laquelle le 9 mai est traditionnellement dédié, les premiers constats révélés par cette crise sanitaire apparaissent cruels.
58% des Français n’auraient désormais plus confiance en l’Union européenne. À raison, probablement. Mais plutôt que de nous engager à toutes forces dans un Frexit qui se voudrait libérateur, il convient au contraire de profiter des failles ouvertes par le virus pour mettre en œuvre un véritable projet civilisationnel, conforme aux intérêts des peuples d’Europe, en gardant toujours l’objectif de puissance en ligne de mire.
Il est tentant en effet de suivre les Britanniques dans la voie de recouvrement de l’ensemble de nos souverainetés, pour lever les handicaps de toutes sortes imposés par l’Union européenne aux États qui la composent. Les images d’Ursula von der Leyen montrant par vidéo comment les Européens doivent se laver les mains pour se prémunir de la contagion sont en effet risibles et d’une terrible faiblesse face aux enjeux posés par la pandémie.
Les États qui ont été défaillants le doivent à leur gouvernement et non pas à l’Union européenne.
Mais il convient de se rappeler néanmoins, si l’on veut rester honnête, que l’Union Européenne ne dispose pas de compétences sanitaires consistantes dans ses statuts et ne peut guère donc être blâmée de son impuissance dans la lutte contre le coronavirus. Les États qui ont été défaillants le doivent à leurs gouvernements et non pas à l’Union Européenne.
Et dans le cas de la France ou de l’Italie par exemple, ces choix délétères remontent à loin. Au moins vingt années durant lesquelles l’État s’est désengagé massivement de sa mission de service public – on le voit concernant les carences hospitalières-partant du principe que « le privé fera mieux que le public ». Pourtant, lorsque la vie est en jeu, c’est vers l’État que chacun se tourne. Surtout, et c’est là l’un des enseignements majeurs à tirer de cette crise, les Français et les Européens se sont aperçus que leurs usines pharmaceutiques ou de construction de matériel médical… n’existaient plus. Ou plutôt existaient en Chine, en Inde, partout ailleurs sauf en Europe. Même le champion de l’ « open world » Emmanuel Macron a été contraint de reconnaître et de dénoncer solennellement une telle situation dans sa première allocution présidentielle sur le sujet, à quelques jours du confinement.
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Si cette catastrophe sanitaire a pris cette dimension, source d’une probable catastrophe économique et sociale, c’est en raison des délocalisations et du libéralisme mondialisé, conformes aux recommandations de la Commission européenne des dernières décennies, notamment depuis Maastricht. Les commissaires européens étant, rappelons-le, nommés sur proposition des gouvernements des États membres, et non élus par les peuples. Mais le récent entretien accordé par le Général Qiao Liang (auteur du magistral ouvrage La guerre hors-limites, publié en 1999) et mis en lumière par L’Incorrect est d’une clarté absolue sur le drame à retardement en train de se jouer.
Les pays européens, qui enregistrent à ce stade un nombre de morts plus important en proportion que les Américains, sont peut-être dans une situation de déclin encore plus avancée.
Selon ce stratège, s’il « ne fait pas de doute que les États-Unis d’Amérique sont entrés dans une phase de déclin », c’est parce qu’ils ont abandonné leur industrie manufacturière au profit « d’industries fantômes ». « Sans industrie manufacturière, questionne-t-il, qui soutient votre haute technologie ? Qui soutient votre dollar ? Qui soutient votre armée américaine ? » Prenant l’exemple des pays en difficultés dans cette pandémie, il affirme que « les Américains ne sont pas en capacité de produire de respirateurs dont ils possèdent les brevets » et sont contraints de laisser ce soin à la Chine. Or, les pays européens, qui enregistrent à ce stade un nombre de morts plus important en proportion que les Américains, sont peut-être dans une situation de déclin encore plus avancée.
Se délester de la dépendance manufacturière chinoise ne pourra malheureusement se faire du jour au lendemain. Mais cela implique néanmoins de commencer demain. Et là où la France seule serait bien désemparée face à ce défi, un plan de réindustrialisation massive du continent orchestré par l’Union européenne pourrait quant à lui, avec suffisamment de volonté politique, aboutir rapidement. De même, dans sa magistrale interview accordée il y a quelques jours au Figaro, le haut-fonctionnaire Pierre-Henri d’Argenson annonçait une nouvelle guerre froide entre la Chine et les États-Unis dont l’Europe serait le terrain de jeu. La conclusion intrinsèque de cette clairvoyante analyse s’impose à nous : il nous faut renouer avec la notion de puissance d’une Europe à la conscience civilisationnelle retrouvée.
Or, il faut le reconnaître, nombre de pays européens faisant partie des « bons élèves » de l’Union européenne se comportent en réalité très mal lorsque l’heure de vérité arrive. Lorsqu’il s’agit d’envisager une mutualisation des dettes européennes, l’Allemagne et les Pays-Bas la refusent d’emblée. Comme l’ont relevé récemment les députés français du Rassemblement National, Louis Aliot et Jérôme Rivière, comment peut-on encore parler de volonté de puissance commune lorsque, lors de récents choix décisifs en matière d’acquisition d’avions de combat de nouvelles génération, l’Allemagne et la Pologne, au lieu de choisir le Rafale français (ou d’autres modèles européens), se sont ruées sur le F-35 américain ?
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Une défense européenne que certains jugent pourtant nécessaire au regard des défis communs qui nous attendent au XXIe siècle, qui vole en éclat au profit d’un atlantisme forcené de la part de membres dont certains faisaient partie du premier noyau de l’Europe des six. Plus prosaïquement, lorsqu’en pleine crise du coronavirus la Commission européenne se félicite d’avoir conclu un accord de libre-échange avec le Mexique (fort justement dénoncé par le député Nicolas Bay) au moment où une politique localiste et de réindustrialisation européenne apparaît comme la seule voie de sortie par le haut, l’on ne peut que constater l’impertinence des décisions des décisions technocrates européens. La touche finale est venue ces derniers jours d’un des responsables les plus importants du continent, en la personne d’Heiko Maas, le ministre des Affaires étrangères allemand. Celui-ci avance ainsi sa dernière et lumineuse idée en proposant que soit imposé aux États de l’Union qui refuseraient d’accueillir des « migrants » sur leur sol l’obligation de financer la résolution des conflits en Afrique. Définitivement hors-sol.
Toutes ces décisions et déclarations ineptes paraissent donner raison aux positions « souverainistes ». Un certain nombre de réalités méritent cependant d’être soulignées.
Les décisions (ou indécisions) les plus importantes sont prises par les Conseils des chefs d’État et de gouvernement.
Il convient d’abord de rappeler que les pouvoirs de la Commission européenne lui ont été dévolus par les États, qui choisissent ses membres avec soin. Que le parlement européen, au sein duquel les patriotes se renforcent progressivement, n’a pas de pouvoir décisif. Et qu’enfin, les décisions (ou indécisions) les plus importantes sont prises par les Conseils des chefs d’État et de gouvernement.
Tout dépend donc en réalité des États. Et là où un Macron, sexe faible du couple qu’il forme avec la Chancelière Merkel, n’a fait que se soumettre aux dogmes libéraux mondialistes comme tous ses prédécesseurs, il y a fort à parier que la situation changerait du tout au tout en Europe avec un Rassemblement National au pouvoir en France, une AfD en Allemagne et une Lega en Italie. Quand ce moment sera venu, l’Union européenne n’ouvrira plus ses portes au déferlement de clandestins qu’elle a connu en 2015, élément décisif dans le choix des Brexiters.
La situation changerait du tout au tout en Europe avec un Rassemblement National au pouvoir en France, une AfD en Allemagne et une Lega en Italie.
Et elle se portera au secours des Grecs, dont la frontière est constamment attaquée par des hordes de migrants clandestins manipulés par le turc Erdogan, à qui une Union européenne « revirilisée » tiendra un tout autre discours que celui de la soumission actuelle. Lorsqu’elle renouera avec la fierté et la puissance, elle redeviendra alors séduisante pour ses peuples et cessera d’être un repoussoir.
À n’en pas douter, de nombreux gouvernements, notamment au nord de l’Europe, s’opposeraient à une telle reprise en main du magma mercantile qu’ils ont créés. En prenant appui sur l’hostilité que leur arrivée au pouvoir déclencherait, les patriotes européens pourraient alors légitimement envisager d’autres pistes pour poursuivre la construction européenne après un éventuel Frexit, comme la création d’une Union latine regroupant la France, l’Espagne et l’Italie, comme l’a proposé Marion Maréchal. Une autre solution serait de bâtir une Europe des Nations faite de coopérations ponctuelles et non normées d’États souverains en tous domaines, sur le modèle du projet réussi de fusée Ariane. Avant de brûler l’Union européenne, il est encore temps pour les patriotes européens de s’en emparer pour la remettre au cœur de l’histoire. Les Européens pourront alors cesser d’être la proie des invasions venues du Tiers-Monde, ou la marionnette des puissances américaines et chinoises.
Retrouver l’identité et la puissance pour les mettre au service d’un idéal commun à tous les peuples européens, telle est la voie qui nous reste à suivre, en ces temps où l’horizon s’obscurcit.
Romain Sens
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