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Bagatelles pour une insurrection

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Publié le

7 juillet 2020

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C’était le 31 mai, sur un réseau social connu de tous. Un Donald Trump plus que jamais bouillonnant et impulsif annonçait sa volonté de classer les antifas parmi les organisations terroristes, accusant implicitement cette mouvance de profiter de la mort tragique de George Floyd pour entraîner le pays dans le chaos. Il est vrai que la colère gronde un peu partout en Amérique, notamment à Seattle, où des manifestants ont déclaré zone autonome le quartier de Capitol Hill et chassé les policiers qui s’y logeaient. Mais de là à classer les antifas dans la même catégorie que l’État islamique ou Al Qaida, il y a un pas que je ne franchirai pas. Alors pourquoi blâmer les antifas et non un mouvement de masse comme Black Lives Matter ?
B_de_Diesbach-pour l'incorrect

Eh bien, même un imbécile peut comprendre qu’en période de campagne électorale, il est toujours délicat de se mettre une communauté à dos, d’autant plus dans une nation aussi cosmopolite que les États-Unis. En France, la situation est tout autre même si on a pu constater récemment quelques similitudes troublantes avec ce qui se passe outre-Atlantique. La fièvre antiraciste qui s’est cristallisée autour des manifestations du comité Traoré secoue le corps national.

On dresse l’antifascisme (et son double l’antiracisme) au rang d’idoles d’une génération

Chacun d’entre nous est prié de choisir son camp, entre les partisans rabougris d’une France supposée moisie et le camp du progressisme. On dresse l’antifascisme (et son double l’antiracisme) au rang d’idoles d’une génération au point que le célèbre « No Pasaran » pourrait rejoindre le « Just do it » de Nike dans le peloton de tête des slogans les plus populaires au monde.

À l’avant-garde de ce camp du bien figurent donc les antifas. Ils sont de toutes les luttes sociales (et sociétales) : féminisme, décolonialisme, anti-homophobie, anti-racisme, lutte contre les violences policières, internationalisme et que sais-je encore. Si bien qu’on se demanderait presque pourquoi ils revendiquent encore l’étiquette d’antifascistes tant la lutte contre « l’extrême droite » ne constitue finalement pour eux qu’une revendication parmi tant d’autres.

On se demanderait presque pourquoi ils revendiquent encore l’étiquette d’antifascistes tant la lutte contre « l’extrême droite » ne constitue finalement pour eux qu’une revendication parmi tant d’autres.

« Le problème, c’est l’État », vous dira sûrement ce militant anarchiste libertaire avec lequel vous avez eu le malheur de débattre au comptoir de votre bistrot préféré. Pour l’antifa, l’État oppresseur est la personnalisation de ce fascisme qui n’a de fait plus rien à voir avec ce qu’il a été historiquement.

En établissant un parallèle dangereux entre autorité de l’État et fascisme (ou entre capitalisme et fascisme en occultant au passage la dimension révolutionnaire de ce dernier), les antifas contribuent largement au confusionnisme ambiant. Alors qu’ils devraient être épris de liberté, ils s’en prennent à des librairies, opérant un tri entre un type de savoir qui serait « conforme » et un autre qui, inversement, ne le serait pas. En cela, les antifas sont semblables aux pompiers pyromanes de Fahrenheit 451. Enfin, alors qu’ils honnissent les forces de l’ordre, ils dressent des fiches sur leurs opposants comme le ferait le simple rond-de-cuir d’une préfecture de police.

Lire aussi : Laissez les morts déterrer les morts

De toute évidence, il y a quelque chose d’orwellien au royaume de l’antifascisme. Si je n’avais pas peur d’user des mêmes raccourcis que les antifas, je qualifierais ces derniers de nouveaux fascistes. Mais restons-en à une lecture plus neutre et moins biaisée des faits, je vous prie. Et si les antifas n’étaient finalement que le bras armé de ce politiquement correct qui mine notre société ?

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