Le 8 février, l’avortement s’est brusquement invité dans la loi séparatisme rebaptisée « projet de loi confortant les principes républicains ». À la faveur d’un amendement à l’article 12, les députés ont voté la suppression de tout avantage fiscal aux organismes condamnés pour « délit d’entrave » à l’IVG (Interruption volontaire de grossesse). L’avortement comme principe républicain, le programme ne peut-être plus clair. Car oui, il s’agit bien d’un programme, d’un business même, où s’enchevêtrent, dans une partouze qui suinte la mort, labos, associations et politiques. Rallongement des délais de l’IVG, suppression de la clause de conscience des médecins, suppression des délais de réflexion et même possibilité d’une IMG (Interruption médicale de grossesse) pour « détresse psychosociale », c’est-à-dire la possibilité de tuer un bébé en parfaite santé à quelques heures de sa naissance au nom du désir individuel : ses promoteurs sont prêts à tout pour gagner, même à écraser de leur puissance les plus faibles.
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Mais gagner quoi ? Leur combat s’apparente à une course effrénée. Embusqués derrière le dogme du « droit à disposer librement de son corps », ils tentent chaque jour, quand bien même la tempête sanitaire et la plus grande crise sociale depuis 1945 ébranleraient la France, de faire tomber une à une les précautions d’une loi qui, selon les mots de Simone Veil, devait « rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issues », tout en érigeant des digues contre quiconque oserait lever un doigt, même tremblant. Le sujet est tabou. Tabou parce que selon ses promoteurs la moitié de la population, celle qui n’a pas d’utérus, n’a pas son mot à dire. Tabou parce que c’est l’argument suprême pour détruire politiquement, médiatiquement et socialement une personnalité publique. Tabou, enfin, par la création de délits juridiquement flous condamnant la possibilité de penser à d’autres alternatives.
Car s’il existe bien un délit d’entrave, ce n’est pas à l’IVG, mais à d’autres voies
Car s’il existe bien un délit d’entrave, ce n’est pas à l’IVG, mais à d’autres voies. « Mon corps, mon choix » scandent-ils, or de choix il n’y a pas. Depuis le site officiel du gouvernement jusqu’aux cliniques désinfectées des bactéries et des consciences, le chemin est à sens unique et parfaitement balisé. Peu importe que 73 % des Français pensent que « la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’IVG » et que 84 % soient favorables à « l’intégration de détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères dans le livret officiel d’information », le Planning familial, officine faussement neutre mais furieusement idéologisée, et adoubée par le gouvernement, se félicite du triste record de 232 000 avortements pratiqués en 2019. Qu’importe la jeunesse, qu’importe la précarité, qu’importe le patriarcat, le seul qu’il faudrait combattre : maquillons cette misère de fausse liberté, quoi qu’il en coûte. Même au prix d’un mensonge d’État.
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