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Rapport Mathiot : une opportunité pour la droite

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6 février 2018

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Sans doute envoyé comme un ballon-sonde par Jean-Michel Blanquer, le rapport Mathiot suscite de vives réactions. Et pas seulement en raison de son imprécision, ou de l’égalitarisme cosmétique qu’il affiche, en proposant la mise en place d’un « grand oral » sans renoncer à l’objectif des 80 % d’une classe d’âge au Bac. Du SNES au SNALC, les syndicats de l’Education nationale craignent d’abord ses implications à moyen terme ; à commencer par l’autonomie accrue des établissements, voire l’évolution du statut des enseignants. Une révolution en puissance.

 

« L’État ne doit plus pouvoir utiliser ses enseignants à des fins d’ingénierie sociale »

 

Les académies rencontrant les plus grandes difficultés en matière de résultats scolaires, d’accomplissement psycho-affectif et cognitif des élèves, et d’articulation de la culture familiale à celle du corps professoral, sont logiquement les moins attractives pour les personnels. A Créteil ou Creil par exemple, entre 1 personnel sur 10 et 1 personnel sur 8 quitte chaque année son académie, suivant une procédure de mutation rigide (« inversement », les académies les plus problématiques absorbent chaque année 50 % des nouveaux titulaires, essentiellement contraints). Hors recours incertain aux syndicats, ni le curriculum vitae ni les motivations, ni même la condition psychologique de l’enseignant ne sont habituellement pris en compte pour décider de sa mutation. Qu’est alors le statut de fonctionnaire, tel qu’il est aujourd’hui ? Moins une protection pour l’enseignant qu’un outil de contrainte pour l’État, maintenant la mythique continuité territoriale du service public au prix d’évidentes injustices, a fortiori si ses acteurs-clefs se livrent à une perverse ingénierie sociale.

La logique des enseignements différenciés du rapport Mathiot anticipe la fin d’un tabou : de fait, le métier de professeur n’existe pas, sinon comme idéal. Il n’existe qu’une multiplicité de situations professionnelles, auprès de milieux sociaux distincts, dont les besoins sont aussi divers que les compétences requises de l’enseignant. Un excellent professeur de lycée au fait des travaux universitaires récents pourra se révéler médiocre, sinon au prix d’une auto-contrainte cruelle, auprès de collégiens demandeurs d’une autorité paradoxale ; à la fois particulièrement scolaire ou procédurale, et maternante. Est-il possible d’enseigner de la même manière et absolument la même chose à des enfants différents ? Cette remarque ne vaut bien sûr pas uniquement pour l’immigration, mais pour les milieux sociaux, les femmes et les hommes en devenir, finalement les individualités aux caractéristiques parfois atypiques, à peu près totalement ignorées aujourd’hui. Les exemples seraient nombreux : il n’existe pas plus de formation systématique au sein de l’Education nationale sur la particularité des structures familiales d’Afrique de l’Ouest dans les académies fortement concernées, que sur les élèves à haut potentiel ou, aujourd’hui encore, les élèves dyslexiques. L’enjeu est de taille, et pas seulement pour notre compétitivité internationale.

 

Éducation: vers le pilotage des différences ?

 

Le discours de « restauration » de l’Education se refuse à considérer que la réussite d’un élève ne résulte pas seulement de la pacification du milieu scolaire; de l’érection d’une autorité sur le mode paternel; et de l’enseignement vertical. Comme le montrent à l’envie les études spécialisées, cette méthode est sinon la meilleure, du moins actuellement la plus favorable aux élèves des milieux les plus efficacement structurés. Dans les conditions actuelles, elle est aussi inopérante sur des enfants confrontés à la complexité de la société de l’alphabétisation massive, du numérique et du dépassement de la domination occidentale, dont les problèmes sont généralement psychologiques et affectifs, avant d’être scolaires ? et les attentes sont aujourd’hui décuplées. Le modèle autoritaire des années 50 s’est d’ailleurs révélé bien fragile à l’épreuve du temps. Il peut difficilement nous inspirer. Parmi les pays qui affichent d’excellents résultats internationaux figurent d’ailleurs les Pays-Bas ou la Finlande, où il est fréquent de s’inspirer des principes de Maria Montessori, de favoriser la continuité entre la maison et l’école, de valoriser le jeu et les activités manuelles et artistiques ; mais aussi de détecter précocement les singularités des élèves.

 

Lire aussi : Rapport Mathiot, une réforme du bac mal engagée

 

Différenciation, complexification : tels pourraient être les maîtres-mots de réformes de « droite » actant la mutation du corps social; son hétérogénéisation, les nouvelles compétences des enseignants et défis internationaux contemporains. S’il est impossible de maintenir un modèle fortement centralisateur, et homogénéisateur, il est nécessaire d’encadrer et de piloter l’évolution de notre système éducatif; sauf à épuiser les ressources fiscales de l’État, et les enseignants, en quête d’une restauration chimérique. Mais dans quelle direction, et à quelle fin ? Compte tenu des tendances sociales et des tendances démographiques lourdes, irréductibles, il serait dangereux de ne pas se doter des outils fins qui permettront de les orienter à l’avenir. De répondre localement à des problèmes locaux, sans rompre le lien avec l’autorité du ministère.

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