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Le feuilleton séparatiste catalan a beau faire la une des médias européens depuis octobre 2017, l’arrestation de l’ancien président de la Généralité, Carles Puigdemont, le dimanche 25 mars dernier a constitué une surprise.
Intercepté par la police allemande dans le Schleswig-Holstein, la tête de liste d’Ensemble pour la Catalogne aux élections régionales du 21 décembre dernier pensait pouvoir continuer son tour d’Europe en toute impunité, alors qu’il avait refusé de se rendre à une convocation judiciaire en Espagne et ne cessait d’expliquer devant divers auditoires que notre voisin pyrénéen était une sorte de Mordor dirigé par des êtres tout-puissants, maléfiques et tyranniques.
Les responsables séparatistes recherchés par la justice espagnole ont fait preuve d’une certaine inventivité mais pas d’un grand courage ni d’une grande sagesse.
Cette arrestation dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen émis par Pablo Llarena, juge à la Cour suprême espagnole, a un côté très rocambolesque. Entre la Belgique, la Suisse, l’Écosse, la Finlande ou encore le Danemark, les responsables séparatistes recherchés par la justice espagnole ont par ailleurs fait preuve d’une certaine inventivité mais pas d’un grand courage ni d’une grande sagesse. Puigdemont a par exemple préféré prendre la voiture pour rallier Waterloo depuis Helsinki afin d’éviter les contrôles à l’aéroport… mais a oublié que l’espace Schengen permet de vérifier l’identité de n’importe qui, n’importe où.
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Cette arrestation est une grande victoire pour les services secrets espagnols (le Centro nacional de Inteligencia). Puigdemont a en effet été suivi depuis Helsinki par des agents qui ont attendu qu’il arrive en Allemagne. Ce pays reconnaît en effet lui aussi le délit de rébellion, ce qui est une condition nécessaire pour l’extradition d’une personne recherchée. Par ailleurs, la coopération judiciaire hispano-germanique est intense et l’ancien président catalan devrait normalement être renvoyé outre-Pyrénées.
Pendant ce temps-là, à Barcelone…
Le président du Parlement régional catalan, Roger Torrent, et les partis séparatistes cherchent désormais à relancer l’investiture de Carles Puigdemont, notamment en reformant à la va-vite le règlement de l’institution et en piétinant une fois de plus les droits de l’opposition. Cette tentative désespérée traduit le blocage politique que connaît la communauté autonome depuis des années. Alors qu’ils ont tout à prouver, les indépendantistes s’empêtrent dans des divisions parfois insurmontables. Le refus de la Candidature d’Unité populaire (« extrême gauche » indépendantiste) d’investir le candidat conservateur Jordi Turull à la tête de la région en mars en est un signe évident.
Alors qu’ils ont tout à prouver, les indépendantistes s’empêtrent dans des divisions parfois insurmontables.
En réalité, depuis des années, en raison de la course à l’indépendantisme, la politique catalane est paralysée : peu de lois sont votées au Parlement, les urgences sociales sont délaissées par les sécessionnistes, les députés régionaux ne peuvent se réunir en séance plénière que lorsque les indépendantistes le désirent et, en fin d’année dernière, l’hémicycle est resté fermé la plupart du temps à la demande du gouvernement de Carles Puigdemont, qui convoquait les parlementaires à l’image d’un monarque d’ancien régime.
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L’avenir institutionnel de la Catalogne semble donc complexe, même avec de nouvelles élections régionales (qui seront automatiquement convoquées le 22 mai à minuit en l’absence de gouvernement). Son avenir économique, lui, est encore en suspens. La mise sous tutelle de Barcelone par le gouvernement central dans le cadre de l’application de l’article 155 de la Constitution espagnole a permis un certain redressement. Par ailleurs, l’exode des entreprises vers d’autres communautés autonomes se poursuit et les récentes manifestations séparatistes organisées contre l’arrestation de Puigdemont en Allemagne (les participants ont coupé des rues, routes et autoroutes) n’inciteront pas les investisseurs à revenir en masse. De quoi en rajouter, donc, à la crispation généralisée.
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