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Stades de foot : le miroir de notre société

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Publié le

12 septembre 2019

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Jamais le football n’avait autant été perçu en phénomène sociologique majeur. Des polémiques sur le racisme en passant par la question des stades, le versant extra-sportif du jeu roi est critiqué sous tous les angles possibles et imaginables. Alors, la balle au pied serait-elle le dernier refuge d’une bourrinitude virile et décomplexée ?

 

 

Pour ceux qui pensaient que les supporters étaient tous des imbéciles, et, disons-le, des « beaufs », la réponse des kops de toute la France à Marlène Schiappa aura apporté un cinglant démenti. Souvent fines, les saillies des amateurs de football auront montré que les tribunes ne sont pas homophobes, mais simplement politiquement incorrectes et impertinentes. Politisés, les groupes de supporters le sont parfois, en France comme à l’étranger. Certains clubs sont plus à droite et d’autres plus à gauche.

« Roxana : tu parleras d’homophobie au Qatar en 2022 ? »

Il arrive même parfois que les amateurs d’un club se répartissent en deux virages aux colorations politiques marquées et opposées, ainsi que ce fut longtemps le cas au Paris Saint-Germain. Reste que tous les supporters partagent une même passion, excédant le simple football : la camaraderie, les déplacements du week-end, l’adrénaline et la sensation (peut-être trompeuse) de former collectivement le douzième homme. Le stade est un endroit de sociabilité où se nouent des amitiés fraternelles durables, à une époque où les rites et les activités collectives sont de moins en moins nombreuses.

 

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« Roxana : tu parleras d’homophobie au Qatar en 2022 ? », ont notamment affiché les supporters lyonnais au Parc OL. Une dénonciation habile de l’hypocrisie hystérique de la correction politique à l’occidentale, dont le travers majeur est de sembler être à double standard. Car, les tribunes sont peut-être le dernier endroit où le football a su préserver son caractère populaire, tant les clubs sont aujourd’hui les propriétés d’actionnaires-investisseurs obnubilés par les profits et rarement passionnés par le football.

Dans certaines villes, le stade de football est peut-être le dernier endroit où à peu près toutes les catégories sociales et ethniques se côtoient encore et communient dans une même ferveur consacrée à cette triviale passion qu’est le ballon rond.

Franck Mc Court n’est pas Loulou Nicollin, le parrain des poubelles. Quand certains rachètent les clubs pour des raisons géopolitiques (Paris), comme naguère on prenait un artiste en résidence pour asseoir sa grandeur de monarque éclairé de la Renaissance, d’autres pratiquent le trading haute-fréquence de joueurs (Lille, Monaco) ou l’investissement immobilier (Marseille). Mais qui permet à ces clubs d’exister, de prospérer ? Les joueurs, assurément. Mais aussi ceux qui regardent les matchs, payent les abonnements télévisés et les produits dérivés : nous, vous.

 

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Nous, vous, soit la France dans sa pleine et entière diversité. Dans certaines villes, le stade de football est peut-être le dernier endroit où à peu près toutes les catégories sociales et ethniques se côtoient encore et communient dans une même ferveur consacrée à cette triviale passion qu’est le ballon rond. Réducteur ? Vulgaire ? Superficiel ? Probablement.

On dit d’eux qu’ils sont homophobes, racistes et misogynes, sans envisager l’arrière-plan culturel du football, cet esprit taquin et irrévérencieux qui s’exprime parfois sur les banderoles et dans les chants.

Récupéré par le politique ? Tout le temps. Et qu’attend la classe politique ? Des spectateurs et des consommateurs passifs, surtout pas des Ultras et des supporters passionnés, eux qui sont les cibles de toutes les réductions de libertés publiques depuis des décennies, les cobayes préférés de tous les gouvernements de passage. Pour une bonne raison : ils sont impopulaires et leur lobby n’est pas très puissant. On dit d’eux qu’ils sont homophobes, racistes et misogynes, sans envisager l’arrière-plan culturel du football, cet esprit taquin et irrévérencieux qui s’exprime parfois sur les banderoles et dans les chants.

 

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Et ce n’est pas tout, puisque le football permet aussi d’aborder l’épineuse question du racisme, laquelle ne saurait s’envisager autrement que par sa nature « systémique » pour une partie du monde médiatique. À mi-chemin entre un Malcolm X revu et corrigé par Spike Lee et Rokhaya Diallo, Lilian Thuram s’est par exemple exprimé sur le racisme dans le football … en faisant lui-même la démonstration de son racisme.

Quid, comme l’ont raconté Pierre Menés ou le joueur Nicolas Bénézet (Toronto Fc), des jeunes Français d’origine européenne exclus des clubs parce que leur puberté est plus tardive ou parce qu’ils ont peur d’être rackettés et ultra-minoritaires dans les formations de la grande banlieue parisienne ?

Quant à Vikash Dhorasoo, il a fustigé la surreprésentation des « mâles blancs de plus de 50 ans » dans les institutions publiques. Quid, comme l’ont raconté Pierre Menés ou le joueur Nicolas Bénézet (Toronto Fc), des jeunes Français d’origine européenne exclus des clubs parce que leur puberté est plus tardive ou parce qu’ils ont peur d’être rackettés et ultra-minoritaires dans les formations de la grande banlieue parisienne ? Quid de ces jeunes expatriés en Espagne pour percer, qui font la joie de l’Equipe de France aujourd’hui, à l’image d’Antoine Griezmann ou d’Aymeric Laporte ? Miroir de tous les maux de notre société, le football est aussi un exutoire. On ne peut plus interrompre des matchs au premier « enculé » lancé d’un gradin, c’est aussi grotesque qu’inutile. Laissez-vivre les supporters qui font vivre un sport et une culture menacée de disparition. Les stades ne sont pas des parcs d’attraction de la firme aux grandes oreilles !

 

Gabriel Robin

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