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Un pour tous et chacun pour soi

Un film sur l’horreur économique peut-il prétendre au qualificatif impossible de spielbergo-hanekien ? On s’interroge devant ce troisième volet de la trilogie du travail made in Brizéland, ce pays de plan-séquences et de caméras de surveillance où les stars jeunes sexagénaires subissent le poids du libéralisme, les mâchoires serrées, avant de retrouver leur dressing débordant de chaussures sur mesure (la scène avec Vincent Lindon la plus cruelle/touchante du Pater d’Alain Cavalier). Les quelques accomplissements discernables dans Un Autre monde outrepassent un temps le caractère programmatique qui engluait La Loi du marché et En guerre, centré l’un sur un chômeur déclassé, l’autre sur un syndicaliste à bout.

La fiction de gauche dans ta face reste bien là, mais biseautée, coupée en deux, versant « ma famille va craquer » avec Lindon-Cruise en ciment tardif d’une maisonnée mise à mal par les aliens invisibles de La Guerre des Performances, versant « jamais sans mes employés » quand le directeur de site industriel manipulé-manipulant joue à qui perd gagne et cumule pertes collectives puis gains individuels. Tout, au fond, est attendu, et la partie familiale déporte un peu vite les responsabilités du père et mari, les traduisant par la névrose de la femme et surtout la folie du fils, Benny qui n’aurait jamais trouvé sa vidéo et se rêverait en futur Zuckerberg.

Malgré la qualités des acteurs, le système Brizé de blocs-séquences condamne les mal-engagées à tourner à la purge (ainsi le jeu des voitures mimées qui ressemble à une improvisation ratée). L’aspect dégraisseur en cols blancs, tout aussi attendu, est plus réussi grâce notamment à une progression mieux amenée et à Marie Drucker, surprenante. Les discussions pied à pied entre toutes les parties rendent compte des leviers et stratégies de chacun pour sauver ou non la masse salariale, jusqu’à la fin de la récré sifflée par le Big Boss américain qui coupe net tout contrechamp. Pour user d’un point Godwin à peine douteux, Lindon qui était une sorte d’Eichmann libéral - quoique apprécié de tous - se découvre soudain Schindler et tente d’imposer sa liste, ou du moins un pis-aller, avec un résultat peu concluant. [...]

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Le chaos orchestré de van der Vlugt
La peinture de Joachim van der Vlugt ne raconte rien, elle vous noie lentement. L’objectif sera donc de s’y perdre. Nous y pénétrons comme en passant d’un voile à un autre, d’une transparence à une autre, à l’infini. Le regard ne cesse de découvrir davantage et le tableau ne cesse ainsi de se renouveler. C’est que le peintre a multiplié les couches. Pendant des mois, il travaille sur ses grands tableaux, l’œuvre finale paraissant presque moins importante que le processus de création dont elle témoigne. [...]
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César 2022 : tour de vis et tisane

« L’humeur de cette Cérémonie oscillera entre la mi-temps du Super Bowl et une soirée karaoké avec Michel Houellebecq. Entre Titane et tisane » annonce Antoine de Caunes rappelé comme maître de cérémonie après le carnage de Marina Fois en 2021. L’ex de Nulle part ailleurs est un habitué, c’est sa dixième cérémonie, on repart sur des valeurs sures. Pour le Super Bowl on attendra, l’heure est plutôt à la tisane, idéale après un an de gueule de bois. « Ce soir, on ne va pas changer le monde. On va rire, on va être ému parce que l’essence de notre métier, c’est de continuer quoi qu’il arrive. Même si le monde semble s’effondrer autour de nous, ce soir nous pensons aux Ukrainiens et soyons à la hauteur de la chance qu’ils n’ont pas, s’il vous plaît. », les Ukrainiens sont soulagés.

Danielle Thompson ouvre la 47ème cérémonie en félicitant ses confrères : « Je vais vous dire franchement chapeau !

Qui, mais qui ? Beach House
Beach House, c’est une femme (Victoria Legrand) et un homme (Alex Scally) qui forment l’un des duos les plus excitants de la pop-music de ces vingt dernières années, pour la bonne raison que leur style est reconnaissable entre mille. En quelques notes de guitares cristallines, nous savons où nous sommes. Formé en 2004 à Baltimore, le duo sort son premier opus deux ans plus tard. S’il ne déclenche pas un séisme, il fait néanmoins beaucoup parler dans le milieu de l’underground américain. Comme les livres de Modiano, les albums de Beach House se prolongent les uns les autres et refusent la rupture. Ainsi se promène-t-on dans leur discographie comme dans un paysage familier, paysage dont la majesté croît continuellement. Après Devotion en 2008, arrive le superbe Teen Dream, dont le titre pourrait à lui seul définir l’art poétique du groupe. Quatre ans après avoir enregistré un disque artisanal avec mille dollars, ils poussent leur production vers des sommets et c’est un triomphe critique. L’album est encensé partout. On y retrouve cette chaleur organique se diffusant au sein d’une atmosphère froide : les guitares glacées d’Alex Scally avec la voix de velours de Victoria Legrand donnant l’impression de larmes gelées face au feu. [...]
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Nom : le tout-à-l’ego de Constance Debré

Ah ! Elle adore ça, notre gauche parisienne, mesquine et ricanante, les artistes qui renient leurs parents, qui renient leur lignée, qui renient leur genre – que sais-je encore – et qui en tirent assez de moelle fétide pour alimenter leurs mauvais feuilletons psychanalytiques. Pas encore remise de la french theory, faut croire, notre gauche française applaudit de tous ses moignons dès qu’un écrivassier surgit du néant pour condamner d’un doigt gourd l’immanence immonde de la filiation, de la famille nucléaire et de la charlotte aux boudoirs. Nos critiques gavés se paluchent de concert dès qu’un auto-fictionneux un peu vicelard se décide enfin à endosser pour eux le suprême tabou, tout frétillants à l’idée de vivre par procuration ce fantasme que leurs petits cerveaux étriqués placent au-dessus de tout : s’abandonner à l’individualisme pur des sexualités dégenrées, envoyer chier parents et enfants sous couvert de posture artistique, de morale anti-morale, de dandysme queer.

Lire aussi : Édouard Louis : la grande arnaque des vieux boomers

C’est pourquoi il est bien difficile de trouver des voix discordantes dans la tempête de louanges qui vient d’accueillir le dernier méfait de Constance Debré, Nom (titre évidemment grotesque). Les vieilles murènes du Masque et la Plume en mouillent leur protège-slip, elles se rêvent peut-être en greluches stérilisées, coupées à la garçonne, tatouées comme des cahiers de brouillon. « On dirait du Angot qui aurait écouté les Ramones », jubile un de ces plumitifs du dimanche soir. Ça tombe bien, n’importe quel amateur de punk sait pertinemment que les Ramones sont une arnaque. Quant à Angot… effectivement, il y a du Angot, chez Debré. Le même psittacisme qui vous donne l’impression de lire une rédaction de mongolien, la même absence totale de style (mais c’est une « voix blanche » ! hurlent les pécaris de la critique), la même distance qui se voudrait abrasive mais qui trahit surtout un manque cruel d’empathie – voir une tendance sociopathe tout à fait embarrassante. [...]

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Ils sont vivants : à nous les p’tits migrants !
Une belle histoire d’amour entre un migrant et une raciste : vous en rêviez. Le genre d’argument niais qui vous donne envie de vous rendre à la projection presse armé d’un bazooka. Mais comme nous ne sommes pas de gauche, nous refusons de juger un film sur son propos idéologique. Du moins on essaye. Et ce n’est pas facile. Ça démarre fort : Marina Foïs enterre son mari, elle semble peu touchée, et on la comprend, c’était un flic raciste, alcoolique (le bougre est mort d’une cirrhose) qui la battait régulièrement. C’est beau comme une banderole du PSG : raciste, violent, alcoolique, bienvenue chez les Chtis. Les collègues s’enflamment : « Ils sont pires que nos arabes, ce sont des vrais sauvages ! » déclame l’un d’eux en parlant des migrants. Restons neutres : ça peut arriver, et après tout, c’est tiré d’une histoire vraie. Marina Foïs est habitée, c’est le rôle de sa vie, elle ne parle plus, elle hurle, et sans maquillage. [...]
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Selon la police : la condition policière
Encore un film sur la police et son quotidien pas toujours rose. Dans celui-ci, le flic qui s’occupe de l’accueil, ou plutôt du « bureau des pleurs » comme il l’appelle, donne assez vite une définition imagée du métier: « appuyer sur le couvercle de la cocotte et éviter que la merde ne déborde ». [...]
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