

Émancipé de tout enracinement dans une loi naturelle, une tradition nationale ou un droit divin, l’homme moderne a le sentiment d’être libre et de n’obéir qu’à ses désirs. L’auto-référencement de sa pensée lui en serait une preuve irréfragable. Pourtant, il n’en est rien, comme l’expliquait Alain Finkielkraut dans son discours de réception à l’Académie française le 28 janvier 2016 : « Les démocrates, les modernes que nous sommes, prétendent n’obéir qu’au commandement de leur propre raison, mais ils se soumettent en réalité aux décrets de l’opinion commune. Le bon sens apparaissant comme la chose du monde la mieux partagée, on se défie des supériorités individuelles […] mais du “On” lui-même, chacun est la victime consentante. Comme l’a montré Tocqueville, nous sommes, en tant que citoyens libres et égaux, les sujets dociles du pouvoir social ». [...]

27 juin 2023
La philosophe américaine Susan Neiman ajoute son grain de sel dans le débat qui fait rage sur la nature du « wokisme » en tentant de tracer une frontière étanche entre la véritable gauche et ce virus qui l’aurait pervertie. Ce sont trois principes cardinaux de la gauche qui auraient été trahis : l’universalisme, une vision positive de la justice et la croyance au progrès, ne laissant derrière eux qu’un tribalisme nihiliste sans horizon de concorde ou de justice sociale, une lutte d’intérêts opposés qui congédie la réflexion sur le bien. Dénonçant l’influence intellectuelle de Foucault (et de Carl Schmitt !) chez ces militants qui prônent ouvertement une guerre entre « opprimés » et « oppresseurs » sans espoir de réconciliation, Neiman appelle la gauche à revenir à ses fondamentaux et à la recherche d’une utopie pour tous. [...]
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23 juin 2023
Alain Badiou, telle la comète de Halley, revient cycliquement pour éclairer fugacement les cieux enténébrés de la philosophie politique française.L’attente ne fut pas très longue, puisque l’aimable ichtyosaure du maoïsme, sentant probablement son heure venir, nous gratifie presque tous les ans d’un nouvel opus. Cette fois-ci, le philosophe préféré des auditeurs de France Inter ose s’aventurer dans l’autobiographie philosophique. Casse-gueule ? Pas vraiment. Surtout à l’âge où plus personne ne vous contredit. Et surtout lorsqu’il s’agit de témoigner, avec la pétulance du « vieux sage revenu de tout », d’un parcours quasi-sans faute effectué pendant les Trente Glorieuses, depuis Toulouse-sous-les-bombes jusqu’à la création de la « grandiose section socialiste de l’École Normale Supérieure ». [...]
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22 juin 2023
L’excellent Martin Aurell, flamboyant médiéviste ayant écrit quelques ouvrages fondamentaux sur la littérature arthurienne, se fend, avec ce brûlot érudit, d’une défense et illustration du Moyen Âge aussi stimulante que lumineuse. Exaspéré, comme tous ceux qui connaissent ce millénaire, par la mauvaise réputation que lui ont taillée les prétendues Lumières et que relaient sans cesse des médias paresseux et incultes, Aurell revient point par point sur les préjugés les plus communs qui sont véhiculés sur son compte : misogyne, xénophobe, inculte, barbare, sombre ou sanguinaire, et fait de chacune de ces répliques le prétexte d’une mise au point et en perspective implacables. [...]
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20 juin 2023
Peu connu en France, Peter Geach est un philosophe britannique analytique majeur du XXe siècle, mort en 2013 à 97 ans. Avec sa femme Elizabeth Anscombe et d’autres, il eut l’originalité d’allier la philosophie analytique à la pensée de saint Thomas d’Aquin, de manière à former le « thomisme analytique ». Il œuvre ainsi au renouvelle- ment à l’aide de la logique du traitement des questions métaphysiques, mais aussi morales. Tel est du moins l’objet de l’ouvrage Les Vertus, paru en 1977, récemment traduit en français et introduit par Roger Pouivet, professeur à l’université de Lorraine et éminent représentant français du « thomisme analytique ». Alors que l’éthique des vertus refleurit en Grande-Bretagne dans les années 1970, à la faveur d’une relecture de l’éthique aristotélicienne, Peter Geach discute des vertus non seulement d’un point de vue philosophique, mais encore sous un angle théologique. Il pratique ce qu’on peut nommer une « théologie philosophique », c’est-à-dire un examen des mystères de foi par les outils et concepts logiques rationnels. [...]
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15 juin 2023
On connaît bien désormais le wokisme et ses ravages sur la société, analysés par de très nombreux essais plus ou moins bons ces dernières années. Ce qu’on ignorait davantage (signalant tout de même Le Capitalisme woke d’Anne de Guigné), c’est à quel point la sphère économique est gagnée par ce mouvement en France – car on nous parle souvent des États-Unis, et nous fantasmons une résistance française – et selon quelles modalités. C’est désormais chose connue grâce à L’entreprise face aux revendications identitaires (PUF), un ouvrage novateur écrit par Brice Couturier, journaliste et essayiste français, et Erell Thevenon, docteur en droit et déléguée générale de l’Institut pour l’innovation économique et sociale (2IES). Grâce à de nombreux témoignages édifiants, cette enquête de fond est une véritable plongée dans les « entreprises qui relaient le mouvement identitaire victimaire, par leur stratégie commerciale, de communication ou leurs politiques internes ». [...]
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15 juin 2023
La modernité économique a élevé deux monstres entre lesquels il nous faudrait choisir : sois libéral ou socialiste, pour l’individu ou pour l’État, avec le bourgeois d’affaires ou le prolétaire. Prophète raté, Marx a pour l’heure gagné le combat des catégories. Il a pourtant toujours existé une autre voie (la seule), la doctrine sociale de l’Église, sur laquelle deux essais jettent un regard neuf, depuis les premières théories patristiques (Les Pères de l’Église et l’économie de Jean-Marie Salamito) à sa mise en acte au siècle dernier pour pallier les affres de l’industrialisme par Dorothy Day, journaliste américaine cofondatrice du Catholic Worker Movement (dont de merveilleux écrits sont réunis par Baudouin de Guillebon dans Ils ont besoin d’être dérangés). [...]
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14 juin 2023
« Tourne-toi / Non / Contre moi / Non, pas comme ça / Et danse / La décadanse ». L’intellectuel tire le titre de son nouvel essai de la chanson de Serge Gainsbourg, La Décandanse. En 1971, notre ami Gainsbarre prenait effectivement déjà la mesure de cette grande rupture anthropologique que traversait son époque. Cette rupture n’est autre que la grande libération sexuelle opérée par les jouisseurs de mai 68. Une libération qui se veut être une nouvelle promesse de bonheur. Rien que ça. Finalement, cette génération est celle qui élève le jouisseur en héros, qui établit la société de consommation et de divertissement, le règne des marchandises et du sexe. Méfiant et dénonciateur, l’écrivain s’écrie « Libération… piège à con ! » en publiant Décadanse. [...]
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