
IDÉES

Conservatisme National, voilà le titre du colloque qui s’est tenu à l’Emmanuel Center, à quelques pas de l’Abbaye de Westminster. Conservatisme et national : deux mots sulfureux qu’en France il sera bientôt risqué de scander dans la rue sous peine d’être dissous par le ministre de l'Intérieur… Quoi de plus engageant que d’aller écouter les nouveaux émancipateurs, subversifs gardiens de la tradition qui nous sortiront du marais progressiste. Plongée au sein des abolitionnistes du wokisme.
Au micro, soixante essayistes, universitaires, politiciens et têtes pensantes des think-tanks anglo-saxons ont exploré deux questions : qu’est-ce que le conservatisme ? que doivent faire les conservateurs pour gagner la partie ? Le ton oscillait entre conseil de guerre et séminaire de philosophie. Chacun d’énoncer les principes du conservatisme, droit de propriété, État de droit, liberté d’expression, démocratie parlementaire, et les quatre F : faith (foi), family (famille), flag (drapeau), freedom (liberté). [...]

7 juin 2023
Professeur à l’Université de Kent, Matthew Goodwin est l’un des rares universitaires du monde anglo-saxon à étudier sérieusement le phénomène populiste. Dans Values, Voice and Virtue, il situe les origines de la révolte qui a engendré le Brexit dans la montée d’une nouvelle élite diplômée, substantiellement plus progressiste et libérale que le peuple, à gauche comme à droite du spectre politique. Sous Tony Blair et David Cameron, les élites britanniques se sont coupées des valeurs majoritaires, ont privé les classes ouvrières d’une voix dans l’arène politique et ont imposé une vision étroite de la vertu sous la forme du politiquement correct. [...]
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5 juin 2023
Docteur en théologie et en histoire des sciences, ex-frère dominicain chargé des questions éthiques au Centre national d’études spatiales, Jacques Arnould est l’un des grands spécialistes contemporains des relations entre religion et science. Et c’est pour apporter une nouvelle contribution à ce débat ayant agité l’édition française ces derniers mois qu’il signe Dieu n’a pas besoin de preuves, ouvrage dans lequel il s’élève avec finesse et intelligence contre l’instrumentalisation de la science à des fins militantes, qu’elles soient religieuses (créationnisme, concordisme ou Dieu bouche-trou) ou athées (réductionnisme scientiste), pour démontrer ou infirmer l’existence de Dieu. Certes, la tentation est grande tant la modernité semble avoir dressé face à face ces deux ordres, et croyants comme athées rêveraient d’asseoir leur jugement, en faveur de la réconciliation ou de la dissipation, sur quelques solides certitudes. Hélas, les choses ne sont pas si simples répond Arnould, pour qui parler de preuve en la matière relève ou du mésusage des conclusions scientifiques, ou d’une méconnaissance de sa méthode, ou de l’ignorance de la dimension philosophique et théologique de la question. Ainsi nous invite-t-il à distinguer les deux ordres de vérité afin de rendre à l’un et à l’autre, comme on le fait avec César et Dieu, ce qui leur revient respectivement. [...
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2 juin 2023
Voilà un ouvrage qui fera date, dans lequel Philippe Chenaux retrace l’histoire de l’antijudaïsme catholique de la Révolution française au concile Vatican II, en s’appuyant sur l’ouverture des archives du pontificat de Pie XII. Le professeur d’histoire à l’université pontificale du Latran prend soin de distinguer, à rebours de l’historiographie actuelle, l’antijudaïsme – qui désigne l’opposition au judaïsme pour des motifs religieux – de l’antisémitisme fondé sur des considérations économiques, sociales voire raciales. Si l’Église s’est toujours opposée au second, elle a pu entretenir le premier par ses déclarations, sans le faire entrer dans le domaine magistériel. [...]
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1 juin 2023
Chantal Mouffe pose au premier abord un constat plutôt juste : nous sommes dans l’ère de la « post-démocratie », et maintenus dans l’illusion qu’il n’existerait pas d’alternative à la mondialisation néo-libérale. Une fois ces choses (très simples) dites, elle trace d’emblée les lignes d’un projet politique qui voudrait précisément refonder cette démocratie usurpée... en reconstituant un peuple « à partir d’une chaine d’équivalences issue de luttes démocratiques variées autour des questions touchant à l’exploitation, à la domination et à la discrimination ». On la sent venir d’ici, cette désormais incontournable intersectionnalité des luttes : « L’objectif est de parvenir à l’articulation d’une volonté collective transversale, d’un peuple capable d’arriver au pouvoir et de créer une nouvelle formation hégémonique qui saura impulser un processus de radicalisation de la démocratie. » Au bout de dix pages, ça ronronne déjà douloureusement. La démocratie radicalisée qu’appelle Chantal Mouffe de ses vœux, c’est donc une « révolution verte » qui n’aurait d’écologique que le nom, puisqu’elle s’installe dès lors comme une simple réévaluation du logiciel socialiste, forcément éreinté, et auquel Mouffe voudrait donner une nouvelle vie, fût-elle aussi artificielle que les méthodes de maintien de ce techno-capital qu’elle dénonce mollement. [...]
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30 mai 2023
Jean Borella fait partie d’une faction dissidente de l’universitarisme catholique qui défend un christianisme mystique et tente d’établir un trait d’union entre l’Église et certains usages de la Tradition. Dans cet essai testamentaire, ce spécialiste de la philosophie antique et médiévale rappelle quelques points essentiels à une compréhension « éclairée » du catholicisme, étudiant notamment le concept d’universalisme à l’aune d’une lecture approfondie des Évangiles, et rappelant au passage brillamment l’irréfutabilité de l’Incarnation : « Le message irréductible du Christ, c’est le Christ lui-même, c’est-à-dire le fait même, historiquement unique, de l’incarnation du Verbe en Jésus ». [...]
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25 mai 2023
Doyen de Lyon III, François Guéry défend la thèse originale d’une loi du plus faible, contre un darwinisme dévoyé qui verrait dans la force un moyen empirique de subsister. C’est l’observation de la vie intra-utérine qui lui sert d’exemple « irréfutable ». Universel, ce séjour du fœtus dans le ventre maternel est l’illustration même de ce que la nature, par équité, « réserve à chacun et selon son degré de force, une protection proportionnée ». Devant l’usage populiste de la violence, il récuse la loi chimérique du plus fort, appuyée par les philosophes du XXe et démentie par le système de reproduction des mammifères. [...]
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23 mai 2023
Chaque époque a son vertige : ainsi le XVIe siècle fut celui du déchirement religieux, le XIXe celui de la question sociale, le XXe celui du totalitarisme. À n’en pas douter, c’est la crise écologique qui sera le grand défi du nôtre, non qu’il n’en existe d’autres – après tout, le « progrès » est-il autre chose que l’empilement des crises, qu’elles soient spirituelles, démographiques, anthropologiques ou technologiques ? –, simplement que cette question conditionne par nature la possibilité de toutes les autres. [...]
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