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L’appel d’Urbain II : et l’Occident prit la croix

Nous sommes le 27 novembre 1095, à la clôture du Concile de Clermont, convoqué pour réformer certains abus ecclésiastiques. Le pape Urbain II prononce un discours qui enjoint la chrétienté occidentale à se porter au secours de sa sœur orientale, mise en danger par l’émergence des Turcs seldjoukides dans la seconde moitié du siècle. Après leur victoire à Manzikert contre les Byzantins en 1071, ils se sont installés durablement en Anatolie et ont conquis Jérusalem. Celle-ci était auparavant aux mains des Arabes, qui entretenaient des relations plutôt paisibles avec les chrétiens. Mais les Turcs massacrent allègrement les chrétiens d’Orient et interdisent l’accès de la ville sainte aux pèlerins. Et ils menacent chaque jour davantage l’empire byzantin, verrou traditionnel de l’Occident face à l’islam. L’heure est donc grave. La réception du discours du pape dépasse toutes ses attentes. Pendant sa prise de parole même, un moine connu sous le nom de Pierre l’Ermite lance un « Deus vult » repris par toute la foule, cri de ralliement qui aura la postérité qu’on sait.

Lire aussi : Valmy, bataille qui fait pschitt

Des milliers de pauvres quittent leur terre, la vendent parfois, pour prendre le chemin de Jérusalem.Ils sont menés par une poignée de chevaliers désargentés comme Gautier Sans-Avoir et de prêcheurs comme Pierre l’Ermite, dont il a déjà été question. Cette croisade populaire aura malheureusement une fin tragique. Sans discipline ni stratégie claire, les vingt mille hommes arrivés en Orient sont réduits à trois mille après une rencontre sanglante avec l’armée du sultan à Civitot en 1096. Les survivants rentrent à Constantinople où ils attendent la croisade des barons. Car la noblesse guerrière a elle aussi répondu présent à l’appel papal. Ses contingents seront à Constantinople au printemps 1097. [...]

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Le col roulé de Bruno Le Maire 
Les conseils vestimentaires du gouvernement sont une nouveauté. Ainsi du col roulé de Bruno Le Maire et de la doudoune d’Élisabeth Borne. Laissons à cette dernière son accessoire de boomeuse et voyons plutôt pourquoi le choix de Bruno Le Maire n’est pas anodin. Certes, le ministre de l’Économie a publié un long post LinkedIn, dans lequel il regrette que ses suggestions pour l’hiver aient fait la joie des Français. Il ne fallait pourtant pas s’étonner : dans une démocratie (« en démocratie », disent-ils), ce sont la formule et le cliché qui bouffent le débat de fond. Et puis, quand on pousse la démagogie, la facilité, jusqu’à sous-entendre que, dans les couloirs de Bercy aussi, « on baisse, on éteint, on décale », et qu’on mettra des mitaines pour réclamer des thunes aux contribuables s’il le faut, on mérite la caricature. Le vêtement est politique, bien sûr. Voyez Zelensky habillé en moniteur d’accrobranche : ce qu’on trouve ridicule en Russie est stylé en Ukraine. Vérité en deçà du Dniepr, erreur au-delà. Le style, c’est l’homme, disait Buffon ou Mussolini, je ne sais plus. [...]
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Partout, les saints : saint Céran

À l’heure où vous lirez ces lignes, vous serez certainement en train de vous reposer d’avoir trop fêté la Saint Céran, le 26 septembre. Vous aurez relu pour la énième fois sa Vie des martyrs saints Speusipe, Eleusippe, Meleusipe, l’un des premiers best sellers de l’histoire, qu’il avait rédigé en hommage à ces triplés martyrs de Cappadoce, et au moment où vous vous endormirez bourgeoisement dans votre bergère Louis XVI, votre fils débarquera tout benoîtement pour vous dire : « Mais Papa/Maman/Parent 1/Parent 2, qu’a fait exactement saint Céran, pour que nous le célébrions autant ? »

Lire aussi : Partout, les saints : sainte Germaine de Pibrac

Allons-y. Saint Céran fut évêque de Paris sous Clotaire II, entre la fin du VIe siècle et le début du VIIe. Durant son mandat, il travailla à réduire l’influence du roi dans les choix des nouveaux évêques et des dignitaires laïcs, et à clarifier les responsabilités des évêques, notamment vis-à-vis des clercs, et à réformer l’organisation judiciaire du royaume franc. [...]

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Le zéro et l’infini : la tendance montante du sans-alcool

Au cours d’un déjeuner à Buckingham en 1940, George VI interpella Churchill : « Winston, comment faites-vous pour boire autant ?  Je m’entraîne ». Plus qu’une boutade, un état d’esprit. La glorieuse génération qui avait vécu la guerre se moquait bien de nos angoisses existentielles. Sous les bombes et le rationnement, la préservation du capital santé n’était pas un impératif. Les excès à l’heure de l’apéritif étaient sacrés pour nos grands-parents. Les cendriers débordants côtoyaient les Campari et les whiskies. On dévorait la vie et les cacahuètes salées par les deux bouts. Avec un tel régime, bien chanceux celui qui dépassait les 70 ans.

Depuis lors, nous gérons l’existence en boutiquier. Vieillir sainement pour vieillir longtemps. Jusqu’où ? Personne ne sait. La période de l’aventurisme alimentaire est close, voici le temps de la raison. Depuis 1960, la consommation d’alcool en France n’a cessé de se réduire. Un Français consommait en moyenne 200 litres d’alcool par an en 1960. Il n’en consomme plus que 80 litres aujourd’hui. Cette division par 2,5 est surtout due au recul de la consommation de vin. En 1960, un bon citoyen en consommait 128 litres par an. Aujourd’hui, la moyenne est de 36 litres.

Les plantes qui donnent le goût proviennent du sud comme le romarin, la gentiane et l’anis mais l’attaque, elle, vient du verjus

Laura Falque

Si nous consommons moins, nous consommons mieux. L’époque des effroyables piquettes d’Occitanie est terminée. La tendance générale est la montée en gamme des boissons alcoolisées. La mythique Kronenbourg que l’on éclusait avec une bonne vieille « Goldo » a disparu des terrains vagues. Aujourd’hui on savoure des bières d’Abbaye, le petit doigt levé. 

Mais rassurons-nous, les Français ne sont pas encore des Amish. À l’échelle européenne, nous restons dans le peloton de tête des gros consommateurs d’alcool. Classée à la huitième place après la Lituanie, la République Tchèque, l’Allemagne, l’Irlande, le Luxembourg, la Lettonie et la Bulgarie, la France dame le pion à l’Angleterre (dix-huitième rang) et à l’Italie (vingt-huitième). Chez nous, 13 % des 18-24 ans déclarent au moins dix ivresses par an. Regardons donc l’avenir avec optimisme !

La chute de la consommation d’alcool profite aux boissons non alcoolisées. Leur part dans le budget des foyers français est passée de 22 % en 1960 à plus de 40 % en 2022. Parmi elles, les eaux minérales, les sodas et les jus de fruit se taillent la part du lion. Mais à l’heure de l’apéritif, que boit-on quand on ne boit pas d’alcool ?

Laura Falque et Marion Lebeau travaillaient dans une agence de communication. Dans le domaine des spiritueux et des vins, elles géraient l’identité des marques, leur packaging et leur mise en place dans les magasins. Tombées enceintes toutes les deux en 2019, « nous sommes entrées dans l’univers du sans alcool, explique Laura. En d’autres mots, l’univers des boissons trop sucrées, fades et artificielles. C’est de cette frustration qu’est née l’idée de créer notre propre apéritif que nous avons appelé Osco ». [...]

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La mûre est-elle de droite ?

Imagine-t-on un été sans confiture de mûres ? Et imagine-t-on pareille confiture faite avec des mûres que nous n’aurions pas ramassées ? Ces mûres patiemment cueillies une à une, au péril de nos mains ; car les plus grosses mûres, les plus belles, les plus noires, les plus mûres sont toujours juste derrière, un peu trop haut : il faut faufiler la main entre les tiges épineuses pour saisir le fruit qu’on guigne, il faut pincer avec précaution la tige au bout de laquelle une grappe de mûres idéales nous nargue et, dressé sur la pointe des pieds, la courber lentement pour enfin amener les fruits à bonne portée.

C’est généralement le moment où, détachant la première mûre, la légère secousse qui s’ensuit fait tomber les autres au cœur du hallier et dépouille la grappe plus sûrement que nous. Crève-cœur. Tout juste s’il en reste une, forcément la moins charnue, qu’on cueille par principe, de mauvaise grâce, abandonnant le buisson triomphant à qui on prête une volonté maligne et une personnalité vicieuse. [...]

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Les Macron en baskets

On date de l’été 2018 la disparition du service du protocole de l’Élysée. Très précisément du 28 août, au moment de la visite officielle du président Macron à Copenhague, qui s’était rendu au dîner de gala donné en son honneur par la reine du Danemark vêtu, tenez-vous bien, d’une très improbable jaquette qu’il portait avec chemise, nœud-papillon et gilet d’habit. Vous m’avez bien lu. Même les scénaristes de Downton Abbey n’auraient osé imaginer pareille forfaiture. La presse people avait commenté l’évènement en trouvant le président « très élégant », ce qui est souvent mauvais signe.

Depuis ce sinistre dîner, qui nous avait fait prendre conscience qu’il y avait quelque chose de pourri en visite au Royaume du Danemark, le protocole élyséen est tenu avec beaucoup de brio par des designeurs en marques de luxe qui relookent en fonction des tendances et des saisons Manu et Brigitte, avec le même goût et le même discernement que pour leurs égéries habituelles – savoir Rihanna, Justin Bieber ou mademoiselle Ellen Page. [...]

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Traité de la vie élégante : une valise sous les yeux

Depuis des années, E. et ses proches avaient pris l’habitude de se retrouver pour un apéritif à la terrasse du Nemours, derrière le Palais-Royal, le dimanche précédant la rentrée – histoire de repartir d’un bon pas, de partager équitablement les derniers potins et d’exhiber sans vergogne les bronzages plus ou moins caramélisés acquis de haute lutte sur les côtes bretonnes ou les plages de la Méditerranée. Ce dimanche-là, réchauffement climatique oblige, la canicule aussi était au rendez-vous, justifiant les tenues excessivement légères directement sorties des bagages que l’on venait de défaire, comme si pour quelques instants encore, les vacances se prolongeaient nostalgiquement sous d’autres cieux.

« Alors, laissez-moi deviner, lança Philippe. Pour E., comme d’habitude, ce sera une mauresque, avec un supplément glaçons. Pour Zo’, un Bandol rosé, assorti à son polo, et pour Mathilde, dont la ravissante robe Bottega Veneta indique où elle a passé les dernières semaines, un Spritz, presque aussi bon que ceux qu’elle buvait encore avant-hier à la terrasse du Florian. Mais dites-moi, Lucien et Chantal ne devaient pas être des nôtres ? Ils nous font faux bond, cette année ?

– Non non, répondit E., Lucien m’a appelé pour confirmer ce matin de l’aéroport d’Alicante où ils étaient en train d’enregistrer leurs bagages de luxe, le temps de passer chez eux déposer tout ça et prendre une petite douche. Ah ! Tiens ! Justement ! Quand on parle du loup !

– Il a un drôle de look, ton loup ! commenta Zo’ en piochant d’une main gracieuse dans le ramequin de biscuits apéritifs.

Lorsqu’une question n’est pas traitée, il faut s’en remettre au bon sens, qui constitue au fond la véritable colonne vertébrale de la politesse

De fait, malgré la chaleur torride, Lucien et Chantal de S. portaient des vêtements d’hiver déjà trempés de sueur et embaumant la naphtaline.

– Vous en faites une tête ! Vous avez cassé votre thermomètre ? reprit Zo’ en veine de cruauté.

– Très drôle. Non, on nous a volé notre valise Rimowa à l’aéroport – et en plus, tous nos vêtements d’été se trouvaient dedans.

– Ah, c’est ballot ! reprit E. Mais ça ne vous était pas déjà arrivé ? [...]

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La cravate qu’on enterre

À peine élus au Parlement, les députés bolchéviques de la France insoumise ont choisi, à l’instar de l’ancien trafiquant de drogue Louis Boyard d’adopter une tenue « décontractée ». En réponse aux remontrances du député LR Ciotti, demandant que les représentants de la nation portent une tenue décente, les Insoumis ont à leur tour exigé l’interdiction de la cravate.

Les ombres de Jaurès et de Blum planent sur ces débats. Et à nouveau, la cravate comme symbole de la rigidité de l’ancien monde est mise au banc des accusés. On ne compte en effet plus les articles qui chaque année annoncent la mort de la cravate, la libération des cols pour un monde professionnel plus épanoui en route vers des lendemains qui chantent.

Et c’est vrai, la cravate est pour ainsi dire quasiment morte. Il n’y a qu’à voir les patrons de la start-up nation, ou tout simplement faire les sorties de bureaux, la cravate est enterrée, définitivement contre-cool. Il n’y a plus qu’à la télévision, chez les commerciaux et dans quelques cabinets d’avocats qu’on voit encore des hommes cravatés. [...]

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