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Tribunes de militaires : l’ancien ministre de la Défense Charles Millon approuve

En tant qu’ancien ministre de la Défense, que pensez-vous de ces tribunes publiées par des militaires ? Cela vous choque-t-il ?

Je pense que les officiers, et les militaires en général, sont des citoyens comme les autres et que dans la période que nous vivons, ce sont même des citoyens plus avertis que les autres, parce qu’ils sont confrontés à des menaces, à des situations difficiles, et qu’ils peuvent donc porter un jugement beaucoup plus pointu que n’importe qui. Un militaire qui a participé à des combats en Afrique contre des islamistes radicaux, ou qui a patronné des opérations Sentinelle dans des quartiers très difficiles, a évidemment un point de vue éclairé. Il est bon qu’ils s’expriment parce qu’ils peuvent à leur tour éclairer les citoyens. La France est dans une période très difficile : ceux qui sont en charge de sa protection ont presque un devoir de parler – sauf à remettre en cause les institutions et le pouvoir politique. C’est ce qu’ont fait les signataires de la première pétition, et c’est pourquoi je ne comprends pas l’hystérie de la classe politique.

Nos responsables feraient mieux – au lieu de faire de l’ironie grinçante, comme le ministre de l’Intérieur, de proférer des menaces comme le ministre de la Défense, ou de lancer des invectives comme nombre d’autres – d’analyser la situation et d’y remédier

Pour ce qui est de la deuxième pétition, elle est la suite logique de la première, même si elle n’est hélas pas signée. Elle reflète en tout cas tout à fait la réalité, et je constate que les sondages révèlent que les trois-quarts des Français en approuvent l’analyse. Nos responsables feraient mieux – au lieu de faire de l’ironie grinçante, comme le ministre de l’Intérieur, de proférer des menaces comme le ministre de la Défense, ou de lancer des invectives comme nombre d’autres – d’analyser la situation et d’y remédier. Le constat que font les militaires sur le délitement est un constat partagé, et plutôt que de qualifier ces actes de rébellion, il faut une prise de conscience qui amènera peut-être à de bonnes décisions.

À votre avis, pourquoi ces militaires ont jugé utile de se dévoiler ainsi ?

D’abord peut-être parce que l’armée n’est pas assez considérée en France, alors que des milliers d’hommes luttent contre le radicalisme islamique en Afrique, que des milliers d’autres parcourent nos villes, nos banlieues, nos quartiers difficiles pour éviter que les tensions y augmentent. Mais une partie de l’opinion considère aujourd’hui que l’armée peut être une menace : je comprends donc que les militaires se soient émus de ce manque de considération. D’autant que concomitamment, le chef de l’État reçoit aujourd’hui le président du Rwanda, alors que deux rapports signés par des Français et un cabinet d’avocats américains essaient de faire porter la responsabilité des événements de 1994 sur l’armée française. Le grand scandale est là : que le Président et d’autres autorités françaises essaient de faire porter cette responsabilité aux troupes françaises, alors que c’est à des hommes politiques français qu’il faudrait éventuellement faire des reproches. [...]

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Mitterrand, le roi fantoche

Dépossédé de son aura de gauche après le virage libéral de 1983, François Mitterrand s’est réfugié dans la seule voie possible pour sauver l’honneur : la posture. La cohabitation, qui vient rapidement après son retournement, ne pouvait pas mieux tomber. Selon la formule consacrée, le président de la Ve République devrait être une sorte de « monarque républicain », allié à un chef de gouvernement. Le général de Gaulle, conscient de la nature catholique et par conséquent profondément royaliste de la France, avait tenté, pour le pire et le meilleur, la synthèse « républicano-monarchique », lors de son retour aux affaires en 1958. Le peuple français exigeait (et aujourd’hui encore) un père de la nation, il fallait lui en donner un.

. De responsable de la grande déception dans les milieux ouvriers de l’époque, il devient le nouveau roi fainéant, et laisse à son Premier ministre Jacques Chirac la responsabilité de tous les maux du pays

C’est ainsi qu’une trentaine d’années plus tard, en mars 86, le destin donna à Mitterrand l’occasion de ne plus rien décider, de se placer au-dessus des problématiques de partis, de ne parler que pour les occasions symboliques et régaliennes, et de rester au-dessus des basses contingences. De responsable de la grande déception dans les milieux ouvriers de l’époque, il devient le nouveau roi fainéant, et laisse à son Premier ministre Jacques Chirac la responsabilité de tous les maux du pays. Sans lui, qui sait s’il aurait pu se faire réélire deux ans plus tard ? Car c’est la droite qui a dû assumer la politique pourtant impulsée par le « dieu caché » Mitterrand[...]

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HEC à l’heure de la diversité

Eloïc Peyrache, le directeur général d'HEC, a donné aux Echos une interview publiée le 11 mai dernier à propos de nouvelles mesures qui devront permettre une plus grande accessibilité pour les boursiers de l’école des Hautes Etudes Commerciales de Paris. Un discours qui par sa volonté de réforme tournée vers l’accélération des « enjeux de diversité et d’ouverture sociale » avait un petit air de déjà-vu, alors qu’Emmanuel Macron déclarait début avril qu’il fallait appliquer à l’ENA – ou devrait-on désormais dire l’ISP – une sélection de « profils moins déterminés socialement ».

Faites entrer la diversité

Première volonté mise en avant, permettre aux « étudiants boursiers sur critères sociaux » de constituer 20 % des élèves « d’ici deux à trois ans », puis de passer à un quart de la totalité des étudiants. Comment cela sera-t-il possible ? En passant bien évidemment par les concours de sélection : les candidats auront droit à des « points de bonification », avantage non négligeable qui pourra se réitérer si ces derniers sont amenés à passer les examens une seconde fois. Attention à la nuance, seuls les boursiers sur critères sociaux en bénéficieront. Ce privilège a quelque peu fait polémique parmi les étudiants puisqu’il pose inévitablement des problèmes de légitimité, d’injustice et de mérite.

« Il y a toujours le sujet de la stigmatisation… Mais il n’y a aucune raison d’avoir peur de cette mesure. Nous assumons pleinement ce maintien des bonifications »

Mais celui qui avait été nommé à l’unanimité par le comité d’HEC n’en démord pas : « Il y a toujours le sujet de la stigmatisation… Mais il n’y a aucune raison d’avoir peur de cette mesure. Nous assumons pleinement ce maintien des bonifications ». Dans cette même optique, l’épreuve de culture générale connaîtra quelques modifications : pas d’allègement – entendons-nous – mais des sujets « plus abordables ». Ainsi sera favorisée « l’analyse » plutôt que la « culture générale », car jugée hautement plus accessible. Il ne faudrait pas risquer « qu’ils soient secs sur un sujet qu’ils [les étudiants boursiers] ne comprennent pas ». Autrement dit, qui n’a pas la connaissance suffisante pour intégrer HEC aura la possibilité de passer tout de même entre les mailles du filet.

Insatiable ritournelle progressiste

Il ne fallait pas non plus déroger aux inévitables lubies du moment, pour lesquelles le fraîchement nommé DG – depuis cinq mois à peine – a ajouté vouloir « aller plus loin ». C’est là que va débouler la militante acharnée Caroline de Haas, et avec elle l’objet de sa fierté de féministe : le groupe Egaé. Agissant « en prévention des violences sexistes et sexuelles », il interviendra auprès des victimes de harcèlement pour qu’elles puissent « s’exprimer en toute confidentialité » et « libérer la parole »[...]

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Affaire Sciences Po Grenoble : un rapport accuse l’extrême gauche étudiante

L’affaire avait fait grand bruit en mars, un mois seulement après que le ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal avait publiquement dénoncé l’islamo-gauchisme. À Sciences Po Grenoble, des étudiants avaient nommément affiché les noms de deux professeurs accusés d’islamophobie et de fascisme, provoquant un tollé médiatique alors que l’affaire Paty n’était pas vieille de six mois.

Si l’enquête de police pour déterminer l’identité des poseurs d’affiches est toujours en cours, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igésr) a remis le vendredi 7 mai un rapport à madame Vidal. Objectif : établir les responsabilités et apaiser le « climat délétère » au sein d’un IEP secoué par cette « controverse entre enseignants sur un sujet très sensible », nourrie « d’incompréhensions, de blessures d’amour-propre, de rancœurs, rancunes, voire de volonté de revanche » et vite transformée « en un conflit disproportionné » par des failles à tous les étages.

Lire aussi : Grégor Puppinck : « La notion d’islamophobie interdit toute critique »

Long de 55 pages, le rapport retrace minutieusement le déroulé des événements. L’affaire débute en novembre : le professeur d’allemand Klaus Kinzler est alors taxé d’islamophobie pour avoir questionné la mise sur le même plan de l’islamophobie avec l’antisémitisme et le racisme dans le cadre d’une « semaine pour l’égalité et la lutte contre les discriminations ». Il entame une controverse ouverte par mail (nombre d’étudiants sont dans la boucle) avec une collègue, auprès de laquelle il s’excuse ensuite à la demande de la direction. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais sa collègue continue de protester et cherche à « obtenir le prononcé d’une sanction » à son encontre. Elle s’en remet alors à la directrice du laboratoire de recherche de l’école, Anne-Laure Amilhat Szary, pointée du doigt dans le rapport. En cause, un communiqué du 7 décembre qui explique que « nier, au nom d’une opinion personnelle, la validité des résultats scientifiques d’une collègue et de tout le champ auquel elle appartient, constitue une forme de harcèlement et une atteinte morale violente ». Impeccable méthode pour « marginaliser » le réfractaire au sein de l’établissement.

Des professeurs jugés maladroits mais innocentés

Début janvier, les élus étudiants de l’Union Syndicale entrent dans le bal et lancent une « campagne virulente » contre le professeur, faisant des pieds et des mains pour inciter la direction de l’IEP « à statuer sur son cas » et à « prendre des mesures pour lutter contre l’islamophobie dans l’établissement ». La cabale étudiante se dirige en même temps vers un second professeur, Vincent Tournier, qui a soutenu Klaus Kinzler dans l’affaire précédente et qui est dénoncé pour son approche critique de l’islam. L’US se répand sur les réseaux sociaux, réclamant la suppression de son cours et lançant un « appel à témoignages » anonymisé pour réunir des billes contre les deux professeurs. Le 4 mars, leurs noms sont placardés sur les murs de l’école (et de fait, une cible apposée sur leur dos). [...]

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Enquête : le racisme est un déni

Tony Sewell aura eu droit à tous les honneurs. À peine le Rapport sur les disparités raciales et ethniques publié au Royaume-Uni, la mitraillette Twitter crépitait déjà. Le camp anti-raciste, à pied d’œuvre, s’est trouvé là où on l’attendait. Toujours dans la litote. Priyamvada Gopal, professeur d’études post-coloniales à Cambridge a comparé Sewell à Goebbels. Clive Lewis, député travailliste, a posté une photo du Ku Klux Klan. L’avocate Shola Mos-Shogbamimu, égérie woke des plateaux télé, a conspué le « Noir de service ». On a recouru aux insultes des grands jours, qualifié les dix membres de la Commis- sion de « noix de coco – marron à l’extérieur, blanc à l’intérieur ».

Le pool de cerveaux d’origines kenyane, zambienne, antillaise, jamaïcaine, pakistanaise ou nigériane, réuni par le gouvernement Johnson, parmi lesquels une astrophysicienne, une économiste, un ex-Inspecteur Général de police etc., pour la plupart décorés par la Reine pour services rendus au pays, s’est vu, en quelques clics, réduit à un cénacle frauduleux d’« agents du suprématisme blanc », un ramassis de « laquais du pouvoir ». Le maire de Londres Sadiq Khan, modèle d’intégration, fils d’un chauffeur de bus et d’une couturière pakistanais, s’est offusqué au nom des victimes du racisme structurel anglais « dont les vies sont brisées ». À l’approche des élections municipales, un peu de démagogie ne nuit pas, et puis Khan est aussi chef du rayon woke (il tweetait, le lendemain, sa fierté d’avoir alloué 5,7 millions de livres du budget de Londres au financement d’une maison de retraite LGBT).

Bref, tout le monde était au rendez-vous. Pourquoi tant d’hystérie ? Les auteurs du rapport, après huit mois d’étude, n’ont trouvé nulle preuve de racisme institutionnel au Royaume-Uni. Les inégalités existent. Elles sont de nature diverse et rarement imputables au racisme. Les facteurs géographiques et sociaux, eux, sont déterminants. Ce qui explique par exemple que les garçons Blancs des classes défavorisées (éligibles à la cantine gratuite) ne sont, au plan national, que 12,7 % à intégrer l’éducation supérieure, mais 21,7 % s’ils habitent Londres. Enfin, le document salue les succès des minorités ethniques qui constituent 16 % de la population britannique mais 23 % des récipiendaires de Bachelor à Oxford ou encore 50 % des médecins de l’hôpital public. En somme, ça va plutôt bien. Le racisme n’est pas un obstacle à la réussite.

Les auteurs du rapport, après huit mois d’étude, n’ont trouvé nulle preuve de racisme institutionnel au Royaume-Uni. Les inégalités existent. Elles sont de nature diverse et rarement imputables au racisme

Ce genre de nouvelle fait enrager les victimologues. On comprend l’ire du lobby racialiste qui voit son fonds de commerce partir en fumée et son magistère moral se ratatiner. Le rapport Sewell réfute les nouvelles théories raciales inspirées du post-modernisme : « Nous ne pouvons accepter le ton accusatoire du discours actuel sur les races », lit-on. Ou encore : « L’inflation langagière autour du racisme brouille la réflexion ». Si les opposants de Sewell l’accusent de nier le racisme, lui leur reproche de dévaluer le mot, dont la définition s’est étirée à l’infini jusqu’à abriter sous le même vocable la ségrégation raciale et les micro-agressions. (Dire à un Chinois « Vous parlez un Français parfait » est un exemple de micro-agression, une façon de le ramener à sa condition d’étranger)[...]

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Le front républicain : un plan à trois

Cette Jeanne d’Arc, décidément, quelle aubaine ! Ce 8 mai 1982, quand Jean-Marie Le Pen entend Mitterrand vanter, depuis Orléans, « le pluralisme des opinions et le choc des idées », il flaire le bon coup. Comme elle, son armée ne comporte qu’une « poignée de compagnons » – il n’a même pas pu se présenter à la présidentielle de 1981, faute de parrainages suffisants, – mais comme elle, il va « forcer le destin ». Puisque toutes les chaînes de télévision sont encore d’État, le chef de l’État peut lui ouvrir les antennes auxquelles il n’a pas accès. Il lui écrit.

Quand François Mitterrand reçoit cette lettre, il sent le profit qu’il peut en tirer en y donnant suite. Il charge Georges Fillioud, le ministre de tutelle de l’audiovisuel public, de faire passer l’ordre qu’il soit mis fin à ce « manquement », ainsi qu’il le lui écrira en réponse.

Une semaine plus tard, Jean-Marie Le Pen, pas « vu à la télé » depuis la destruction de son domicile par un attentat en 1976, fait son retour sur le petit écran. À l’époque, pourtant, il ne représente rien. Aux cantonales de mars, il s’est bien passé quelque chose à Grande-Synthe (13,30 %), et à Dreux, où un certain Jean-Pierre Stirbois a obtenu 12,6 % des voix, mais, sur le plan national, le FN, c’est 0,2 %. Pourquoi alors une telle bienveillance de la part de Mitterrand qui n’est pas réputé prodigue de cette vertu ? Parce qu’il a une arrière-pensée : la droite, c’est comme l’Allemagne, plus elle sera morcelée, mieux il se portera.

LE CYNIQUE AVEU DE ROLAND DUMAS

Dans un premier temps, le FN monte mais cela renforce plus la droite que ça ne la fractionne. Lorsque, lors d’une municipale partielle à Dreux, en septembre 1983, le RPR et le FN prennent, unis, la ville à la gauche, il ne se trouve que quelques centristes pour protester. « Je n’aurais pas du tout été gêné de voter au second tour pour [cette] liste », déclarera ainsi Jacques Chirac à Franz-Olivier Giesbert, expliquant: « Cela n’a aucune espèce d’importance d’avoir quatre pèlerins du FN à Dreux, comparé aux quatre communistes au conseil des ministres ». Caramba !

Lire aussi : Mitterrand et le marché aux beurs

Le deuxième étage de la fusée, ou plutôt du missile contre la droite, va être la 47e des 110 propositions pour la France du candidat Mitterrand : l’instauration de la proportionnelle aux législatives. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent mais parfois, il est utile de les tenir. En 1984, après un passage très remarqué de Jean-Marie Le Pen à « L’Heure de vérité » le FN obtient 10,95 % des voix aux européennes. Ça sent la forte poussée aux législatives qui doivent avoir lieu deux ans plus tard. En 1985, la réforme est donc adoptée, pile à temps pour entrer en vigueur pour le scrutin.

Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand et l’un de ses plus vieux complices, a reconnu, comme en écho aux propos de Chirac sur le scrutin de Dreux, que c’était pure manœuvre : « On a vécu depuis la guerre sur l’impossibilité de serrer la main d’un communiste, jusqu’au jour où Mitterrand [les] a pris dans sa majorité. [Auparavant], c’était un impératif politique qui empêchait la gauche d’avoir une majorité. Donc de là l’idée: il faut qu’on trouve un moyen de les diviser. Ce moyen, ça a été la loi électorale, c’est-à-dire la proportionnelle ». Et d’ajouter, avec un parfait cynisme : « Il n’y a rien de critiquable, dans une démocratie, que de permettre aux gens de s’exprimer, même si c’est tactique[...] ».

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Une association de financement au service d’Éric Zemmour ?

Selon nos informations, des partisans d’Éric Zemmour s’organisent pour lui faire faire un pas de plus vers une candidature à la présidentielle. Des sympathisants ont en effet créé une association de financement sous le nom des « Amis d’Éric Zemmour » (l’association de financement est un dispositif juridique nécessaire en France pour un parti qui souhaite recevoir des dons ou des prêts). À la tête de cette association apparemment spontanée, on trouve Jean-Charles Savatier comme président, et Jean Gueugnon comme trésorier. Le premier est directeur de cabinet d’un maire divers-droite et professeur de sciences-politiques, le second est assistant parlementaire au Sénat.

L’article 2 des statuts de l’association que nous avons pu nous procurer fixe les objectifs suivants, explicite dans l’objet, derrière le vague déclaratif :

« L’objet du Mouvement est de promouvoir la grandeur de la France et l’intérêt national.

Le Mouvement promeut la recherche de l’intérêt supérieur de la France, la souveraineté nationale, la participation au débat démocratique, le renouveau du personnel politique, la reddition de comptes des responsables élus et non élus envers les citoyens, l’engagement civique et l’attachement à la République.

Le Mouvement défend l’égalité de tous les Français devant la loi, le pluralisme effectif, la liberté de conscience comme d’opinion ainsi que la laïcité.

Le Mouvement contribue à l’expression du suffrage universel.

À cette fin, il peut notamment participer au débat public ainsi qu’aux élections ».

Lire aussi : Jacques Bompard : « Éric Zemmour aspirera tous les autres courants »

L’entourage d’Éric Zemmour qui considère l’association avec intérêt dément cependant en être à l’initiative et précise que depuis plusieurs mois très nombreux sont les mouvements spontanés en faveur d’une candidature du premier essayiste de France. Quant aux membres de l’association, ils sont enthousiastes mais prudents : « Notre objectif, confient-ils, est de convaincre Éric Zemmour d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. Nous souhaitons qu’il prenne conscience de l’attente populaire qu’il suscite. Rien ne dit à ce stade qu’il nous écoutera, mais si d’aventure il décide d’être candidat, notre mouvement pourra être mis à sa disposition s’il le juge utile ».

Enquête : Ce que pèse la prison en France

Le 20 avril, le Premier ministre s’est rendu en Alsace, au centre pénitentiaire flambant neuf de Lutterbach, pour y parler de « Plan 15 000 ». Il s’agit du nombre des places supplémentaires de prison que le chef de l’État s’est engagé à construire en mars 2018. Édouard Philippe avait lancé la construction de 7 000 places. Son successeur a expliqué qu’il fera de même. Ce sera même plus, car, depuis 2017, le gouvernement a fermé 3 000 places insalubres. Donc le Plan 15 000 concerne en réalité 18 000 places, le tout pour 4,5 milliards d’euros. Au passage, Jean Castex a rappelé qu’il a augmenté le budget de la justice de 8 %, que 10 000 postes supplémentaires de policiers et gendarmes ont été ouverts ainsi que 5 000 postes de surveillants. Bravo. À présent, soulevons le capot.

D’abord, les 18 000 places seront construites dans dix ans. Et en attendant ? Rien. Bon. Ensuite, ces places de prison servent à enfermer des délinquants condamnés. Combien y en a-t-il ? D’après Brigitte Brugère, secrétaire générale de l’union des magistrats, il y a eu 550 000 condamnations en 2018. En raison d’un choix politique, les peines ont lieu en milieu ouvert. Il s’agit des mesures alternatives à l’incarcération (sursis avec mise à l’épreuve, semi-liberté, placement, etc.). In fine, cette année-là, seules 101 431 personnes ont été condamnées à des peines de prison fermes, c’est-à-dire 1 % du total des 10 millions d’infractions pénales constatées au travers de mains courantes ou dépôts de plainte. Ah, quand même. [...]

L’Incorrect

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