Skip to content
Personne et bien commun : approche individualiste

Dans une société individualiste, le bien commun risque toujours d’apparaître comme un danger. Rappelons que le terme individualisme ne signifie pas pour Tocqueville une attitude morale, tel que l’égoïsme, mais une caractéristique d’un état social. Une société individualiste est celle qui se comprend comme étant constituée par des individus ; pour le dire autrement, une telle société est fondée sur la représentation partagée par ses membres que ce sont justement eux qui en sont la source et la finalité. Chaque individu se voit comme ce à partir de quoi la société se déploie.

Dans un tel contexte, l’invocation du bien commun ne témoigne-t-elle pas d’une régression vers des sociétés que l’on appellera holistes ; celles dans lesquelles le tout( holos, en grec) est premier, ceci impliquant une vision hiérarchique où chacun ne s’identifie qu’en trouvant sa place comme membre d’un ordre d’ensemble le dépassant ? Cette question est à prendre au sérieux tant est grande la hantise de nos contemporains de brimer la liberté individuelle au nom d’entités abstraites. Le regain d’intérêt contemporain pour l’individu tel que Tocqueville l’a compris va de pair avec la fin de ce que les sociologues ont nommé « les grands récits ».

[...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
De l’épidémie de phobies et de ce qu’elle révèle

Chacun pourra constater que notre société ne cesse d’ausculter ses maux et que parmi ceux-ci les phobies semblent en pleine expansion. Ce terme est de plus en plus utilisé comme suffixe : à la xénophobie déjà bien installée dans le vocabulaire se sont adjointes ces dernières années l’homophobie, l’islamophobie, la christianophobie, la technophobie, l’europhobie, la gérontophobie etc.

A chaque fois, le mot phobie apporte une connotation négative à l’attitude ainsi dénommée et pour cause : dans le sens médical une phobie est une peur excessive et irrationnelle dont la personne souffre elle-même. Ainsi de l’agoraphobie ou bien de l’arachnophobie.  Identifiée à une pathologie, la phobie s’identifie donc en opposition avec la santé. Lorsque l’on passe du champ médical au champ social et intellectuel, la phobie est opposée à la normalité,  c’est-à-dire à ce qui apparaît comme le standard de ce qu’il faut penser et faire. Or ce passage est-il pertinent ?

[...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Du témoignage ou comment résister sans s’opposer

Toute résistance semble dépendre de ce à quoi elle s’oppose. N’est-elle pas secrètement attachée à ce qu’elle combat ? Elle serait ainsi réactive, seconde et ne se poserait qu’en s’opposant à la nouveauté impromptue ? Bref, la résistance n’est-elle pas toujours rétrograde ? Peut-on dès lors penser une résistance pure ? Cette question est posée dans le contexte du nihilisme contemporain qui se caractérise par le fait de justement combattre pour ses valeurs. N’y a-t-il pas dans cette attitude une secrète complaisance, une sorte de syndrome de Stockholm intellectuel propre à tout lobby ? Une valeur n’est déclarée telle que par l’investissement dont elle est l’objet : à savoir, sa défende en réponse aux attaques qu’elle essuie, attaques qui se révéleraient alors comme sa condition de possibilité.

Mais d’un autre côté, si toute résistance est une expression du nihilisme, faut-il se cantonner à vivre dans le formol ? Face au « à quoi bon ? » ou au « pourquoi pas ? » du cynisme, faut-il se taire ? Le silence dédaigneux devant le chaos de l’infinité des perspectives équivalentes n’est-il pas un autre nom de la résignation, contre laquelle la résistance à juste titre se cabre ?

Mais alors comment éviter la passivité sans pour autant être réactif ? Y a-t-il un moyen de renvoyer dos à dos ces deux attitudes comme étant inadéquates à une résistance pure de toute complaisance envers ce que l’on est bien obligé jusqu’à nouvel ordre d’appeler son objet ?

[...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
De la situation faite aux femmes dans notre société « libérée »
Alors que l’affaire Weinstein continue de déployer ses effets planétaires, il est urgent de continuer à réfléchir sur la situation faite aux femmes dans le monde actuel, sans se laisser obnubiler par les polémiques réductrices. C’est l’immense mérite de l’ouvrage que vient de publier Marianne Durano (chez Albin Michel), mère de deux jeunes enfants et agrégée […]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
La famille est-elle un objet relatif ?

Au vu des lois votées en France depuis près de quatre décennies, il est légitime de se demander si ce ne sont pas les sciences sociales qui ont raison : la famille ne serait-elle pas qu’un mot référant à toutes sortes de situations particulières dont l’histoire, l’ethnologie et la sociologie feraient leur objet ? C’est effectivement sous la pression d’un tel afflux d’études que « la » famille identifiée à une réalité stable et pérenne s’est trouvée affublée de l’adjectif « traditionnelle ». Simultanément la floraison d’autres adjectifs (« monoparentale », « homoparentale », « recomposée » etc.) a semblé confirmer qu’il existe une pluralité de modèles familiaux, modèles désignant ici non plus l’exemplarité et la norme, mais divers types sociologiques pour guider la description des pratiques sociales.

Tout est-il politique ?

Certes, une famille est une réalité constituée par des actes humains libres enchâssés dans des usages sociaux, ce que l’on peut nommer des mœurs ou des coutumes qui sont autant de supports disposant à ces actes. Il est indéniable que les coutumes varient selon le temps et les lieux ; Montaigne, saisi par cette évidence à l’orée des temps modernes, en avait déjà conclu à l’extrême plasticité de l’humaine condition et à l’incapacité d’une mesure morale objective et universelle. Peut-on alors conclure que la famille est un objet soumis au relativisme le plus strict ?[...]

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
La question humaine et la (di)solution finale

Il ne s’agit pas de réduire l’entreprise capitaliste à un système totalitaire. Il s’agit d’envisager la possibilité de saisir, au-delà des systèmes idéologiques, au-delà des différences évidentes, une matrice commune à ces deux configurations: l’entreprise capitaliste post-moderne et l’industrie d’extermination. S’agit-il donc de dire que les nouveaux managers sont des officiers SS ?

Une telle question frôle la profanation tant elle induit la banalisation du crime. Car si mes patrons peuvent être comparés sans autre forme de procès à des nazis, c’est que les nazis sont finalement des êtres quelconque. Mais là, les termes bien connus du débat se retournent comme il convient : car si les nazis sont des « in-hommes », alors le nazisme ne me dit rien de l’humanité, rien de la société contemporaine, rien de moi. Ce qu’il me reste alors à méditer et à déplorer est le seul destin de ses victimes. Or s’il faut faire mémoire, n’est-ce pas d’abord pour que cela ne réapparaisse pas ? Ce qui sous-entend que les conditions ayant rendu possibles certains aspects du nazisme, elles, sont peut-être encore présentes. Bref, comparer mes patrons aux nazis, c’est au premier abord débile, mais cela ouvre peut-être une piste féconde. Hypothèse à envisager. Question à poser. Car ce qu’il y a d’horrible dans le nazisme, c’est justement le caractère aseptisé du crime. L’éclaboussante énormité de la tuerie (six millions de juifs, sans parler des autres) n’est que la conséquence de sa rationalisation, de son caractère systématique.

Ainsi le rapprochement entreprise post-moderne / nazisme par son caractère apparemment outrancier cache bien son jeu, plein de finesse : révéler que le nazisme dans ce qu’il a de plus caricatural permet d’entrapercevoir une pente fondamentale de notre monde contemporain, issu pourtant de la victoire sur le totalitarisme. Le dépassement du totalitarisme révèle en deçà ce qui n’a toujours pas été dépassé : le nihilisme.

[...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Bien commun et personne
Un philosophe aussi influent que Maritain a contribué à développer une logique personnaliste récusant toute primauté accordée au politique. Pour contrer le fanatisme des religions séculières ou le cynisme du machiavélisme, Maritain et Mounier à sa suite, ont cherché à promouvoir une politique humaniste. La pierre angulaire en est le respect absolu de la dignité […]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Laïcité : le dilemme face au défi de l’islam

Selon la vulgate moderniste (qu’elle soit d’inspiration marxiste ou libérale), les phénomènes religieux semblaient devoir se dissoudre dans une humanité enfin épanouie et adulte. Le progrès des sciences et des techniques, le développement de l’instruction, la croissance économique, l’amélioration des conditions de vie que le sens de l’histoire allait nécessairement générer étaient censés condamner à terme ce résidu de l’ancienne condition humaine.

Or force est de constater qu’il n’en est rien et que ce que l’on nomme de manière volontairement confuse « le religieux » demeure ; signe qu’il est un invariant anthropologique, indispensable pour saisir la complexité du monde et l’âme d’un peuple. La société française n’est pas épargnée par ce phénomène de résilience mais en raison de son histoire intellectuelle et politique, elle se trouve devant une difficulté spécifique pour l’appréhender. La question pourrait être formulée de la manière suivante : faut-il aborder la question religieuse de manière indifférenciée et donc mettre sur le même plan, au nom de la laïcité, islam et catholicisme ; ou bien faut-il considérer qu’en raison de leur contenu respectif et de l’histoire de notre pays, on ne peut les aborder d’un point de vue neutre et surplombant?

[...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter

Vous souhaitez lire la suite ?

Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !

Formule Intégrale

À partir de 5,80€ / mois

  • Papier
  • Web
  • Tablette
  • Mobile
Formule numérique

À partir de 4,10€ / mois

  • Web
  • Tablette
  • Mobile

L’Incorrect

Retrouvez le magazine de ce mois ci en format

numérique ou papier selon votre préférence.

Retrouvez les numéros précédents

Pin It on Pinterest