L’histoire est comme un fauve ; elle somnole la plupart du temps mais parfois elle se réveille et part à la chasse. Depuis quelques mois, tout s’accélère et il paraît désormais évident que nous avons bel et bien entamé ce processus que l’on voit poindre depuis une dizaine d’années, et qui nous fera inéluctablement passer d’une période à une autre. Période de chaos et d’instabilité, bien sûr, période où naissent les monstres, peut-être, mais période qui mettra fin à un ordre, et finira par en créer un autre. Les journalistes de gauche saignent du nez. Certains se sont recroquevillés en position fœtale sous leur bureau et sucent leur pouce. Ils sont dans le même état de terreur que le jeune Robert Olmstead poursuivi par un monstrueux essaim sautillant et grouillant de poissons-grenouilles grisâtres au ventre blanc, décrit par Lovecraft dans L’Ombre qui planait sur Innsmouth, l’un de ses contes entrés dans la Pléiade. Les monstres qui les persécutent s’appellent Donald Trump, Elon Musk, Herbert Kickl, Alice Weidel, Viktor Orban, Giorgia Meloni, Geert Wilders, Robert Fico, Santiago Abascal, Marine Le Pen. Ils ne comprennent pas ce qui se passe. Ils continuent de brandir le fascisme, le nazisme, le conspirationnisme, parlent de déportation quand un pays envisage de renvoyer ses résidents étrangers : les gens rigolent, haussent les épaules. Ils deviennent complotistes, dénoncent l’internationale réactionnaire, accusent les médias conservateurs d’avoir collé des sales idées dans la tête des électeurs, voient de l’ingérence quand Musk soutient un parti européen mais l’ordre naturel des choses quand Soros façonne à son goût détraqué l’Europe à coups de milliards de dollars, rêvent de plus en plus bruyamment d’interdire le réseau X, Bolloré, L’Incorrect, Valeurs actuelles… [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?
Se connecter