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Traité de la vie élégante : la politesse des rois

« Dites-moi, mon cher E., si l’exactitude est la politesse des rois, on ne peut pas dire qu’elle soit celle des royalistes ! »

Toute rose de fierté d’être l’auteur de ce qu’elle prenait pour un bon mot, Chantal de S. avala une petite gorgée de Spritz avant de poursuivre l’estocade ; dans le salon, le brouhaha des conversations s’était calmé, les invités étant curieux de savoir comment la passe d’armes allait s’engager.

– Vous savez évidemment de quoi je parle : je vous ai envoyé un mail hier matin, et ce soir, en partant pour venir ici, je n’avais toujours pas de réponse. On ne vous a pas appris que quand quelqu’un vous contactait, vous deviez lui répondre sur-le-champ, comme tout le monde le fait, ou du moins, comme le font tous les gens bien élevés ? Zo’, assise à côté du fauteuil club où E. avait ses ha- bitudes, constata en souriant qu’il ne perdait pas son calme, comme un combattant qui se concentre avant l’assaut.

– Du coup, poursuivit Chantal, je suis allé regarder dans le manuel de politesse que j’ai hérité de ma
grand-mère, La Civilité non puérile, mais honnête, de Madame Emmeline Raymond, qui précise, je cite, je l’ai pris en note exprès pour vous, hum, « l’exactitude n’est pas seu- lement la politesse des rois, mais bien celle de tout le monde»; elle est, je cite toujours, « un devoir auquel on ne peut manquer, car l’inexactitude est inexcusable, quelque excuse que l’on puisse alléguer ; être inexact, c’est pré- férer franchement, soi, et ses caprices, à tous les devoirs que l’on doit remplir vis-à-vis des autres ; l’être inexact est à la fois être égoïste, vaniteux et mal élevé ».[...]

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Histoire d’un nectar divin : si c’est un rhum

Ce 8 avril, la descente d’avion fut presque fatale à Étienne Houot. À l’ouverture des portes à Roissy, le choc thermique a terrassé l’organisme : vivre toute l’année en bermuda et en tee-shirt comporte des risques. Étienne Houot habite en face de Tahiti, sur l’île de Moorea. Dirigeant d’une distillerie, il se rend au « Rhum Fest » à Paris, un salon professionnel où l’on retrouve des producteurs et toutes sortes d’alcooliques.

La voix enrouée mais l’enthousiasme haut, Étienne Houot se bat pour la reconnaissance du terroir tahitien. « Nous avons appelé notre Rhum Manutea en hommage aux navigateurs. Manutea signifie l’oiseau libre, celui que les navigateurs tahitiens apercevaient après des semaines sur l’océan. Voir l’oiseau annonçait une terre proche ». Ces aventuriers voguant sur des coques de noix ont créé les cinq archipels de Polynésie (Tuamotou, Marquises, Australes, Gambier, Îles de la Société). Ils sont les pères fondateurs de la nation. Mieux ! Ils sont les premiers buveurs de rhums.

Il y a 1 500 ans, les navigateurs introduisent la canne à sucre en Polynésie. Cette espèce est baptisée au XVIIIe siècle « canne haute de Tahiti » par Philibert Commerson. Botaniste de Bougainville, Commerson loue la grande qualité de cette canne, supérieure en sucre à la canne créole. Pour des questions de rentabilité, la canne haute de Tahiti est remplacée progressivement par des variétés hybrides. La culture périclite. « Depuis quelques années, selon Étienne Houot, la canne à sucre est de nouveau exploitée en Polynésie. À Taha’a, en face de Bora-Bora, une trentaine d’agriculteurs cultivent sans pesticide ni engrais. Il s’agit d’une démarche artisanale, 100 % bio où l’on travaille à partir de pieds ancestraux ». Depuis 2015, la distillerie Manutea produit un rhum agricole. Le nec plus ultra des rhums, mais seulement 4 % de la production mondiale. [...]

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L’islam est une révolution

La religion musulmane n’a pas surgi par hasard, n’importe où, ni n’importe quand. Elle s’est dressée dans un monde précis, celui de la péninsule arabique du début du VIIe siècle, comme une révolte, un immense souffle de remise en cause de l’ancien ordre religieux et tribal qui régnait jusqu’alors sur cette partie du Moyen-Orient. Elle représente une révolution tout autant spirituelle que politique. En cela, elle possède une nature historique radicalement différente du christianisme, qui s’est développé dans le cadre déjà établi de l’Empire romain. Tandis que le christianisme forme une rupture de nature religieuse, l’islam représente aussi une rupture politique, une prise de pouvoir sur la société. L’islam constitue son propre césar, là où le christianisme des origines laisse le trône terrestre à un césar puissant et encore polythéiste. Il faudra en effet attendre la conversion de l’empereur Constantin puis celles des rois francs et le Moyen Âge pour que le christianisme accède enfin au pouvoir, mais uniquement en tant que soutien du monarque.

Lire aussi : L’islam est-il notre avenir ?

L’islam s’inscrit pour sa part dans une toute autre trajectoire. Cependant, historiquement, la structuration de l’islam en tant que mode d’organisation de la cité ne passa pas par l’instauration d’un État au sens occidental du terme. L’institution étatique ne doit en effet pas être confondue avec la simple notion de pouvoir politique. L’État constitue une forme particulière de système de gouvernement née à la fin du Moyen Âge en France et en Angleterre. Détenteur absolu de la souveraineté, disposant du monopole de la violence légitime, il repose sur la création d’un appareil spécifique, à savoir un corps fonctionnaire spécialisé dans l’exercice des prérogatives administratives. Il dirige par le recours à l’instrument du droit civil, regroupement d’un ensemble législatif dépouillé des dogmes religieux. [...]

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Partout, les saints : saint André Wouters

Au XVIe siècle, l’Europe ressemble à une rave party géante. On raconte qu’un autre continent existe au-delà de l’Atlantique, que des Espagnols sont partis voir s’ils y étaient ; les médecins se mettent à découper les cadavres pour piger comment c’est foutu dedans, et Luther et Calvin débloquent à plein régime à longueur de pages et de prêches. Le petit André Wouters naît en 1542 en Hollande, dans une famille parvenant peu ou prou à le préserver du haut taux de connerie ambiant. André intègre même le séminaire et est ordonné prêtre dans la petite bourgade de Gorkum. Problème : dans sa paroisse, contrairement à son monastère, il y a des femmes. De jolies hollandaises, sur les cheveux desquelles la mantille ne gâche rien. André se sent pris entre ses vœux de célibat et les mirettes accortes de ses blondes paroissiennes. Puisque
le monde entier se contorsionne en expériences intellectuelles que l’on nommera plus tard la Renaissance, André cède à l’Esprit du Temps (celui en rouge sur l’épaule gauche) plutôt qu’à l’Esprit Saint (celui en blanc sur l’épaule droite).

Une demoiselle accepte les avances du jeune prêtre, puis une autre, puis encore quelques-unes, tant et si bien que des enfants naîtront de ces improbables unions. Dans les maisons bourgeoises comme dans les tavernes, on commente le charme de Père André, on jase, on ragote, mi amusé, mi-figue mi-raisin.[...]

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Diam’s, Hanouna et la France

Est-ce un divertissement ? Une émission de débat ? D’information ? Qu’est-ce donc que le concept de Cyril Hanouna ? Il arrive de temps en temps que votre serviteur se force à regarder. Oui, l’émission a parfois des témoignages exclusifs qui méritent d’être vus, qui nous instruisent sur les choses de l’époque, ses mœurs et ses tabous. L’intérêt de l’émission était donc de recueillir le témoignage de son animateur principal sur les évènements du Stade de France, où il a été vu franchissant une barrière avec l’aide d’un stadier. Pourtant, c’était la partie sur Diam’s qui nous en disait le plus long…

La séquence du Quart d’heure sans filtre était ainsi consacrée à la rappeuse retraité Diam’s, le titre ne faisant pas mystère de l’orientation du débat : « Diam’s sort du silence après dix ans d’absence : êtes-vous choqués par les critiques contre elle ? » À l’exception notable de la chroniqueuse Géraldine Maillet, les autres intervenants ont tous répondu par l’affirmative.…

Stade de France : « Je vois à l’œuvre un travail de sape et de mésentente nationale »

Vous avez suivi comme nous la débâcle des autorités françaises face à la puissance de la racaille de Seine-Saint-Denis : Gérald Darmanin explique que ce sont les supporters anglais qui ont créé les troubles. Qu’en pensez-vous ?

Je crois qu'on essaie d’hystériser le débat entre les forces de l’ordre et cette « racaille », et de rendre la vie impossible à tout le monde parce que la racaille ce sera seulement celui qui est un peu différent de l’autre. Ceux qui veulent mettre le bazar dans le pays ne s’y prendraient pas autrement pour monter les gens les uns contre les autres.

La racaille je ne sais pas ce que c’est : les gens qui sont en situation irrégulière, je sais ce que c’est ; les gens qui ont un passé de délinquant avéré, je sais ce que c’est. Mais si l’on désigne les habitants de Seine-Saint-Denis, je suis désolé mais c’est faux. Je suis maire d’une ville de 28 000 habitants, je connais mes délinquants mais je connais aussi toutes les personnes qui ne sont pas délinquantes. Mais comme ils se ressemblent, il y en qui commencent à en avoir assez d’être pris pour la racaille. Et on ne se rend pas compte des dégâts que ça crée par ricochet.

Alors, qui sont pour vous les fauteurs de trouble autour du stade de France ?

J’ai cru voir sur les réseaux sociaux qu’on avait un peu plus d’indications sur les gardés à vue, au point de vue des nationalité, des âges, des statuts, des gens qui sont en situation irrégulière, etc. Mais je dis qu’il faut faire attention à la façon dont les choses sont formulées parce qu’il y a une forme d’amalgame qui est accompli, par une exaspération que je comprends d’ailleurs. [...]

Le poulpe est-il de droite ?
J’ai été élevé dans une fausse image du poulpe. Entre Hugo, Jules Verne, Old Boy et les beignets d’encornets, le poulpe n’était pour moi qu’un animal hideux et caoutchouteux, parfois dévoré vivant par les Coréens: en gros, l’équivalent d’un commissaire politique. Mais les articles se sont multipliés pour demander que l’humanité révise son opinion sur le poulpe. Ces animaux, nous a-t-on dit, sont doués d’une exquise sensibilité. Ils ont des émotions et res- sentent la douleur (ce qui les différencie nette- ment des fœtus humains, en tout cas comme grande cause humaniste), ils sont d’ailleurs peu à peu reconnus comme êtres sensibles par les nations civilisées (qui ont tendance à ne pas trop reconnaître les fœtus humains), comme en témoigne le souci céphalopodesque du ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales du Royaume-Uni.
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La Joconde entartée par un écolo

Ce dimanche, vers 13h30, un homme déguisé en femme âgée a entarté la Mona Lisa devant une foule de touristes interloqués. Pour l’heure, le Louvre n’a pas réagi officiellement, et les seules informations dont nous disposons pour l’heure sont des vidéos postées par des internautes. Ceux-ci expliquent qu’« un homme déguisé en vieille dame s'est levé d'un fauteuil roulant et a essayé de briser la vitre de protection de la Mona Lisa » avant de jeter un gâteau à la crème sur le fameux tableau. L’individu a été maîtrisé par les forces de l’ordre.

Lire aussi : Écologie : deux femmes en transition

Cette action est difficilement compréhensible, même si les cris de cet homme avant son interpellation peuvent apporter un éclairage : « Pensez à la Terre. Il y a des gens qui sont en train de détruire la Terre. Pensez-y. Tous les artistes, pensez à la Terre. C'est pour ça que j'ai fait ça. Pensez à la planète. » Il s’agit donc d’un acte militant pour l’écologie ! Sans rapport, l’utilité d’une action de la sorte interroge. [...]

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L’Incorrect numéro 73

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