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Affaire Benalla : l’ancien commandant du GIGN analyse les faits pour L’Incorrect

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Publié le

23 juillet 2018

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Frédéric Gallois est un ancien commandant du GIGN. Nous le remercions d’avoir accepté de répondre à nos questions sur « l’affaire Benalla » et l’organisation de la sécurité du Président de la République.

 

En tant qu’ancien commandant du GIGN, comment jugez vous ce qu’il faut bien nommer “l’affaire Benalla” ?

En tant qu’ancien commandant du GIGN, j’analyse de manière professionnelle la question de la sécurité du Président de la République (PR). Quand je découvre les photos de monsieur Benalla, en tant que garde du corps rapproché du Président, je me dis qu’il y a un problème majeur de positionnement. Il n’est tout simplement, d’un point de vue purement opérationnel, pas à la bonne place.

 

Estimez-vous que monsieur Benalla présentait le CV idoine pour un poste de chef adjoint à la sécurité du Président de la République ?

La protection du Président a nécessité de créer une unité spéciale : le GSPR, composée de spécialistes gendarmes et policiers. Ces hommes et ces femmes sont tous triés sur le volet à l’aide de tests de sélection de très haut niveau ; ils sont soumis à un entrainement poussé, ils apprennent à réagir collectivement, ils suivent des protocoles rigoureux qu’ils répètent inlassablement. Diriger cet ensemble nécessite d’avoir été formé spécialement, d’avoir eu de l’expérience, d’être légitime et d’être issu de ce corps. Rien dans le CV de monsieur Benalla ne me semble correspondre à ce profil.

 

Un professionnel plus qualifié aurait-il été pris dans une affaire pareille ?

Arriver à ce niveau de responsabilité au plein cœur du pouvoir, implique une longue maturation professionnelle et personnelle. Le sentiment de puissance, le pouvoir, la proximité avec le Président, tout cela est très « brûlant ». Il faut donc des personnes équilibrées, sélectionnées spécifiquement et qui soient intégrées dans une structure qui ait mis en place des systèmes d’autocontrôle. Un professionnel connait les règles et les limites.

 

Lire aussi : Benalla, flic et voyou

 

Le cas Benalla dévoile-t-il un problème dans la chaîne de commandement ? A-t-il pu se croire intouchable ?

En le propulsant à cette place, le « pouvoir » ne lui a pas fait de cadeau en réalité. Ce qui est arrivé est tout simplement assez compréhensible : un homme qui n’a pas été formé, préparé, encadré pour ce niveau de responsabilité, a de fortes chances de toucher ses limites très vite. Il peut encore tenir s’il est soutenu au plus haut niveau, mais arrive un moment où cela devient trop compliqué professionnellement mais aussi psychologiquement. Le risque de « péter un plomb » ou de commettre des impairs se rapproche alors à grande vitesse…

 

Est-il vrai que monsieur Benalla était lieutenant-colonel de la réserve opérationnelle de la gendarmerie (L’Essor) ? Est-ce habituel pour un jeune homme de 26 ans ?

Je découvre qu’il avait été nommé « lieutenant-colonel » de réserve, probablement en tant que « spécialiste ». Cette demande est explicable car il a fallu lui « donner » un niveau hiérarchique qui se rapprochait au plus près de ses responsabilités. Sauf qu’il a été oublié que, normalement, un niveau de grade correspond à un niveau de qualification et de formation…

 

Est-il courant que des proches de l’exécutif participent à des opérations de maintien de l’ordre au côté de la police ou de la gendarmerie ?

Je ne crois pas, et en tout cas, le mélange des genres est toujours dangereux…

 

Quelles seront les conséquences de cette affaire ? L’Elysée reviendra-t-il à un recrutement plus classique pour son personnel de sécurité ?

Depuis trop longtemps le GSPR est l’objet de convoitise ou de bidouillage au gré des personnalités des cabinets de la présidence. C’est très déstabilisant et probablement difficilement gérable pour les chefs de cette unité. Or la sécurité du Président de la République ne doit pas se discuter ou se marchander. Il est temps, à mon sens, de positionner le chef du GSPR à un niveau supérieur, au moins égal à celui du cabinet du Président.

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