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Il y a cinquante ans, cinquante ans déjà, qu’Enoch Powell nous avertissait sur les dangers de l’immigration de masse. Son discours dit « populiste » nous interpelle et nous appelle à réagir.
En 1968, alors que le Parlement britannique se penche sur la Race Relations Bill, empêchant les discriminations sur des fondements ethniques, le député conservateur Enoch Powell, prononce un discours devant des conservateurs, que l’Histoire retiendra sous le nom de discours « des fleuves de sang ». Il y condamne l’arrivée d’immigrés sur le sol britannique et dénonce les dangers inhérents à ce phénomène. À en croire Enoch Powell, la mission essentielle de l’homme engagé en politique serait d’anticiper l’avenir, pour éviter les catastrophes futures. Cette dénonciation virulente de l’immigration s’inscrit dans la logique des discours populistes. L’action du mouvement anti-immigrations « Génération Identitaires » dans les Alpes en date du 19 et 20 mars 2018, illustre l’actualité de cette rhétorique. La rhétorique anti-immigration est une constante des discours « populistes ». Le populisme est ici entendu dans la définition que donne Pascal Ory : « la critique des corps intermédiaires (partis, parlementaires, élites) au nom d’un lien direct avec le peuple à un type de dirigeants charismatiques, le tout porté par un discours de rupture ». Enoch Powell exalte un peuple britannique homogène, dont l’immigration vient rompre la cohérence, coupable de tous ces maux, en s’en remettant plus aux sentiments de son auditoire que de sa raison scientifique.
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Powell entend tisser un lien privilégié et direct avec le peuple britannique ethniquement homogène. Il y a « eux » et « nous ». « Nous assistons aujourd’hui au développement de forces qui s’opposent directement à l’intégration, à l’apparition de droits acquis qui maintiennent et accentuent les différences raciales et religieuses, dans le but d’exercer une domination, d’abord sur les autres migrants et ensuite sur le reste de la population. » Cette mise en évidence des tensions communautaires crées par l’arrivée des immigrés, dépeint comme dominateurs et conquérants, permet à l’auditoire de se construire une image négative de l’arrivant, qu’il ne peut qu’abhorrer. L’auditoire se construit une image de lui-même en opposition à celle renvoyée par le nouvel arrivant. Le discours anti-immigration est donc une rhétorique utile pour la prise de conscience, ou la création d’un peuple homogène. L’immigrant devient « l’anti-nous ».
Le discours d’Enoch Powell dénonce un phénomène de persécution des gens « normaux » par un système complet, un « establishment », représenté sous les traits d’un « monstre doux ». L’auditoire peut en revanche aisément s’identifier aux « gens ordinaires, honnêtes, avisés, qui m’écrivent une lettre souvent sensée, bien écrite, mais qui préfèrent taire leur adresse. Car ils craignent de se compromettre ou d’approuver par écrit les opinions que j’ai exprimées. Ils craignent des poursuites ou des représailles si cela se savait ». La peur de la sanction pour la dénonciation d’un problème rencontré par les « gens ordinaires », sanction infligée par « l’establishment » est révélatrice d’une rhétorique de rupture avec les élites politiques traditionnelles.
À en croire Enoch Powell, la mission essentielle de l’homme engagé en politique serait d’anticiper l’avenir, pour éviter les catastrophes futures
Celles-ci sont critiquées, et rendues coupables des nombreux maux que rencontre ce peuple de gens de la norme. La peur de l’exclusion sociale empêche « ceux qui ne sont rien » de s’exprimer sur leur mal-être. Enoch Powell se fait donc la voix de ses grands oubliés : « un brave et honnête compatriote me dit à moi, son député, qu’il ne fera pas bon vivre dans son pays pour ses propres enfants. Je n’ai tout simplement pas le droit de hausser les épaules et de passer à autre chose. Ce que dit cet homme, des milliers, des centaines de milliers de gens le pensent et le disent. Peut-être pas dans tout le pays, mais partout où s’opère la transformation radicale à laquelle nous assistons aujourd’hui, et qui n’a aucun parallèle connu en 1000 ans d’histoire. ».
Enoch Powell utilise l’immigration comme le catalyseur des malheurs vagues qui traversent la population britannique. Si « Leurs femmes ne trouvent pas de lits d’hôpital pour accoucher, leurs enfants n’obtiennent pas de places à l’école, leurs foyers, leurs voisins, sont devenus méconnaissables, leurs projets et perspectives d’avenir sont défaits. Sur leurs lieux de travail, les employeurs hésitent à appliquer » c’est à cause de l’arrivée massive d’immigrés qui viennent remplacer la population déjà sur place. L’exploitation de l’immigration comme responsable des troubles économiques et sociaux n’est pas exclusive aux conservateurs. Georges Marchais en son temps pourfendait également l’immigration comme étant une manipulation du grand capital, ayant pour objectif de faire baisser les revendications sociales de l’ouvrier national et de surexploiter l’ouvrier immigré. Le populisme de droite comme de gauche semble être une coquille vide à remplir avec de multiples revendications, ainsi que le défini Ernesto Laclau.
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« Et ils apprennent aujourd’hui qu’un privilège à sens unique va être voté au Parlement. ». Cet extrait du discours incarne à lui seul la preuve du caractère populiste du discours d’Enoch Powell. En effet, « ils » correspond au peuple homogène et persécuté qu’il dépeint, le Parlement étant le symbole même de l’ordre légal, donc de l’establishment. Cette élite va voter un privilège « à sens unique » pour des populations immigrées, rendues responsables des malheurs de la Nation. Cette déclaration ne peut que faire échos à l’actualité récente.
Enoch Powell construit donc une rhétorique populiste afin de déconstruire les arguments en faveur de la loi sur l’interdiction des discriminations, qui permettrait aux immigrés de remplacer le peuple britannique. C’est plus largement l’immigration que condamne E. Powell, la rendant responsable de tous les troubles d’un peuple britannique de souche maintenu sous silence par des élites tyranniques. Caldwell donne raison aux prévisions chiffrées de Powell et les drames de l’actualité confirment la pertinence de sa rhétorique.
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