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Cette supercherie intellectuelle qu’est l’idéologie décoloniale

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Publié le

18 novembre 2019

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Une manifestation organisée par Génération identitaire a répondu à celle des islamistes. Dans ce contexte où les lignes de fractures se clarifient, l’idéologie décoloniale passe de l’ombre à la lumière. Généalogie intellectuelle d’une menace.

 

Presque cent un ans jour pour jour après l’armistice qui signa la fin de la Grande Guerre qui causa la disparition de près d’un million et demi de soldats et civils français, qui abima la vie de centaines de milliers d’autres et qui transforma une partie de la terre de France en paysages apocalyptiques, le pays pour lequel tant de braves sacrifièrent leur vie fut le théâtre d’une manifestation où islamistes et décoloniaux ont battu le pavé pour dénoncer l’islamophobie qui sévirait en France.

Une manifestation victimaire qui a eu l’indécence de se tenir quelques semaines après l’attentat de la Préfecture de Police et quelques jours avant le macabre anniversaire de celui du Bataclan, ponctuée d’insupportables références à la déportation, de discours suintant l’aspect confessionnel et de harangues où les noms de fervents républicains furent jetés en pâture à une foule haineuse.

 

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Mais en dépit de cette indécence symbolique, nous devons nous réjouir que cette manifestation ait eu lieu. Car, en dépit des dénégations surréalistes d’un Edwy Plenel, cette manifestation s’est montrée pour ce qu’elle était : un jalon dans la stratégie de partition de l’islamisme et de l’idéologie décoloniale. Or ce n’est que lorsque les masques tombent que les vérités peuvent être entendues et les supercheries démontées. Et parmi elles, le décolonialisme.

Apparue récemment dans le débat public français, l’idéologie décoloniale nait dans les universités américaines, au confluent de la réinterprétation de la French Theory et des travaux de néo-tiers-mondistes latino-américains.

En effet, le corpus développé par les auteurs déconstructivistes comme Althusser, Baudrillard, Deleuze, Derrida ou Foucault, va connaitre un vif engouement dans les universités américaines et contribuer, à partir des années 1980, à l’apparition des cultural studies, gender studies et postcolonial studies, dont le postulat initial est que notre monde, certes libéré politiquement, économiquement et militairement de la colonisation, demeure néanmoins structuré par l’hégémonie culturelle de l’Occident, du fait de la production des savoirs, de l’accumulation des connaissances et de la maitrise des représentations symboliques de soi et de l’Autre.

 

Rien n’est plus étranger à notre Histoire que l’existence d’un groupe ethnique, à l’image de celui des anglophones débarqués des bateaux, qui serait certes majoritaire mais qui ne serait qu’un groupe parmi d’autres. L’antiracisme des débuts l’avait compris, lui qui exigeait que l’on ne juge pas un nouvel arrivant sur autre chose que son assimilation.

 

A cela s’ajoutent les travaux d’intellectuels sud-américains, notamment Ramón Grosfoguel dont l’influence théorique a été mise en lumière par Gilles Clavreul dans sa Radiographie de la mouvance décoloniale, et qui marque une opposition entre colonialisme, phénomène historique, et colonialité qui renvoie à une structure permanente et transhistorique. Celle-ci prendrait la forme, dans les pays anciennement colonisés, d’une « application consciencieuse que mettent les élites autochtones à opprimer leur peuple en reproduisant des modèles hérités de l’ère coloniale, comme l’exploitation capitaliste, la fabrication d’une identité nationale fictive ou encore la mise en place d’une répression d’État », et dans les pays occidentaux, d’une « infériorisation des populations des anciennes colonies ou des descendants d’esclaves : Noirs aux États-Unis, Maghrébins et Africains en France, etc. [qui ne serait] en rien un dysfonctionnement ou un inaboutissement des idéaux démocratiques et égalitaires – car ceux-ci ne sont en définitive que l’ultime supercherie destinée à rendre acceptable la domination occidentale – mais bien un système global ».

C’est donc la conjonction des travaux de tiers-mondistes revanchards et de la relecture d’auteurs français par des universitaires d’un pays dont l’organisation sociale est multiculturelle car multiethnique, où la notion de race est une catégorie servant à analyser les rapports sociaux et dont l’histoire n’a été forgée que par les vagues migratoires successives, qui a été importée telle quelle en France et sert aujourd’hui de théorie politique à des militants souhaitant abattre la République qui ne serait qu’une fable, un instrument de cette colonisation symbolique et de la domination d’un groupe sur les autres.

 

Or tout dans l’histoire de France et dans sa tradition philosophique invalide cette vision du monde.

 

Tout dans notre histoire nationale se rapporte au reflux dans la sphère privée des identités particulières et à l’exaltation dans celle publique d’un sentiment du semblable. Il suffit pour cela de relire Tocqueville et la signification profonde qu’il donne à la Révolution, Renan et sa définition de la nation, Gauchet et le tableau qu’il peint de l’âme française. Rien n’est plus étranger à notre Histoire que l’existence d’un groupe ethnique, à l’image de celui des anglophones débarqués des bateaux, qui serait certes majoritaire mais qui ne serait qu’un groupe parmi d’autres. L’antiracisme des débuts l’avait compris, lui qui exigeait que l’on ne juge pas un nouvel arrivant sur autre chose que son assimilation.

 

Lire aussi : Fabrice Hadjadj : “Un peuple pose des actions à la mesure de ses chants”

 

Tout dans notre tradition philosophique se dresse contre cette doctrine fixiste qui permet de légitimer les statuts d’éternels colonisés et colonisateurs. Cette tradition que Kant résuma comme ce qui s’élève contre « le cri que l’on entend alors de tous côtés : “Ne raisonnez pas !” ». Ce n’est que parce que nous avons cessé d’être les prosélytes et les insatiables défenseurs et promoteurs de notre style selon le mot de Merleau-Ponty que la supercherie intellectuelle décoloniale se développe avec tant d’ardeur. Ce n’est qu’en assumant à nouveau cette longue et belle tradition historique et philosophique qui fait la particularité de notre civilisation que nous parviendrons à la démasquer.

 

Paul Godefrood

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