Portrait très commenté de l’annulation d’une cheffe d’orchestre qui donne son titre au film, Tár impressionne autant qu’il laisse perplexe. Rançon de sa maestria, le spectateur est rapidement pris dans un labyrinthe qui n’oublie jamais son Minotaure. Le film précédent du rare Todd Field, Little children – seize ans entre les deux – dénotait une hystérie puritaine occultée jusqu’à un final qui ne laissait guère de doute : tout désir non socialement admis mérite la punition. Celle-ci viendra également dans Tár, de façon programmatique mais maquillée par une structure éclatée qui brouille la réception des informations.
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Très documenté, le film fourmille de références pointues sur la direction d’orchestre qui passeront allégrement au-dessus de la tête des non-mélomanes, choix surprenant pour un film hollywoodien, même d’auteur. Chez Field, la réelle sophistication de l’écriture sert un but univoque mais déguisé : clouer au pilori qui outrepasse les limites. Tár est comme écartelé entre un couple de films qui nécessitent tous deux une revoyure pour en bien discerner les enjeux : Mulholland Drive et Caché. Du premier, il retient le saphisme et les relations de pouvoir dans un milieu artistique – beaucoup moins réfrigérés chez Lynch – une vision non-linéaire de l’espace et du temps, avec d’étranges chausse-trappes, ainsi qu’une atmosphère de culpabilité latente qui s’attache au personnage principal. [...]
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