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Coronavirus : avis de tempête sur l’économie mondialisée

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Publié le

10 mars 2020

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L’inquiétude sanitaire provoquée par le développement de l’épidémie mondiale de coronavirus a des effets désormais notables sur notre vie économique. Les indicateurs sont tous au rouge. Un vent mauvais souffle sur la France et l’Europe, comme si nous vivions un mauvais remake de film catastrophe des années 90 avec un pangolin remplaçant le singe au casting d’Alerte, du nom de ce nanard mené par Dustin Hoffman.  Entre la mise sous quarantaine de l’Italie, la pénurie de masques chirurgicaux et de gel hydroalcoolique en France, la tension des marchés et l’étrange impréparation américaine, nous pouvons commencer à avoir peur.  Bientôt la tempête ?

 

 La peur du nouveau coronavirus « covid 19 » est-elle rationnelle ? À en croire les médecins et un certain nombre d’experts, elle ne le serait pas vraiment. C’est leur rôle. Les professionnels de santé doivent veiller à ce que la population ne panique pas, de la même façon que les gouvernants. Comme l’a indiqué le professeur Didier Raoult , chercheur biologiste à l’IHU Méditerranée, d’autres coronavirus sévissent sur le continent européen depuis plusieurs années. Aucun n’avait encore toutefois suscité une telle frayeur que celle que génère le « covid19 ». Les images venues du Wuhan ont puissamment contribué à l’instauration d’un climat de psychose, ainsi que certaines déclarations. Les propos de Richard Hatchett, épidémiologiste internationalement reconnu, tenus sur Channel 4 n’étaient notamment pas de nature à rassurer : « C’est la maladie la plus effrayante que j’ai étudiée au cours de ma carrière. Plus qu’Ebola, le MERS ou le SRAS. C’est inquiétant en raison de la combinaison de deux facteurs : son extrême contagiosité et une létalité-dangerosité beaucoup plus haute que celle des différentes grippes saisonnières ».

 

Lire aussi : Coronavirus, cette maladie de la société ouverte 

 

La mortalité du coronavirus est de 3,4 % à l’échelle mondiale, avec d’importantes variations fonction des pays. Le taux de mortalité en Italie est, par exemple, très impressionnant. Il s’y élève à 4,2 % contre 0,6 % en Corée du Sud. Des différences qui ont été observées au sein même de la Chine continentale, le taux de létalité étant de 4,3 % à Hubei berceau de l’épidémie mais simplement de 1,7 % dans le Henan et de 0,5 % dans le Guandong.

En Italie, où des mesures radicales de confinement ont été prises dans les régions les plus touchées comme la Lombardie, le système hospitalier semble déjà à bout de souffle. 

En Italie, où des mesures radicales de confinement ont été prises dans les régions les plus touchées comme la Lombardie puis étendues au pays tout entier, le système hospitalier semble déjà à bout de souffle alors que l’épidémie n’a pour l’heure contaminé que 9.172 personnes. La Société de réanimation et d’anesthésie de la Botte a d’ailleurs fait savoir que le système hospitalier italien serait peut-être amené à faire des choix drastiques pour « réserver les traitements intensifs aux patients » qui « auront la meilleur espérance de vie ».

 

Chez nous, en France, l’épidémie semble refaire son retard sur celle qui touche actuellement nos voisins transalpins. Nous suivons pourtant une courbe parallèle, simplement décalée d’une dizaine de jours. Les contaminations très médiatiques de députés et personnels de l’Assemblée nationale, ou tout récemment de Franck Riester le ministre de la Culture, devraient du reste entraîner la population à faire preuve d’une plus grande inquiétude. Sûrement à juste titre.

Un pays comme la Chine n’a évidemment pas paralysé son économie sans raisons valables de le faire. Idem pour l’Italie.

Le covid19 peut potentiellement provoquer une catastrophe. Par son importante contagiosité, il se répand très vite. Par sa virulence, il provoque 20 % de cas sévères nécessitant très souvent le placement sous assistance respiratoire des patients. Les personnes âgées sont particulièrement exposées, de même que les personnes déjà fragiles sous traitement lourd. Pas de quoi ironiser. Un pays comme la Chine n’a évidemment pas paralysé son économie sans raisons valables de le faire. Idem pour l’Italie. Personne ne fait ça pour s’amuser, a fortiori avec un virus encore largement méconnu qui s’attaque au système immunitaire et peut laisser de graves séquelles.

 

Les pays frappés par l’épidémie prennent donc d’importantes mesures de confinement. L’Italie a placé sous cloche son poumon économique, qui représente de 40 % de son PIB … avant de mettre le pays tout entier en quarantaine. Pourquoi ? Tout simplement parce que pas plus nos voisins que nous-mêmes ne pourrions faire face à une épidémie massive. Nous n’aurions pas les capacités d’accueil dans les hôpitaux et nos économies sombreraient avec perte et fracas. Nous tentons donc de juguler la propagation du virus, de le maîtriser. Avec de grandes difficultés en France : une pénurie de masques chirurgicaux et de gel hydroalcoolique. La comparaison avec les grippes saisonnières est donc totalement invalide. La surmortalité de 2014 due au virus H3N2 n’étant même pas comparable avec le danger potentiel que représente le coronavirus.

Nous comprenons aussi que nous sommes dépendants de l’usine du monde qu’est la Chine, même pour des choses aussi bêtes que des masques de chirurgien ou des médicaments de base.

Il faut savoir que 2,5 millions de Français sont en moyenne contaminés par la grippe tous les ans pour environ 2.500 morts, soit un pour mille. Quand bien même le taux de mortalité du covid19 serait surévalué parce que nous sommes en début de crise, il apparait de toute évidence beaucoup plus important que celui des grippes saisonnières, y compris des plus récentes et des plus dangereuses. Idem pour les journées d’hospitalisation. Les grippes de la saison 2017-2018 – particulièrement chargée -, ont provoqué 69 hospitalisations pour 100.000 individus et 72 admissions en réanimation pour 1.000.000 d’individus (voir document en bas de page). Des chiffres éloignés de ceux actuellement connus pour le covid19.

 

Lire aussi : Bertrand Galichon : “Coronavirus : une psychose déraisonnée se met en place”

 

Les marchés, sensibles au risque, ne s’y trompent pas. Nous assistons présentement à un krach boursier impressionnant causé en grande partie par l’éventualité d’une pandémie. Le covid19 a provoqué un arrêt de l’économie chinoise, maintenant de l’économie d’une Union européenne qui ne peut pas se permettre ce luxe. Les secteurs du transport ou du tourisme sont particulièrement touchés. Nous comprenons aussi que nous sommes dépendants de l’usine du monde qu’est la Chine, même pour des choses aussi bêtes que des masques de chirurgien ou des médicaments de base. Notre perte de souveraineté économique s’accompagne d’une impuissance politique incarnée par l’Union européenne, incapable de faire face aux menaces, qu’elles soient migratoires en Grèce ou biologiques. Nous sommes insuffisamment préparés.

 

Les prévisions de la Deutsche Bank ou de la Barclay font froid dans le dos. La croissance de la zone euro pourrait ainsi être négative en 2020. Le cours du pétrole s’effondre et le CAC 40 a plongé sous les 4710 points, proche de son niveau de 1999. Une situation qui a obligé la Fed à injecter 150 milliards de dollars pour le refinancement à court terme, remettant une pièce dans la machine spéculative. Et si, finalement, le covid19 agissait comme le révélateur des tensions et des fragilités de l’économie mondialisée ? Cette panique, si elle s’appuie sur un risque bien réel et concret, quoique pour l’heure difficile à évaluer, est le signe d’une extrême volatilité de notre modèle de développement. La France et l’Union européenne doivent prendre ces avertissements au sérieux. Elles doivent surtout agir. Prévenir vaut toujours mieux que guérir.

 

Source : santépubliquefrance.fr

 

Gabriel Robin 

 

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