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« D’après une histoire vraie » de Roman Polanski : le carnage

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Publié le

6 novembre 2017

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Peut-on, d’un mauvais livre, tirer un bon film ? C’était la gageure de Polanski en adaptant le roman à succès de Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie.

 

Chacun est en droit de penser ce qu’il veut de la personnalité de Roman Polanski, de le trouver immoral ou de s’en foutre. Il n’en demeure pas moins que ce fut un cinéaste de grand talent. De son premier long métrage Le couteau dans l’eau à La Vénus à la fourrure, il n’y avait pas eu de fausse note. Des films moins réussis que d’autres, mais, nous semble-t-il, pas de véritable fiasco. Aussi la nullité de celui qui vient de sortir dans les salles nous interpelle-t-elle. Polanski est-il devenu gâteux ? A-t-il voulu complaire à sa compagne, Emmanuelle Seigner, en lui taillant un nouveau rôle sur mesure ? Invité par Claire Chazal dans Entrée libre sur France 5, le cinéaste expliquait que c’était la première fois qu’il confrontait ainsi deux personnages féminins. Mal lui en a pris car il s’est totalement fourvoyé. Soit donc, il n’était pas à la hauteur de l’enjeu ; soit, ce qui nous paraît plus vraisemblable, il a choisi un livre trop faible pour parvenir à quoi que ce soit de juste, d’intriguant et de profond.

 

 

Dès les premières minutes du film, on se demande quand le prestidigitateur Polanski va nous retourner tout cela, tant nous sommes assaillis par les clichés. Impossible qu’il tire ainsi sur les grosses ficelles du genre si ce n’est pas pour toutes les couper un peu plus tard et nous montrer que tout cela n’était qu’une farce. Tout y est : la caricature de l’écrivain femelle harassé par son rôle d’auteur à succès et l’éprouvante vie qu’elle mène : il lui faut tout de même signer son best-seller à une file interminable de fans, ce à quoi elle renonce, car vraiment, c’est trop dur la vie. Ensuite, il lui faut se rendre à la petite sauterie organisée en son honneur, mais elle n’en a pas envie et, bien vite, elle sème les groupies et les éditeurs qui se l’arrachent, pour finir seule dans la cuisine. Seule ? Non pas. La belle Eva Green est là, comme un ange, qui s’intéresse à elle (enfin quelqu’un s’intéresse vraiment à elle !) et lui fait boire de la vodka.

 

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Madame l’autrice à succès est harassée, elle décide de s’enfermer dans son loft parisien, évidemment à deux pas de la place de la République. Quand on pense que certains ont la joie d’aller tous les matins ou tous les soirs à l’usine, on se dit que la vie est vraiment trop zinjuste. Bien entendu, Eva Green (Elle, dans le film, comme Elisabeth – subtile jeu de mots) va s’introduire dans sa vie, parce qu’elle la jalouse, s’immiscer dans ses affaires et prendre possession de son rôle, de son corps, de son âme, sans que Delphine (personnage interprété par Emmanuelle Seigner) ne s’en aperçoive. Parce qu’elle est si transparente ? On ne sait pas. Longtemps, on songe qu’il va se passer quelque chose, que Delphine va se rebeller ou qu’elle prépare un coup sournois, l’air de rien. En fait non, il ne se passe rien de plus que ce qu’attendu dès la troisième minute du film,

 

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Polanski déroule son histoire, l’image est propre, la musique est belle, les actrices jouent bien, mais il ne se passe rien. Ou alors c’est à un tel degré d’ironie que l’on n’a rien compris. Le seul moment de vérité du film, ce sont les apparitions de l’insupportable Vincent Perez qui joue le rôle de l’insupportable François Busnel – l’animateur de La grande librairie sur France 5, l’admirateur de la littérature américaine contemporaine qui est à la ville le compagnon de Delphine de Vigan (qui elle-même est l’auteur du livre dont est tiré le film dans lequel elle parle d’elle et de lui, des reproches qu’on leur fait, du succès de ses livres, etc. Vertigineuse mise en abyme du néant contemporain dont Polanski a su filmer la vacuité : Delphine maintes fois attablée devant son MacBook sur lequel elle n’arrive plus à écrire (la fameuse angoisse de la page blanche, au cas où vous n’auriez pas compris)).

Bref, tout cela est écœurant. Nous ne sommes toujours pas sortis de l’entre soi germano-pratin qui se regarde gonfler le nombril et il est éminemment triste que Polanski y ajoute sa patte maladroite. La Vénus à la fourrure était réussi, mais Sacher-Masoch est d’une autre trempe que Delphine de Vigan dont le livre est si mauvais que même avec le concours d’Olivier Assayas, Polanski n’a pas réussi à tirer quelque chose de crédible. Comme nous sommes loin de Répulsion, de Rosemary’s baby, du Bal des vampires, de La Jeune Fille et la Mort

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