Il est de bon ton dans les milieux de souverainistes de voir dans tout défenseur des langues régionales un sécessionniste qui s’ignore ou un fédéraliste européen en puissance. La matrice jacobine est passée par là. Telle n’est évidemment pas notre approche de la question. Pour nous, la France est riche de sa diversité réelle : ses paysages aux nuances infinies, ses traditions multiples et variées et ses parlers régionaux qui enrichissent la langue nationale. Ces idiomes indispensables pour comprendre la toponymie ou apprécier l’appellation locale d’une espèce d’oiseau ont été depuis le milieu du XXe siècle victimes d’un génocide culturel faisant partie du vaste mouvement de destruction des enracinements décrit par Patrick Buisson dans son nouveau livre La Fin d’un monde (Albin Michel).
À l’heure où le ministre libéral Jean-Michel Blanquer s’oppose à de nouvelles avancées nécessaires à la sauvegarde des langues régionales, nous nous devons de réagir et de protester pour sauver et promouvoir ce patrimoine vivant sans lequel des pans entiers de l’histoire quotidienne de la France deviendraient incompréhensibles. En effet, le gouvernement a fait saisir le Conseil constitutionnel par des parlementaires de la majorité pour censurer la loi Molac adoptée le 8 avril. Comme disait en substance Anatole France, la République gouverne mal mais elle se défend bien.
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2 – Langues régionales contre Marianne : deux siècles de combats
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4 – Langues régionales : quand le corse prend le maquis