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Éditorial culture de l’été : Listes contraires

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Publié le

8 juillet 2022

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Le numéro 55 est disponible depuis ce matin en kiosque, par abonnement, et à la demande sur notre site. Voici l’éditorial culture, par Romaric Sangars.
plage

Je voudrais faire un bilan de l’année avec une liste, en hommage au regretté Jacques Drillon, pour la conclure de manière méthodique. Liste des événements sympathiques :

– Patrice Jean a reçu deux prix, mérités, pour son Parti d’Edgar Winger. Pour la plus grande gloire de la littérature. Amen.

– Avec la fin des restrictions sanitaires, les visages, dans les rues et les souterrains du métro, ont été à nouveau dévoilés. Sans doute que tout l’art occidental n’aura visé que cela, non pas tailler des masques aux tyrans, non pas façonner des idoles, mais dévoiler des visages.

– Après une année mouvementée et que la politique aura rendu spécialement fébrile et vulgaire, nous nous apprêtons à suivre les conseils des deux rockeuses de Wet Leg pour passer tout l’été : « on a chaise-longue, on a chaise-longue, on a chaise-longue, all day long on a chaise-longue ». Avec une vue imprenable sur l’apocalypse qui vient.

– Les Anglais disent aussi « chaise-longue » pour désigner ce meuble admirable, ce qui prouve qu’il s’agit d’une invention française, comme le « french kiss », et que nous avons apporté une certaine suavité au monde anglo-saxon dont celui-ci ferait bien de nous savoir gré. Le transat est une sous-catégorie de la chaise-longue, lancée d’abord sur les ponts des paquebots transatlantiques avant d’envahir les plages une fois votés les congés payés. J’ai toujours confondu les deux et le transat avec le « bain de soleil », qui en est une version plus horizontale encore, et il a fallu ce tube du printemps 2022 pour que je distingue enfin correctement ces différents objets. Il s’agit là d’un événement sympathique.

– Diam’s est reparue dans l’actualité mais elle n’a plus le droit de pratiquer la musique. Comme quoi, parfois, Allah est grand.

– Jean-Jacques Schuhl a publié un livre immortel, Apparitions, et le film-culte de son ancien complice, Jean Eustache, La Maman et la Putain, est ressorti dans les salles, restauré. Le génie français est encore bien vivace, ses monuments plus proches qu’on l’imagine. Dommage que ceux qui prétendent le défendre ne fassent en général même pas l’effort d’en être avertis.

Lire aussi : Éditorial culture de juin : Nec pluribus impar

Pour équilibrer ce résumé non-exhaustif, je le compléterai à présent d’une liste d’événements antipathiques.

– Le metal, cette contre-culture qui se revendiquait marginale il y a encore vingt ans, a désormais son parc à-thème, le « Hellfest », dont l’intitulé est en lui-même un risible oxymore, mais voilà que ce printemps, et pour la première fois, cette foire annuelle a été retransmise sur Arte, la chaîne franco-allemande accomplissant ainsi une inversion des valeurs typique de l’époque, selon laquelle tout ce qui était hier subversif et souterrain, mais aussi précaire, doit être érigé comme modèle équivalent à ce qui était autrefois considéré comme central. Le cancre volontaire avait son charme, il devient grotesque lorsqu’on lui met un costume et qu’on décide de le vouvoyer.

– On pouvait croire que des attentats réguliers sur le territoire, Notre-Dame en feu, une épidémie mondiale et maintenant la guerre en Europe représenteraient une conjonction favorable à redresser l’ambition créatrice des artistes et, d’une manière générale, à élever le débat. Tendez l’oreille, ils n’ont qu’une obsession : le sexe des genres. Tandis que tout les assiège.

– Une conspiration d’éditeurs et d’analphabètes continue de faire croire à Olivia Ruiz qu’elle a des facultés d’écriture. C’est cruel.

– Le réchauffement climatique a fait augmenter d’un ou deux degrés l’alcoolémie des vins français, voilà qui ne facilite pas les bouclages.

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