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Éditorial de Jacques de Guillebon : Crever avant d’être né

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Publié le

2 décembre 2022

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« Il n’y a pas, et il n’y aura jamais de droit à donner la mort, surtout à un fœtus non-coupable, et qu’on le grave au fronton des palais n’y changera rien. » Post-scriptum du numéro 59 par Jacques de Guillebon.
IVG

Il faut hélas faire ce navrant constat qu’il n’y a plus de parti de droite en France aujourd’hui. Peu nous chaut, dira-t-on. Certes, et ce n’est pas le combat de notre vie que de construire ou d’entretenir des partis de droite. Mais que des députés RN eux-mêmes votent en novembre un amendement, proposé par l’autre bord de l’Assemblée, pour « constitutionnaliser le droit à l’IVG » laisse rêveur. Ou laisse cauchemardeur.

Depuis 1973, ç’avait été une constante des partis dits de droite que de s’opposer d’abord à la dépénalisation, puis à l’extension, puis à la consécration comme droit, de l’avortement en France. Demain donc, si la proposition de loi passait les fourches du Sénat et qu’un référendum y était favorable, l’avortement, c’est-à-dire le fait de se débarrasser de plein gré de son propre lardon, serait inscrit dans les hauts marbres de la puissante constitution de la superbe Ve République. Et puis quoi, après ? On changera l’ONU en une vaste clinique planétaire pour y opérer à la file toutes les femmes du monde assez malheureuses pour y recourir ? Et puis quoi, ensuite ? On inscrira en lettres de feu le firmament, à coups de satellites Starlink « L’IVG EST UN DROIT SACRÉ DE L’ÊTRE HUMAIN », pour qu’aucun enfant, s’il naît, ne l’oublie jamais ? Et puis quoi, après ? On dira des messes à la divine pilule du lendemain ?

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En réalité, cet occident-là n’en peut plus de ridicule et terrorisé par les décisions inverses de la Cour suprême du grand frère d’outre-Atlantique croit que les Huns sont à ses portes. D’ailleurs, ils sont bien là, les Huns, mais ils se sont déguisés en brebis, et ce sont eux qui tiennent les portes et hurlent au loup quand ils sont eux-mêmes la destruction.

C’est-à-dire d’abord tous ceux qui par lâcheté, paresse, désintérêt ou imbécillité se sont laissé persuader que l’avortement non seulement était possible, mais était même salutaire et devait être pratiqué sur n’importe quelle femme, par n’importe quel temps et en toutes circonstances. Ces gens-là, qui font une nouvelle fois la démonstration de la puissance d’une propagande répétée sur les esprits, et pour qui désormais « les nouvelles souffrances se déguisent sous le nom des anciens plaisirs » sans qu’ils s’en soient aperçus, ces gens-là l’histoire ne leur fera même pas un sort : ils passeront vers ses poubelles et nul ne se souviendra d’eux – sauf de leur lâcheté.

Il n’y a pas de droit à l’avortement, au pire une tolérance pour certains cas bien définis, et cette représentation nationale qui s’est emparée d’un sujet qui la dépasse de bien trop loin se déshonore

Le reste, composé d’humanitaires de bon cœur qui nous faisaient croire et sans doute se faisaient croire à eux-mêmes que bien que ce soit toujours un acte terrible, une IVG restait une solution de moindre mal, ce reste-là est désormais obligé de convenir que son raisonnement était ou bien faux, ou bien mensonger : dorénavant, il faudra s’entendre répondre à chaque contestation du bien-fondé d’un avortement : « C’est-t-un-droit-constitutionnel ». Foutre. Il n’y a pas, et il n’y aura jamais de droit à donner la mort, surtout à un fœtus non-coupable, et qu’on le grave au fronton des palais, dans les plus profonds abîmes ou même dans le trou noir central de la galaxie n’y changera rien : il n’y a pas de droit à l’avortement, au pire une tolérance pour certains cas bien définis, et cette représentation nationale qui s’est emparée d’un sujet qui la dépasse de bien trop loin se déshonore, particulièrement les députés de droite, RN, LR ou apparentés qui auraient dû se rappeler qu’ils avaient une âme.

Mais peu leur importe, d’ailleurs ils voteront contre l’interdiction de la corrida, puisqu’on n’en est plus à une mise à mort près, finalement. Ils voteront pour la baisse des impôts de production parce que quand même, il faut bien jouir du fruit de son travail. Ils voteront des crédits à la culture de la betterave sucrière parce qu’il faudra bien de la bûche à Noël. Et le Français pourra bien continuer de crever. Il pourra même, c’est-constitutionnel-maintenant, crever avant d’être né. Bravo. Et Saint Noël.


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