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Éditorial de Jacques de Guillebon : Mais c’était qui ?

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Publié le

2 septembre 2022

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Le numéro 56 est disponible depuis ce matin en kiosque, par abonnement, et à la demande sur notre site. Voici l’éditorial de Jacques de Guillebon.
république

Il n’y a rien de plus intolérable que le mensonge, surtout quand il est généralisé. Intolérable moralement bien sûr, mais intolérable psychiquement encore, puisque c’est l’annonce de la disparition du sens. C’est en quoi nous autre chrétiens savons que si Dieu est amour, il ne peut être du même mouvement que vérité, et réciproquement. Ce qui nous apparaît une évidence, parce que le Christ a insisté toute sa vie publique durant, et combien plus encore pendant sa Passion, sur la recherche de la vérité comme nécessité et comme porte du Salut, ne l’a pourtant pas été pour toutes les époques, toutes les civilisations, toutes les religions. Croit-on que les mythologies antiques, grecque et romaine, par exemple soient des quêtes de vérité quand tous les dieux, innombrables, sont masqués, et quand tous les masques sont des dieux ? Le rusé Ulysse, comme son qualificatif l’indique, et quoiqu’il soit parmi les héros fondateurs de notre monde, fait bien fi de la vérité dans son périple et ses aventures. Seule lui importe sa patrie, et seul le bonheur qu’il y croit retrouver. Noble sentiment, et combien humain, mais point suffisant.

La vraie quête de l’occident, qui n’existe qu’en tant qu’il est chrétien, rappelons-le aux sbires paganisants ou athéisants, a pourtant toujours été celle de la vérité

La vraie quête de l’occident, qui n’existe qu’en tant qu’il est chrétien, rappelons-le aux sbires paganisants ou athéisants, a pourtant toujours été celle de la vérité, au moins depuis Socrate et Aristote, annonciateurs naturels de la révélation. Or, et c’est pourquoi nous entreprenons de parler de ça ici, ces dernières années auront vu se précipiter un régime de mensonge. Le naïf pensera immédiatement aux gouvernements réputés nous tromper – et il en est certains qui en ont fait profession, c’est vrai, comme la Chine ou la Russie, et leurs satellites orientaux ou africains, dominés par des satrapes sans scrupule. Mais cela n’est que le premier rideau du régime général de mensonge, car le mensonge n’est pas l’apanage des empyrées, mais le mensonge est parmi nous. Est dans nous. Et l’on a voulu nous faire croire ces derniers temps, comme dans un marxisme du pauvre, recyclé à foison, que le peuple, lui, possédait une vérité native, qu’il baignait même dedans chaque jour et que toute parole sortie de sa bouche était sertie de véracité. On a fait crédit à ceux qui cherchaient le moins la vérité de la posséder. Ce qui est en soi une preuve de ce régime de mensonge.

Qu’on en juge : d’un côté, des gauchistes incultes (faut-il le préciser ?) se réjouissent de « déconstruire » (alors qu’il existe un mot plus simple et plus vrai : détruire) l’être humain dans son entièreté, dans sa sexuation, dans ses mœurs, dans ses buts et sa finalité, arguant d’une liberté donnée sans contrainte par quoi tout ce qu’on prononce est censé se réaliser, sans se douter que le pouvoir que leur confère une technique qu’ils n’ont même pas créée eux-mêmes les condamne à terme à la servitude la plus totale.

Lire aussi : Éditorial de Jacques de Guillebon : Sous le canon du temps

Qu’on en juge : de l’autre côté, des droitards absurdes applaudissent au premier argument complotiste venu, qu’il s’agisse du climat, de la Russie, du vaccin et tutti quanti, dénonçant des lobbies de tout poil qui nous gouverneraient malgré nous et en douce (mais eux savent). On ne les entend pourtant guère dénoncer les lobbies du pétrole, comme Total, ou ceux du béton, tel monsieur Bouygues au hasard. Tant que les affaires continuent.

Bref, nulle part on ne sent (ou alors nous sommes mal informés, ce qui nous réjouirait comme hypothèse) de recherche de la vérité. Seulement de son intérêt, de celui de sa caste, tout ceci déguisé sous le nom de la liberté. En quoi, comme on le saurait si on travaillait un peu plus, et qu’on était un peu plus réactionnaire, se révèle une nouvelle fois ce fait que la liberté devient très vite l’ennemi de la vérité. Aussi, nous voilà Grosjean comme devant, sans plus savoir ou humainement nous réfugier : l’homme n’est plus un homme, Rome n’est plus dans Rome, la vérité paraît ne plus exister parce qu’ou elle n’est plus recherchée, ou les moyens pour le faire sont inadéquats. La question n’est même plus Qui suis-je ? mais : qui est cet autre que je prends pour moi ? Bref : mais c’était qui, comme disait le poète ?

C’était quoi cette réalité, c’était qui ce roseau pensant ? Voilà le travail qui nous attend : repartir de la première pierre d’angle, celle qu’ont rejetée les bâtisseurs, et tout recommencer.


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