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En finir avec la fin du clivage gauche-droite

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Publié le

5 octobre 2021

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Beaucoup nous promettaient, car ils l’espéraient, la fin du clivage gauche-droite. Il s’agit pourtant d’une opposition pluriséculaire qui renvoie à deux conceptions du monde indépassables, avec leur anthropologie, leur imaginaire et leur mystique respectifs.
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La victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle avait définitivement enterré le clivage gauche-droite, nous disait-on en avançant mille autres alternatives. Mondialisme/souverainisme pour les uns souhaitant mettre l’accent sur la capacité française à maîtriser son destin ; élitisme/populisme pour les autres plus soucieux de jeter un regard qualitatif sur nos modes de vie ; et mille autres propositions encore, souvent utilisées de manière interchangeable alors qu’elles ne le sont pas : être souverain ne dit rien de la politique intérieure, comme un contenant ne signifie rien du contenu.

Toutes ces propositions ne sont d’ailleurs qu’une déclinaison des clivages socio-culturels mis en évidence par le sociologue norvégien Stein Rokkan : Église/État, centre/périphérie, bourgeoisie/ouvriers et élites rurales/élites urbaines. Des clivages certes significatifs, mais qui ne suffisent pas à englober tout le politique : ils sont au mieux l’opposition principale sur une question qui s’est temporairement érigée au sommet de l’agenda. Sous leurs allures de renouveau, ces nouveaux clivages ne représentent donc rien de bien sérieux et pérenne sur le plan philosophique. Ironie du sort, au moment même où le clivage était supposé disparaître, tous répétaient (à tort) que la droite avait gagné la bataille des idées. Étonnante que cette victoire posthume !

Lire aussi : Le mythe de l’homme providentiel

Pourquoi donc parler de ces nouveaux clivages ? Car ceux qui les portent espèrent tirer les marrons du feu électoral. Marine Le Pen parle de mondialisme/souverainisme parce qu’elle espère bouleverser les logiques partisanes actuelles pour récupérer une partie de la gauche. Inutile de préciser qu’elle se met le doigt dans l’œil, car pareille recomposition peut fonctionner sur une question précise – le référendum de 2005 par exemple, et encore, il faut préciser que chaque camp a voté négativement pour des motifs différents – mais certainement pas sur le temps long, et ça ne s’est d’ailleurs jamais vu. La droite en a d’ailleurs fait l’expérience il y a un peu plus d’un siècle : organisés contre l’ordre bourgeois, les Cercles Proudhon mettant en dialogue syndicalistes révolutionnaires et royalistes ont vite volé en éclats. L’alliance des « extrêmes » est une chimère : en plus d’être en désaccord, la gauche refuse de travailler avec la droite. [...]

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