Le mythe de l’homme providentiel 
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C’est qu’à bien des égards, la droite ne jure que par cet homme providentiel qui occupe une place si importante dans son imaginaire : depuis la mort du roi – ce père généreusement désigné par la tradition, et/ou Dieu-donné – elle n’a de cesse de chercher un tuteur de substitution auquel se donner, qu’il se nomme Bonaparte ou Napoléon III, Boulanger ou Pétain, de Gaulle ou Chirac. Les uns réclament un monarque, les autres un empereur, les autres encore un despote éclairé ou un tribun. Toujours la personne, jamais l’institution et ses mécanismes.
Si la droite, contrairement aux socialistes ou aux libéraux, n’a d’ailleurs jamais su se nommer doctrinalement, c’est qu’elle n’était que – mais c’est déjà beaucoup – légitimiste, autrement dit fidélité a une figure. C’est que la droite, nobiliaire par essence car adepte du principe de hiérarchie, préfère la légitimité à la légalité et la relation interpersonnelle au rapport de droit. Elle choisit l’homme de chair plutôt que la rhétorique très managériale du projet ou celle très gauchisante du plan – qui toutes deux postulent un monde malléable à souhait – et réclame un chef qui soit tout à la fois fruit et incarnation de sa vision du monde. Se joue un certain rapport à la volonté et à l’ordre naturel : à bien des égards, la sensibilité de droite hait le volontarisme, péché originel et cosmos obligent. L’homme providentiel est ce héraut qui, transcendentalement donne pour dominer les flots, est seul légitimement habilite à agir. Au fond, l’homme providentiel est une saine mythologie d’humilité, de justice et de confiance, à forte connotation catholique.
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Reste qu’à l’époque démocratique, cette mythologie peut vite se transformer en une attente anesthésiante si elle stérilise la besogne politique habituelle : prospective intellectuelle, diagnostic des problèmes, évaluation des politiques publiques, travail de propositions et sélection des instruments. Certes, la politique qui n’est que programme nu ne vaut rien, car nous n’abordons jamais ou l’on souhaiterait, et plus encore ignorons les crises qui modifieront sensiblement les desseins de l’exécutif – le virus a magnifiquement enterre le big bang structurel promis par la macronie. [...]
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