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Fabrique de l’homme actuel

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Publié le

3 avril 2019

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Nous conversions avec Patrice Jean et Olivier Maulin autour d’une bouteille de blanc sec et considérions comment l’imprégnation culturelle forgeait ou froissait les âmes. Dans le beau roman de Patrice Jean, on trouve l’exemple de Jimmy, spécimen d’individu moderne formaté par la tétralogie banlieusarde rap-jeux vidéopétard-porno.

 

Bien sûr, nos démagogues, qui sont des nihilistes comme tous ceux qui transigent, chercheront à prouver que Booba c’est Rimbaud, que le jeu vidéo représente autre chose qu’une hypnose débilitante, que le pétard (à haute dose) n’est pas un soporifique cérébral et que le porno n’a rien à voir avec une réification des corps.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Sous la cendre

 

Mais ce qui apparaissait depuis cette observation, c’est que des moyens techniques et humains formidables auront été mobilisés pour produire une « culture » dont le résultat est l’abrutissement critique de ceux qui s’en nourrissent.

Et les intoxiqués ne se trouvent évidemment pas qu’en banlieue, loin de là, simplement, c’est en banlieue que la misère culturelle, identitaire et spirituelle nationale – ou plus exactement, post-nationale – est la plus patente ; les anticorps les moins nombreux; le désastre contemporain le plus visible. Et c’est là tout le paradoxe de l’époque, cette profusion des moyens, cette nullité des résultats.

 

Des satellites veillent en orbite autour de la planète pour retransmettre en haute définition le cul d’une Kardashian et pour qu’une jeune fille, au lieu de faire face à sa mort, à l’amour, au vertige, à la sublimation possible, s’en détourne, s’obnubile sur du vide, et ne suspecte rien du mystère immense à quoi elle était destinée.

 

Durant des siècles, des efforts auront été fournis pour fabriquer non pas des objets ni des simulacres, mais des hommes et des femmes de meilleure qualité. Des prêtres, des chefs, des professeurs, des parents, des amants, des artistes, chacun selon sa manière, se seront entièrement livrés en ce but. Ceux-ci se livrent encore, bien sûr, mais d’autres rouages agissent qui, au lieu de libérer les êtres, c’est-à-dire leur puissance de feu, les éteignent.

Aujourd’hui, l’abêtissement dispose de recours d’une sophistication diabolique. Des satellites veillent en orbite autour de la planète pour retransmettre en haute définition le cul d’une Kardashian et pour qu’une jeune fille, au lieu de faire face à sa mort, à l’amour, au vertige, à la sublimation possible, s’en détourne, s’obnubile sur du vide, et ne suspecte rien du mystère immense à quoi elle était destinée.

Décidément, le talent demeure la plus spectaculaire des technologies. Nicolas Besançon, par exemple, que nous avons rencontré ce mois-ci, grâce au sien, éclatant, est capable, en s’appuyant sur celui de William Douglas Home et sur celui de ses comédiens, de hisser un simple vaudeville à un degré de brio extatique tel qu’il nous rappelle que ce n’est pas tant le sujet que la manière qui compte ; qu’on forge aussi des hommes en révélant leurs masques.

 

 

La gageure est d’échapper à l’automatisme. L’idéologie est un automatisme, le cliché est un automatisme, la bêtise est un automatisme et la technologie, avec ses séductions faciles, sert souvent l’automatisme bien davantage que l’intelligence. Briser l’automatisme, voilà ce que peut l’esprit, voilà ce que toute œuvre d’art devrait avoir comme objectif.

Et c’est pourquoi d’une œuvre à la suivante, d’un genre à l’autre, sur tel ou tel support, dans toutes les circonstances, il est sain de prôner l’effraction.

 

Romaric Sangars

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