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Gérard Collomb : l’ennemi de l’intérieur

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Publié le

3 octobre 2018

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Pour l’observateur attentif de la vie politique française, la démission de Gérard Collomb est autrement plus intéressante que celle de Nicolas Hulot. À cela, trois raisons.

 

D’abord, cette nouvelle défection d’un ministre d’Etat s’inscrit désormais dans un mouvement général, témoignant d’une défiance du vieux monde comme du nouveau à l’égard du président Emmanuel Macron. Ensuite, le discours tenu par Gérard Collomb lors de son passage de témoin à son successeur en urgence, le Premier ministre Edouard Philippe, était traversé d’éclairs inattendus de lucidité. Last but not least, Gérard Collomb est bien du genre à quitter le navire avant qu’il ne sombre, vieux singe de la politique nationale qu’il est.

Le 6 septembre, probablement encore sous le choc de « l’affaire Benalla », pour laquelle le « premier flic de France » ne s’était pas montré particulièrement solidaire de l’Elysée, laissant la porte ouverte aux suppositions – comme si derrière l’altercation en marge des manifestations, point de départ du dossier, se cachaient d’autres secrets, sinon une défiance généralisée des services de l’Etat – ; Gérard Collomb déclarait, dans un style très vieux monde, nourri de références grecques : « L’hubris c’est la malédiction des dieux, quand à un moment donné vous devenez trop sûr de vous, que vous pensez que vous allez tout emporter. Il y a une phrase qui disait : “les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre”, donc il ne faut pas que nous soyons dans la cécité ». Il visait explicitement le président Macon, qu’il fut pourtant l’un des premiers à soutenir, fidèle parmi les fidèles, artisan du succès du XVIII Brumaire du centrisme, lui-même symbole de ce rapprochement entre gauche et droite, entre adversaires qui, hier encore, luttaient à mort pour la domination du paysage politique français.

 

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Frappé par l’hubris Jupiter ? Déconnecté des Français du quotidien ? C’est bien ce que sous-entendait Gérard Collomb quand, réuni en petit comité avec des journalistes de la presse quotidienne régionale, il affirmait que les Français, plus encore les provinciaux, ne se reconnaitraient pas dans ces expressions technocratiques et absconses qu’utilisent les responsables de la communication élyséenne, dans le plus pur style des écoles de commerce, telles que « la nouvelle grammaire de la politique » ou la « start-up nation », devenue punchline pour moquer les manières et le champ lexical si anglo-saxon d’Emmanuel Macron et de ses proches. Pour mieux montrer à Emmanuel Macron qu’il devrait se méfier, et que son ascension si brutale et précoce pourrait l’entrainer dans une chute extrêmement douloureuse, Gérard Collomb décidait donc de dérègler les horloges du maître en imposant son propre agenda, en démissionnant pour retourner dans sa province, en défiant son jeune supérieur : le chef de l’Etat en personne.
La relation entre les deux hommes, autrefois très complices, a donc cédé la place à la rancœur. Gérard Collomb ne pouvait pas rester en poste en étant en conflit avec Emmanuel Macron et avec Edouard Philippe, les deux hommes entretenant une animosité terrible et presque physique. N’oublions pas que le Lyonnais fut l’un des premiers à soutenir Ségolène Royal et François Hollande … mais aussi le premier cacique du Parti socialiste à les lâcher quand ils commencèrent à dérailler. Le sens politique de Gérard Collomb est particulièrement aiguisé. Redoutable animal politique, le ministre de l’Intérieur pense-t-il que le président Macron se trompe et qu’il est temps de faire ses adieux avant le naufrage ? A-t-il connaissance de faits annexes à l’affaire Benalla que nous ignorons, en sa qualité d’ancien ministre de l’Intérieur, et donc d’homme le mieux informé de France ?
Tout cela ne serait pas très important si cette démission n’avait pas été suivie de déclarations lourdes de sens, presque inédites : « Le terme de reconquête républicaine prend dans ces quartiers tout son sens. (…) Il faut assurer la sécurité dans ces quartiers mais il faut fondamentalement les changer. Quand les quartiers se paupérisent, se ghettoïsent, il ne peut y avoir que des difficultés (…) On vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face, nous sommes en face de problèmes immenses ». Un aveu d’impuissance qui ne peut que glacer, rappelant les mots de François Hollande relatifs à la « partition territoriale » de la France dans Un Président ne devrait pas dire ça.

 

Lire aussi : « Pendez les blancs » : ne rien dire c’est laisser-faire

 

Gérard Collomb se contente cependant de dire ce que pensent depuis très longtemps les plus lucides qui font le constat de la division de la France en multiples entités ethno-culturelles et économiques concurrentes. Emmanuel Macron a-t-il pris la mesure du danger ? De la montée de la haine des blancs, phénomène qui fait présentement système, intellectuellement justifié par des considérations pseudo-scientifiques tirées de la sociologie ? De l’expansion conquérante de l’islamisme dans certaines zones du territoire ? De la nature nihiliste de l’ultra violence des rues en 2018 ? Du fait que des quartiers vivent presque entièrement de l’économie parallèle ? Des difficultés des policiers pour assurer correctement leurs missions de maintien de l’ordre public ? Plus généralement, du recul de la civilité qui faisait l’essentiel de notre civilisation ? Entouré par des personnalités troubles, ainsi d’Aurélien Taché qui réclame des députées voilées et prétend que les jeunes voyous torses nus de Saint-Martin représentent le « visage » de la France de demain, le président semble n’avoir pas vraiment d’empathie pour les Français, ni mesurer les souffrances d’une nation majeure qui voit son histoire s’évanouir et son peuple progressivement s’effacer. Jupiter devrait veiller à ne pas se transformer en Icare ou en Œdipe, tous deux aveuglés par leur hubris.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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