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Emmanuel Razavi : “Par naïveté, une partie de la gauche antiraciste est instrumentalisée par les islamistes”

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Publié le

21 novembre 2019

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Emmanuel Razavi est grand reporter à GlobalGeoNews, spécialiste du Moyen Orient et des Frères musulmans. Alexandre del Valle est géopolitologue et essayiste. Ils ont publié ensemble Le projet, un ouvrage copieux synthétisant  et révélant les travaux des Frères musulmans pour islamiser l’Europe. Entretien.

 

Le titre de votre ouvrage, co-écrit avec le géopolitologue Alexandre del Valle est explicite : le Projet. Vous expliquez d’ailleurs qu’un important document au titre éponyme est découvert par les services suisses au domicile d’un membre helvétique des Frères Musulmans, Youssef Nada, suite aux attentats du 11 septembre 2001. Quel est donc ce « projet » ?

 

En 2001, la maison de Lugano du « banquier » des Frères musulmans en Europe, Youssef Nada, président de la Taqwa Bank, fut perquisitionnée dans le cadre d’une enquête des agents de la «Task Force» antiterroriste mise en place après les attentats du 11 septembre. Les agents saisirent un texte de 14 pages préparé en décembre 1982, intitulé “Le projet”. Il présente un plan de conquête et d’islamisation du pouvoir mondial en 12 points par divers moyens comme la propagande, l’infiltration, l’entrisme, la promotion du « jihad guerrier » (à l’extérieur) et du « jihad verbal » (en Europe). Il y est stipulé que les Frères musulmans ne doivent pas agir au nom de la Confrérie mais s’infiltrer dans des organismes existants pour ne pas être repérés.

 

Lire aussi : Interdire le voile, ou interdire l’islam ?

 

Parmi les recommandations, “accepter une coopération provisoire entre les mouvements islamiques et les mouvements nationaux.” (Cf la manif contre “l’islamophobie”, NDLR). “S’aider de systèmes de surveillance divers et variés, dans plusieurs endroits pour recueillir des informations et adopter une communication avertie et efficace à même de servir le mouvement islamique mondial (…).  Inviter tout le monde à participer aux conseils parlementaires, municipaux, syndicaux et à d’autres institutions dont les conseils sont choisis par le peuple dans l’intérêt de l’islam et des musulmans (…).”

Il stipule aussi de produire des études sur les Juifs, considérés comme les ennemis. Ce « Projet » reprend des idées développées dans les années 1960 dans le journal de Saïd Ramadan, Al Muslimoun. Je tiens à souligner que notre confrère suisse du Temps, Sylvain Besson, avait déjà alerté sur la teneur de ce document, que nous décryptons dans le livre, avec un complément très important de témoignages directs des cadres de la confrérie islamiste recueillis durant plusieurs années, dans plusieurs pays, ce qui fait de ce livre un document exclusif.

 

En France, l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), devenue Musulmans de France, est vue comme la branche française de la Confrérie. Quelle est son influence réelle et sa stratégie pour islamiser la société française ?

 

L’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) a été placée sur la liste des organisations terroristes de pays comme les Emirats Arabes Unis, quand en France, elle a mis en place un réseau d’associations loi 1901 à objet socio-culturel, faisant du lobbying partout sur le territoire, auprès des collectivités, des élus et des médias. Sa stratégie a consisté à jouer la carte de la victimisation depuis trois décennies, notamment en surmédiatisant la première affaire du voile de 1989, ou encore en portant plainte contre Charlie Hebdo lors de la publication des caricatures. Elle veut prendre le contrôle de l’islam de France, et se positionne aux yeux des médias comme représentant les musulmans français, ce qui est dans les faits totalement ubuesque, compte tenu de sa ‘’filiation’’ philosophique avec la confrérie islamiste, laquelle est détestée par la plupart des musulmans.

 

L’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) a été placée sur la liste des organisations terroristes de pays comme les Emirats Arabes Unis, quand en France, elle a mis en place un réseau d’associations loi 1901 à objet socio-culturel, faisant du lobbying partout sur le territoire, auprès des collectivités, des élus et des médias.

 

L ‘UOIF s’est en effet rebaptisée Musulmans de France, et regroupe 600 associations réparties sur le territoire français, lesquelles oeuvrent dans les secteurs du social, de l’éducation, de la culture ou de la formation des imams. Dans les faits, elle accueille lors de ses manifestations des membres influents de la confrérie comme Youssef al Qardawi qui a prôné le Jihad et les actions kamikazes. Pour être très clair, les Frères Musulmans ont un projet qui est d’imposer la charia en France. Ensuite, depuis la France, ils entendent islamiser le reste de l’Europe. Ils le disent et l’écrivent dans plusieurs documents. Il faut les prendre au sérieux, car la menace est réelle.

 

Vous développez la notion de « da’wa”, la prédication islamique, vue comme l’équivalent politique du jihâd par les Frères Musulmans et pratiqué par eux. Quels sont les liens entre ces militants de l’islam politique et les groupes jihâdistes, et dans ce contexte, quel rôle joue la da’wa ?

 

Il faut comprendre que le jihad des Frères Musulmans est global. A l’origine, ce mouvement islamiste-révolutionnaire a d’ailleurs opté pour un mode opératoire reposant à la fois sur l’action politico-religieuse, et de l’autre sur la création de groupes armés. Ajoutez à cela le renseignement, et l’infiltration… Les prédicateurs de la confrérie forment un bout de la chaine, quand les jihadistes composent l’autre. Les premiers usent des faiblesses de nos démocraties, quand les autres posent des bombes. Il faut bien comprendre que l’organisation des Frères Musulmans, qui a soutenu en son temps le régime nazi, est la matrice du jihadisme contemporain. Il suffit de lire ses textes fondateurs pour le comprendre. Le lien est par exemple opéré des théoriciens comme Qardawi ou Jassem Sultan supposés fréquentables, mais qui encouragent des jeunes au Jihad.

 

Lire aussi : L’islam à l’épreuve de la critique historique

 

Une des stratégies de ceux que votre coauteur Alexandre Del Valle appelle « les coupeurs de langues » est le « jihâd judiciaire et sémantique ». En quoi cela consiste-t-il précisément ?

 

Alexandre del Valle est l’un des plus grands spécialistes des textes de la confrérie et de sa stratégie. Il faut vraiment l’écouter. Parmi de nombreuses choses, il explique ainsi depuis des années que les Frères Musulmans mettent sous pression judiciaire les journalistes, les politiques et les intellectuels qui osent dénoncer leur projet de conquête. Ils utilisent par exemple le terme victimaire islamophobie des que l’on ose les critiquer. Or, ce sont des islamistes, et non des musulmans lambda. Ils utilisent ensuite cet amalgame pour attaquer leurs adversaires en justice. Même s’ils sont assurés de perdre, cela coute cher à ceux qui les dénoncent, et les met sous pression financière. C’est leur façon à eux de faire de la dissuasion. Il faut être clair : le terme islamophobie, même s’il remonte au début du 20 ème siècle, fait partie de la sémantique islamiste qui vise à empêcher toute forme de critique. Il sert à une forme de prise d’otage verbale, financière et judiciaire.

 

Dans le dernier chapitre, vous expliquez que les progressistes occidentaux sont les « idiots utiles » des Frères Musulmans. Pourquoi ?

 

Souvent par naïveté et manque de culture historique, une partie de la gauche et des associations antiracistes ont été instrumentalisées par les islamistes. Elles sont tombées dans le piège de l’amalgame, considérant que critiquer l’islamisme, c’était s’en prendre aux musulmans. C’est exactement ce que voulait la Confrérie. Toutefois, à l’extrême gauche, il y a aussi des points de convergence idéologique avec les Frères Musulmans, notamment sur les thèmes de l’anticolonialisme, de l’antisionisme et de l’anticapitalisme. Cette convergence des idéologies à conduit à une réduction « ad Hitlerum » de tous ceux qui ont dénoncé la stratégie de la confrérie.

 

 

Ces mêmes gens de gauche vont aujourd’hui manifester aux côtés des porte-voix de l’organisation et donnent des leçons d’antiracisme, sans même savoir que celle-ci représente l’extrême droite musulmane, et qu’elle a engendré des organisations terroristes comme Al Qaïda. Je rappelle que Ben Laden été formé par les Frères Musulmans, et que Zawahiri, le numéro 1 actuel d’al Qaïda a été fortement influencé et soutenu par celle-ci, comme nous l’a raconté son oncle et mentor Mahfouz Azzam. Les idiots utiles, ce sont enfin ces soit disant féministes qui prétendent que le voile est un choix. Le voile est un symbole patriarcal instrumentalisé par les islamistes. Ceux qui liront notre livre comprendront aisément comment les Frères ont fait de ces naïfs un élément de leur stratégie de conquête. Car tout a été pensé par leurs théoriciens.

 

Face au danger du « Projet » de la Confrérie, c’est-à-dire la conquête et la soumission par et à l’Islam de l’Occident, vous citez l’exemple de l’Autriche, qui a su s’opposer à la stratégie des Frères Musulmans. On pourrait citer également le Danemark. Alors, concrètement, comment faire pour empêcher l’islamisation de la France, de l’Europe, et plus largement, de l’Occident ?

 

Nous pensons, avec Alexandre del Valle, qu’il faut interdire toutes les associations liées à la confrérie. Car on ne peut pas lutter contre le terrorisme sans lutter contre sa matrice idéologique. Les services de renseignement français, qui font un travail remarquable, les connaissent. Il suffit maintenant de faire preuve de courage politique, sans tomber dans les amalgames. Il faut aussi interdire toutes les tentatives de prosélytisme religieux à l’école, dans les institutions et les entreprises quelles qu’elles soient, car ces dernières sont de plus en plus infiltrées, dans le domaine des télécoms ou des transports. Mais cela ne suffit pas. Une forme de pédagogie est aussi nécessaire. Il faut en effet se réapproprier nos valeurs, notre histoire, nos traditions. En clair, ne plus accepter le communautarisme qui tend à déconstruire nos valeurs. Devenir français, c’est adhérer à des valeurs humanistes, à une histoire, à un projet de société. L’éducation nationale et les enseignants ont un rôle très fort à jouer. C’est en fait un plan d’envergure nationale qu’il faut mettre en place contre l’islam radical.

 

Propos recueillis par Emmanuel de Gestas

 

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Le projet

Alexandre del Valle et Emmanuel Razavi

Éditions l’artilleur

560 pages, 23€

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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