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La fin des temps et le poids de la charité vigilante

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16 mai 2023

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Et si l’ampleur du pourrissement des sociétés occidentales indiquait l’arrivée de la fin des temps ? Les apparitions de Fatima nous enseignent que seule la puissance du bien peut faire reculer cette fin.
Arche de Noé

« Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le “mystère d’iniquité” sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 675).

Ce qui est problématique, c’est que nous avons du mal à croire à l’avènement de ce terme ultime de l’Histoire et donc, a fortiori, à « l’épreuve finale » qui en sera inéluctablement la préparation. Quelque chose en nous tend à nous faire penser que l’Histoire n’aura pas de fin, pour cette raison simple : nous n’arrivons pas à concevoir que notre propre temps puisse être le dernier. Le matérialisme ambiant et ses rêves d’immortalité n’arrangent rien. Nous nous disons : « Ce sera un autre temps, un autre jour, plus tard », et ainsi une génération après l’autre se dit la même chose. Il y aura néanmoins, forcément, un temps, une année, un mois et une semaine précis, sur lesquels le cours de l’Histoire se fermera, sans même que l’on puisse dire « à jamais », puisqu’il n’y aura plus de temps.

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Pourtant, à la veille même de cette circonstance, la plupart des hommes tiendront probablement encore le même discours. Rappelons-nous cette époque où «la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et (où) toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal », dans une « terre pleine de violence à cause d’eux » (Genèse, 6,5), que saint Pierre a appelé « un monde de méchants » (2 Pierre, 2,5). Quand le Déluge vint, les hommes continuaient de projeter leurs malices sur des temps ultérieurs qui ne vinrent jamais pour eux.

La comparaison n’est pas artificielle. Le Christ l’a lui-même justifiée par ces mots : «Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme » (Matthieu, 24, 37-39). Le Christ avertit d’ailleurs ses propres fidèles qu’ils risquent bien de n’être pas plus perspicaces : «Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra » (Matthieu, 24, 44).

Par une réciprocité des causes, ce travail de sape de l’ordre naturel est accompagné, hélas, par l’effondrement inouï de pans entiers de l’Église visible, du moins en Occident

Tout ce récit rapporté par saint Matthieu serait à citer ; chacun peut le relire. Il fait état d’événements qui ne sont pas sans rappeler les nôtres : faux prophètes, politiciens ou clercs, guerres et bruits de guerre, refroidissement de la charité, haines destructrices des tissus sociaux élémentaires. Le discours du Christ s’achève sur un avertissement solennel que beaucoup de chrétiens se refusent aujourd’hui à accepter, à savoir qu’à la fin de l’Histoire, qui fera écho à la fin de l’histoire de chacun d’entre-nous ici-bas, il y aura salut pour les uns et damnation pour les autres.

Il est donc raisonnable de penser que notre propre génération ou celle de nos enfants puissent être la dernière. Après tout, les premiers chrétiens s’étaient accoutumés à cette idée, et nous avons plus qu’eux de raisons de le penser. À la fois à cause de l’écoulement du temps, bien sûr ; mais surtout à cause de l’ampleur du pourrissement des sociétés occidentales, dont les appétits de subversion vont jusqu’à la destruction de la création. Ironie de l’histoire : sur l’ordre de Dieu, Noé fit monter dans l’arche chaque vie à sauver, en précisant : « Ce sera un mâle et une femelle » (Genèse 6,19). L’idéologie moderne, en cherchant à effacer cette distinction fondamentale, travaille à ce qu’il n’y ait plus personne à sauver.

Par une réciprocité des causes, ce travail de sape de l’ordre naturel est accompagné, hélas, par l’effondrement inouï de pans entiers de l’Église visible, du moins en Occident. À de saintes et tout de même nombreuses exceptions près, le monde catholique s’est avachi dans un naturalisme généralisé. Beaucoup de clercs, pris de la folie antédiluvienne de ceux « qui ne se doutent de rien », ont applaudi et applaudissent toujours à ce transformisme de l’Arche du salut, analysé comme un « progrès » réconciliant enfin, à leurs yeux, l’Église et le monde. C’est l’illustration même de ce que le Catéchisme appelle ci-dessus « une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité ».

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Ce qui laisse tout de même toujours en suspens cette issue de fin du monde, dont personne ne connaît ni le jour ni l’heure, c’est la puissance réelle, silencieuse, mystérieuse du bien. Le 13 mai, l’Église et ses enfants ont de nouveau fêté l’anniversaire de la première des apparitions de Fatima en 1917. La Sainte Vierge nous invite depuis lors à prier pour notre conversion et celle du monde. Cela ne veut pas dire que, par la prière, l’Histoire créée, qui a eu un commencement, n’aura pas de fin. Cela veut dire que celle-ci, dans le dessein providentiel de Dieu, peut être reculée ; que l’espace historique du champ du salut des hommes de bonne volonté peut être dilaté par l’énergie féconde de la charité surnaturelle, qui vient du Cœur même de Dieu. Après tout, « Dieu a le temps », au sens strict. Qui sait si la fin du monde ne serait pas déjà advenue si l’humanité, toute pécheresse et folle qu’elle est, n’était pas suspendue – fût-ce malgré elle – à la toute-puissance de la prière des saints ?

C’est une vérité formidable à laquelle il faut s’attacher quotidiennement, et spécialement au souvenir de la visite de la Reine du Ciel à d’humbles pastoureaux : chaque acte surnaturellement bon que nous pouvons faire, chaque grain du chapelet que nous égrenons, chaque souffrance que nous offrons, pèsent puissamment dans la balance de l’Histoire en faveur du recul des forces du mal, quelles qu’elles soient, et de l’expansion de l’infinie Miséricorde de Jésus sur l’univers.

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