« Samba, j’ai un sujet de dissertation sur l’émancipation, tu peux m’aider ? ». Cette réplique, adressée au héros de Twist à Bamako par son jeune frère, rend bien compte des thématiques à l’œuvre chez Robert Guédiguian, une croyance en la solidarité et en la transmission, un désir de changement et d’amélioration de l’homme qui transparaissent dans des fictions le plus souvent didactiques ou naïves sises à Marseille – son camp de base – ou ailleurs. Le cinéaste d’origine arménienne est « engagé », comme ils disent. Il est donc soumis à un dogme qui rend ses films emphatiques et très calculés, et ce n’est pas le carré d’as inversé dont il sort qui va nous contredire : La Villa (2017), du Tchekhov pachydermique qui aurait oublié toutes les qualités de son modèle, Gloria Mundi (2019), un drame social à gyrophares intégrés, Twist à Bamako (2021) puis Et la fête continue! (2023), deux récits choraux péniblement remplis à ras bord de tous les sujets possibles et qui prennent le Mali de l’indépendance et la cité phocéenne post-Covid comme lieux putatifs mais souhaitables d’implantation du socialisme réel. Une vie meilleure est-elle possible ? Cette question qui tarauda l’auteur de La Mouette, l’une de ses influences évidentes, parcourt toute l’œuvre de Guédiguian, mais ses personnages raides et conscients la tirent un peu trop vers du Brecht simplifié. Les scénarios peinent à sortir du manichéen, et le recours trop fréquent à un registre dramatique qui ne lui convient pas, notamment par le biais du film noir, appesantit ce qui n’est déjà pas léger. [...]
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