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Le ballet Raymonda : puissance et élégance à l’Opéra de Paris

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Publié le

10 décembre 2019

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Oeuvre méconnue et souvent délaissée, Raymonda est représentée à Bastille jusqu’au 31 décembre. L’Opéra de Paris s’attaque là à un « morceau » technique mis aux oubliettes de l’histoire de la danse. Se fondant sur l’héritage chorégraphique de Rudolf Noureev qui réadapta en 1990 cette oeuvre, Paris renoue cette année avec l’exotisme en proposant aux spectateurs un voyage dans le temps, où se mêlent orientalisme et chevalerie hongroise.

 

 L’intrigue de cette pièce en trois actes repose sur le conflit entre Jean de Brienne, chevalier hongrois, et le chef des Sarrasins, le cheik Abderrahman. Alors que Jean quitte la cour pour rejoindre l’armée d’André II de Hongrie, sa fiancée Raymonda rêve d’Abderrahman qui lui est pourtant inconnu. Lors d’une fête organisée au château, le chef sarrasin venant des confins arrive avec sa cour et déclare sa flamme à la jeune fille, fascinée et angoissée par la civilisation orientale. Revenant au château, Jean provoque en duel le cheikh, parvient à le tuer peu avant que celui-ci ne déclare une nouvelle fois son amour à Raymonda. Le ballet se clôt avec le mariage heureux des deux amants au palais.

 

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Le ballet moderne d’un chorégraphe conservateur

 

Le ballet Raymonda est une création inattendue d’un chorégraphe talentueux et reconnu de quatre-vingts ans, et d’un musicien trentenaire, inconnu du monde de la danse. Le premier reconnaît la complexité du ballet classique inhérent à l’héritage français, le second veut conquérir le monde de l’art par une modernité respectueuse de certains codes du passé. À la fin des années 1880, Marius Petipa, chorégraphe du Lac des Cygnes et de Casse-Noisette, décide malgré son âge de créer une oeuvre peut-être ultime.

Alors que Petipa défend une école de rigueur et de pureté artistique, le jeune musicien attache une importance singulière à la liberté de la musique par rapport au geste dansé.

La mort de son compère de toujours, Piotr Ilitch Tchaïkovsky, le conduit à se tourner vers le jeune musicien Alexandre Glazounov. Alors que Petipa défend une école de rigueur et de pureté artistique, le jeune musicien attache une importance singulière à la liberté de la musique par rapport au geste dansé. Étonner le public par une indépendance envers les codes stricts et centenaires du ballet, voici sa motivation. Entre le conservateur Petipa et le surprenant Glazounov, l’entente est si difficile que le projet de ballet respectant les règles ancestrales de la danse et s’ouvrant à la modernité devient une gageure. Au fil des mois, Glazounov cède aux injonctions de Petipa et reconnaît l’importance des adaptations scéniques dans une musique de ballet. Après un travail acharné, Raymonda est dansé le 19 janvier 1889 par la troupe du Théâtre Mariinsky à Saint-Petersbourg.

 

 

La révolution du ballet classique en marche

 

Cette fin du XIXe est marquée par l’avènement des chorégraphes russes qui se défont des règles  anciennes du ballet. L’heure est au changement, à la création de nouvelles positions, à la liberté du mouvement par rapport aux partitions musicales. Petipa, conscient de son « conservatisme chorégraphique », décide avec Raymonda d’allier héritage et modernité. La finalité du ballet se transforme : désormais, la forme de la danse devient le substrat du ballet. Autrement dit, le spectacle est d’abord technique avant d’être narratif. Ce choix de la technicité du geste dansé impose aux artistes une perfection du mouvement pour rendre intelligible la narration.

La finalité du ballet se transforme : désormais, la forme de la danse devient le substrat du ballet.

Petipa insiste sur la modernité de son ultime création qui repose sur l’alliance des danses classique, de caractère et folklorique. Le classique italien et le classique français se fondant, la musique ainsi modernisée respecte la pureté et la légèreté des gestes. Le ballet est à son apogée.

 

   Prouesses artistiques et techniques de l’Opéra de Paris

  

 De la représentation du ballet le 3 décembre ( à guichet fermé) à Bastille, on retient le génie musical de Glazounov et celui chorégraphique de Nourrev inspiré par Petipa. Si le Bolchoï et le Mariinsky sont reconnus à travers le monde comme étant des panthéons de la danse, l’Opéra de Paris possède quant à lui cette capacité de respecter et de représenter depuis plus de trois cent ans le style à la française. Contrairement aux théâtres russes, la maison parisienne met un point d’honneur à ce que le mouvement, par l’humilité et l’élégance, masque des longues heures de travail.

Ce ballet rappelle le contraste entre les civilisations occidentale et orientale tant pour les costumes que les chorégraphies.

L’une des variations du troisième acte en témoigne, la danseuse montant sur ses pointes pendant près de trois minutes et enchaînant de longs équilibres, des pirouettes et des gestes déliés sans relâchement. Les décors et costumes, merveilles pour les yeux, jouent avec les couleurs sombres et chaudes de l’Orient et les tissus nobles. Ce ballet rappelle le contraste entre les civilisations occidentale et orientale tant pour les costumes que les chorégraphies. Au deuxième acte, les danseuses voilées se mêlent à celles vêtues à l’espagnole. Le cheik Abderrahman se lance dans des sauts vertigineux et puissants tandis que Jean de Brienne enchaîne gestes lents et gracieux. La puissance de l’Orient face à l’élégance de l’Occident chevaleresque, telle est la trame de ce ballet.

 

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Surprenant, éblouissant pour les yeux et romantique, c’est avant tout une séduction orientale, une fresque romanesque où résonnent les échos mythifiés des croisades. L’alliage de l’héritage du mouvement classique à la modernité du geste en fait un bijou visuel et intemporel.

 

 

Adélaïde Barba 

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