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Opéra : le comique amer de Don Pasquale

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Publié le

4 avril 2019

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L’Opéra de Paris reprend le dernier opéra bouffe de Donizetti dans une production qui mélange humour et mélancolie, avec une distribution exceptionnelle.

 

A force de fouiller dans le psychisme des personnages, les metteurs en scène finissent souvent par refroidir le public. Dans le cas d’un opéra bouffe, c’est le droit de rire qui est en jeu. Heureusement, Damiano Michieletto déteste intellectualiser le comique. Dans sa production de Don Pasquale, créée l’an dernier et reproposée à la Salle de l’Opéra Garnier jusqu’au 16 avril, le metteur en scène vénitien trouve un bon équilibre entre légèreté et caractère des personnages.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Sous la cendre

 

D’une part, le protagoniste n’est pas le barbon avare et maniaque habituel, mais plutôt un homme seul et immature qui n’accepte pas de vieillir. C’est pour se sentir jeune qu’il cherche une jeune épouse, ainsi que pour contrarier Ernesto, son neveu, épris d’une fille sans le sou, Norina, qui surprendra tout le monde par sa malice.

D’autre part, le docteur Malatesta agit en auteur de l’imbroglio plus pour le plaisir de manipuler tout le monde, que pour aider les deux amoureux. Par sa ruse, il exploite les sentiments conflictuels des autres pour tisser une intrigue contre don Pasquale sans jamais dévoiler ses fins ambiguës.

Le formidable déguisement qu’il arrange pour faire semblant d’exaucer ses désirs, finira par condamner le vieux protagoniste aux moqueries publiques et le forcer à accepter malgré lui le mariage des deux jeunes gens. Malgré une direction d’acteurs vive et soignée, la mise en scène peine à convaincre visuellement à cause d’un décor trop dépouillé.

 

 

De la maison de don Pasquale, sans murs ni plafond, on ne voit que les contours d’un toit en tubes de néon et des meubles des années 1960, qui seront remplacés par du mobilier contemporain lors du grand restyling commandé par la nouvelle maîtresse de maison. Tout cela est fonctionnel mais un peu trop limité pour le plateau de Garnier.

Le bel éclairage d’Alessandro Carletti soulage partiellement cette sensation de vide, tout comme les vidéos projetées sur le fond de la scène à chaque fois qu’elle se transforme en une sorte de studio de télé-réalité au service de Malatesta.

Heureusement que la prestance de Michele Pertusi (don Pasquale) suffit à remplit la scène, tant il incarne à lui seul le drame comique de ce vieil homme tour à tour naïf, embarrassé, fier, stupéfié, humilié, soulignant toutes les nuances de la farce mélancolique dont il est victime, jusqu’à sa résignation finale où le sourire se mêle aux larmes. Mais il y a une autre raison pour laquelle vous ne devez pas manquer ce spectacle.

 

De la maison de don Pasquale, sans murs ni plafond, on ne voit que les contours d’un toit en tubes de néon et des meubles des années 1960, qui seront remplacés par du mobilier contemporain lors du grand restyling commandé par la nouvelle maîtresse de maison. Tout cela est fonctionnel mais un peu trop limité pour le plateau de Garnier.

 

Sur le plateau chantent deux grandes voix de notre temps, que les salles d’opéra du monde entier s’arrachent depuis quelques années. Le soprano léger de Pretty Yende est pur comme le cristal, tranchant comme un sabre, péremptoire comme la gifle qu’elle administre en plein visage à son faux mari à l’acte III.

Si la légèreté de son chant a des allures d’opérette, son agilité flamboyante, le charme magnétique de sa gestuelle, son attitude coquette ne cessent jamais de briller sur scène, nous faisant oublier l’effort nécessaire pour distinguer sa voix dans les scènes d’ensemble.

Le ténor de Javier Camarena est l’une des rares voix où rayonnent toutes les qualités du belcanto : chaleur et précision de chaque note, diction parfaite, interprétation à fleur de peau. Sa maîtrise technique impeccable lui permet de déployer son timbre clair et chaud toujours avec raffinement, de se hisser avec grâce dans les notes les plus aigües, de distiller avec noblesse les nuances les plus délicates.

 

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À chaque note il réserve le plus grand soin, comme si chacune était la note décisive où se consumait une émotion nouvelle. Dommage que dans le moment le plus lyrique que Donizetti lui ait réservé, la fameuse sérénade de l’acte III, son chant provenant des coulisses ne soit perturbé par les bruits d’un nouveau décor que l’on vient installer sur le plateau.

Hormis un air d’entrée fade et imprécis du baryton Christian Senn (Malatesta), qui néanmoins ne tardera pas à convaincre dans la suite du spectacle, le rendu musical est sans faille. Cela ne tient pas seulement à la distribution exceptionnelle, mais aussi à la direction raffinée, engagée et chaleureuse de Michele Mariotti.

Par un soin minutieux du phrasé, le chef italien fait chanter l’orchestre comme si c’était un personnage omniprésent, tout en traitant les tempi comme des élastiques, avec ironie et liberté : on dirait un hommage à l’âme de Rossini que son élève dévoué Donizetti fait vibrer dans cette partition délicieuse.

 

Paolo Kowalski

 

Paris, Palais Garnier, 25 mars 2019

Don Pasquale, dramma buffo en trois actes

Gaetano Donizetti, musique

Michele Mariotti, direction musicale

Damiano Michieletto, mise en scène

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

Jusqu’au 16 avril

De 25 à 185 € ­­­– ­­­­operadeparis.fr

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