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Le pape François, l’homosexualité et le lobby LGBT

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Publié le

31 janvier 2023

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Les propos du pape François sur l’homosexualité témoignent d’une grande confusion doctrinale, signe de la pression grandissante du lobby LGBT sur l’Église.
François

Le 25 janvier dernier, lors d’un entretien accordé à l’agence Associated Press, dans lequel il s’élevait en particulier contre le traitement pénal donné dans de nombreux pays à l’homosexualité, le pape François avait déclaré : « Être homosexuel n’est pas un crime. Ce n’est pas un crime, entendu. Mais c’est un péché. Bien, mais d’abord faisons la distinction entre un péché et un crime » (« It’s not a crime. Yes, but it’s a sin. Fine, but first let’s distinguish between a sin and a crime »). Il justifiait ce péché par le fait que cette « orientation demeure intrinsèquement désordonnée ».

Comme souvent, ses propos, toujours un  peu à l’emporte-pièce, ont suscité des polémiques. Non tout à fait sans raison. Laissons ici la question de savoir s’il appartient au pape de décider ce qu’un État est ou non en droit de faire entrer dans sa législation pénale.

Ce que dit l’Église de l’homosexualité

Il est inexact que l’Église enseigne que l’homosexualité soit un péché. Elle prend au contraire soin de distinguer l’« homosexualité », qui est une inclination sexuelle d’une personne vers d’autres personnes du même sexe, et l’« acte » d’homosexualité, qui est la « consommation » de cette inclination. Ainsi dans le Catéchisme de l’Église catholique (n° 2357). Que cette inclination soit objectivement désordonnée, soit ; il ne s’ensuit pas que ce soit un péché. L’homosexualité elle-même, qui peut avoir bien des causes, est neutre moralement. Le péché ne naît que là où la volonté y concourt et y consent. Affirme le contraire, c’est à tout le moins laisser entendre que les personnes homosexuelles sont toutes pécheresses du seul fait qu’elles le sont, et par conséquent réprouvées de ce chef ; et c’est aussi les mettre toutes dans le même sac, en résonance avec le mythe de la « communauté LGBT », comme s’il n’y avait pas de différence entre ceux qui vivent l’homosexualité comme une « condition », parmi tant d’autres, à vivre chrétiennement et ceux qui s’y vautrent ou en font la promotion comme un idéal de société devant s’imposer à la conscience de tous.

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Évidemment, le pape François ne le pense pas. Il ajoute d’ailleurs, dans le même entretien : « Être homosexuel n’est pas un crime, c’est une condition humaine ». Mais alors, pourquoi ne pas être plus clair, comme la doctrine catholique l’est elle-même ?

C’était assez, en tout cas, pour émouvoir le père américain James Martin, lui-même jésuite. Ce prêtre est un militant LGBT déclaré dans l’Église, signe du désordre intellectuel et moral qui y règne. Fervent promoteur de cet acronyme, protégé par son Ordre, il critique ouvertement la morale catholique sur ces questions. Il n’en a pas moins été en 2017 Consultant au Secrétariat pour la Communication du Vatican, où il semble compter bien des amis. Le 19 janvier 2021, ce prêtre avait eu le bon goût de publier sur son compte Twitter une image blasphématoire de la Vierge Noire de Cz?stochowa avec une auréole aux couleurs LGBT. Ses écrits avaient été fermement critiqués par le cardinal Sarah, qui avait en particulier souligné dans le Wall Street Journal, le 31 août 2017, que « ceux qui s’identifient comme membres de la communauté LGBT méritent qu’on leur dise cette vérité (de la morale catholique) dans la charité, tout particulièrement de la part des prêtres qui parlent au nom de l’Église sur un sujet aussi complexe et délicat ».

Le P. Martin donc, a immédiatement réagi à l’entretien du pape François pour demander des éclaircissements. De sa part, cela se comprend, puisque c’est son combat principal. Plus étonnant est le fait que le pape François, chef de l’Église catholique, gardien de la foi, se soit senti obligé de répondre immédiatement et publiquement à ce prêtre qui n’aspire à rien tant que de voir modifier la doctrine morale de l’Église pour qu’elle s’aligne sur les idéologies sexualistes du jour.

Un pape ne devrait pas dire ça

Le moins que l’on puisse dire est que ces « éclaircissements » ne sont guère rassurants. Le pape indique ainsi au P. Martin : « Quand je dis que c’est un péché, je me réfère simplement à l’enseignement moral catholique, qui dit que tout acte sexuel en dehors du mariage est un péché ».

Selon une très fâcheuse habitude prise au Vatican depuis quelques années, ces propos viennent ainsi faire croire que le pape ne fait ici que dire ce qu’il a dit antérieurement alors que, comme nous venons de le voir, ce n’est pas le cas. Il s’agit bien d’une rectification.

Nous vivons des temps décidément étranges, où la confusion doctrinale rejoint la confusion morale jusque dans l’Église, et où celle-ci vient se justifier par celle-là

De plus, il s’agit objectivement d’une falsification : en effet, nous le verrons plus avant, le motif pour lequel « l’enseignement moral catholique » considère que l’acte d’homosexualité est un péché, n’est nullement qu’il s’agisse d’un acte commis « en dehors du mariage », même si, pour justifier l’interdiction des bénédictions des « unions homosexuelles », la Congrégation pour la doctrine de la foi, le 15 mars 2021, a retenu qu’il « n’est pas licite de donner une bénédiction aux relations ou partenariats, même stables, qui impliquent une pratique sexuelle hors mariage […] comme c’est le cas des unions entre personnes du même sexe ».

Le pape, dans cette lettre au P. Martin, indique encore : « Bien sûr, on doit toujours considérer les circonstances, qui peuvent diminuer ou éliminer une faute », ce qui est vrai de tout acte objectivement mauvais. À ceci près, tout de même, que si cela peut diminuer ou augmenter la « responsabilité » de l’auteur de l’acte mauvais, cela ne change rigoureusement rien au caractère intrinsèquement mauvais de l’acte lui-même. Quelles que soient ces circonstances, par conséquent, l’« acte » d’homosexualité est toujours contraire au droit naturel et ne peut donc qu’être réprouvé comme tel, n’en déplaise au P. Martin.

Le pape ajoute ensuite : « Comme vous pouvez le voir, je répétais quelque chose de général. J’aurais dû dire : “c’est un péché, comme tout acte sexuel en dehors du mariage” ». La comparaison, supposée excusante, semble gravement erronée.

L’acte sexuel de l’homosexualité n’est pas un péché « comme » un autre commis hors mariage. Il n’a même aucun rapport, supposément, avec le mariage, sauf à suggérer à quelques esprits égarés que sa malice pourrait bien s’évanouir dans un pseudo « mariage homosexuel ». L’hypothèse de l’acte homosexuel « dans le mariage », et qui ne serait pas un péché, est une vue de l’esprit.

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L’acte d’homosexualité est un acte qui a une nature propre et qui est réprouvé comme tel, en particulier dans les Écritures et dans la morale catholique, non pas parce qu’il est commis hors mariage, ce qui n’a aucun sens, mais parce qu’il est intrinsèquement contraire au droit naturel. Ce n’est pas le cas en revanche, par exemple, de relations consommées avant mariage, et donc « en dehors du mariage », entre un jeune homme et une jeune fille, encore que cela soit aussi un péché grave. C’est comme si, pour s’excuser d’avoir condamné un acte de pédophilie de manière trop « générale », on indiquait à un pédophile qu’il aurait mieux valu dire que « c’est un péché, comme tout acte sexuel en dehors du mariage ».

La comparaison du pape est d’autant plus critiquable qu’elle vide en définitive l’acte homosexuel de ce qui, précisément, constitue sa nature et justifie sa condamnation par l’Église. Au fond, c’est un péché comme un autre commis hors mariage, ce qui doit faire naître des espoirs dans l’esprit du P. Martin, qui espère voir reconnaître un jour par l’Église, et il n’est pas le seul, les unions entre homosexuels.

L’Église face aux pressions LGBT

Ces propos sont d’autant plus inquiétants que les pressions du lobby LGBT sont plus fortes dans l’Église.  Rappelons pour mémoire que l’on parle de la nomination de Mgr Heiner Wilmer, évêque de Hildesheim (Allemagne) pour devenir Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, alors qu’il est lui-même favorable à un  changement de la morale catholique sur la sexualité (que d’obsessions en ce domaine, dit en passant !). Rappelons également que la retraite qui précédera le fameux « synode sur la synodalité », sera probablement prêchée par le P. T. Radcliffe, dominicain, qui déclarait en 2013, dans le rapport anglican Pilling, à propos de la relation homosexuelle :  « Nous ne pouvons pas commencer par la question de savoir si c’est permis ou interdit ! Nous devons nous demander ce qu’elle signifie et dans quelle mesure elle est eucharistique (sic). Il est certain qu’elle peut être généreuse, vulnérable, tendre, mutuelle et non violente. Ainsi, à bien des égards, je pense qu’elle peut être l’expression du don de soi du Christ ».

Nous vivons des temps décidément étranges, où la confusion doctrinale rejoint la confusion morale jusque dans l’Église, et où celle-ci vient se justifier par celle-là. Il faut pourtant garder le cap, et l’espérance de ceux qui en tendent garder leur lampe allumée.

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