Vous êtes un homme qui se sent femme, ou l’inverse. Ou alors vous êtes non-genré, comme vous voulez. En voyage, vous êtes pris d’une envie soudaine d’aller aux toilettes, ça arrive. Une fois à la station d'autoroute, c'est le drame en voyant les petits logos roses et bleu sur les deux portes des cabines : où allez-vous vous diriger, que faire ?
Les transgenres ne se sentent toujours pas acceptés pour ce qu’ils sont – ou plutôt ce qu’ils aspirent à être. Manque de visibilité et de reconnaissance, prises de tête dues aux formalités administratives inadaptées, insuffisance des moyens mis en place à leurs égards. Ceux pour qui l’identité n’est pas une évidence souffrent de ces épisodes anodins de la vie quotidienne qui créent des angoisses et transforment leur vie en cauchemar, engendrant de ce fait un manque de confiance en soi. Pour nous qui n’avons jamais remis en cause le genre dans lequel nous sommes nés, la vie est certes bien plus facile, alors il nous faut faire des efforts d’inclusion.
Cette semaine a donc bien commencé pour les LGBTQIA+ avec la journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie – un avant-goût du « mois des fiertés » qui aura lieu en juin. Pour ce faire, de nombreuses institutions ont (ré)assuré publiquement leur sympathie à la communauté arc-en-ciel, submergeant les réseaux et multipliant les actes de soutien. Certains clubs sportifs ont dû reconnaître la difficulté pour les transgenres de s’inscrire en club, ceux-ci séparant la plupart du temps les garçons et les filles, et ont affirmé vouloir faire un pas en avant. La non-mixité des genres au sein des clubs sportifs repose toutefois sur des raisons physiques et musculaires évidentes.
Le rugby se lance
Le ballon ovale n’échappe pas aux dégâts causés par ce grand chambardement. La Fédération française de rugby (FFR) a en effet affirmé hier dans un communiqué, s’engager pour la sainte cause : « Pour la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie, la biphobie (…) la FRR est heureuse d’accueillir, sans distinction de race, de religion, de sexe, et désormais de genre, officiellement, celles et ceux qui comme nous sont unis par une même passion, le jeu de rugby ». S’en est donc fini de l’image du rugby comme sport de droitards conservateurs et méchants : désormais, l’ovalie intègrera les trans-identitaires au sein de ses compétitions amateurs et professionnelles dès la saison prochaine.
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En 2020, l’organisme international World Rugby avait déjà « pris conscience de l’extrême difficulté pour les TI de pratiquer le rugby », signale le communiqué de la FRR. World Rugby avait donc laissé aux fédérations le choix d’appliquer ou non une ouverture aux transgenres, tout en rappelant tout de même qu’« il a été convenu que la sécurité et l’équité ne pouvaient actuellement pas être assurées pour les femmes qui jouent contre des femmes transsexuelles dans un rugby de contact (…) la taille, la force, la puissance et la vitesse sont autant d’éléments sensibles à la fois pour le risque et la performance ». Donc c’est dangereux et on le sait, mais World Rugby a tout de même laissé la porte ouverte, et la FRR s’est jetée dans la brèche. Après de nouvelles études médicales et une collaboration avec la CADET (Commission Anti-Discrimination et Egalité de Traitement), tout a été pensé pour une pratique du rugby « équitable » et « sans risque »[...].
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