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Les soleils du déclin

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Publié le

3 janvier 2019

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La rentrée de janvier est la seconde grande salve, après septembre, de productions littéraires, selon le calendrier inflexible des rites hexagonaux. Celle-ci sera dominée par le nouveau roman de Michel Houellebecq, à raison, tant l’écrivain se surpasse dans Sérotonine et offre une perspective fulgurante sur l’époque tout en dégageant une ligne de fuite.

 

Mais derrière cette rare coïncidence entre succès et puissance réelle, se cachent un certain nombre d’autres figures considérables nous dispensant des preuves de leur folie supérieure : le titan Volodine, par exemple, chamanique et terminal, dont le rêve n’en finit pas de proliférer en renouvelant ses obsessions; Pierre Jourde, le boxeur des lettres, nostalgique et corrosif, un vrai poids lourd, que nous évoquerons le mois prochain. Mais il y a encore ces illuminés, Tristan Garcia, Simon Liberati, qui, pour le meilleur et pour le pire, assignent encore à la littérature des missions démentes.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Face à face

 

Lorsqu’on songe à quelques autres grands qui ne publient rien ce mois-ci, Richard Millet, Pierre Michon ou encore Valère Novarina évoqué par Volodine, on est bien obligé de constater que quoi qu’on en dise, la littérature française n’est pas morte, qu’elle aligne toujours à la face du monde au moins une dizaine de géants par génération, et que même si ceux-ci ressassent notre déclin, ils le font pourtant avec une vitalité au zénith.

De cette réalité, qu’on ne qualifiera pas de rassurante, mais de néanmoins grisante, peu de nos contemporains sont conscients, qui souvent se replient dans les monuments d’hier, démoralisés devant le spectacle que donne la littérature contemporaine généralement promue.

De la même manière, si l’on a vu, ces dernières années, se multiplier revues et cénacles chez les jeunes gens, on s’étonne du peu d’intérêt que ceux-ci semblent montrer pour la création de leur époque. Sans doute, chaque génération se doit de réévaluer l’héritage, et sans doute, également, que la précédente, par sectarisme révolutionnaire, l’a tellement endommagé, cet héritage, que la nouvelle se doit de fournir un effort redoublé dans ce sens. Il n’empêche, Baudelaire se passionnait pour Théophile Gautier, pas pour André Chénier; Rimbaud imitait Verlaine, pas Lamartine.

 

 

Les exemples dont on peut tirer le plus grand bénéfice pour agir immédiatement restent ceux des meilleurs de nos contemporains. Il est vrai qu’il faut en général faire l’effort d’aller les arracher, ces exemples, à l’éternelle conspiration des médiocres, d’autant que celle-ci aura trouvé dans le capitalisme culturel et le contrôle idéologique des alliés redoutables. Les discours convenus et les indignations prévisibles forment comme un bruit de fond auquel nous sommes acclimatés.

Une brume de bêtise nous enveloppe. Mais les forces propres à dissoudre cette brume existent, et ces forces sont d’autant plus efficaces, parce que d’autant plus adaptées, quand ce sont des contemporains qui les ont fournies. C’est pourquoi tout en révérant nos maîtres, il nous est indispensable de repérer des capitaines qui, dans l’époque, nous fournissent les bons secrets tactiques. Car c’est maintenant qu’elle fait rage, la guerre qui nous requiert; car c’est maintenant qu’il faut la livrer.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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