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Lettre ouverte à Alexis Corbière

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Publié le

6 février 2020

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Le citoyen Corbière est  député de la France insoumise en Seine-Saint-Denis. Outré par le fait que l’idée monarchique revienne lui gâcher le paysage, il s’est autorisé une série de tweets pour exprimer son ire. Le ci-devant Frédéric de Natal lui répond.

 

Monsieur le député de la Seine-Saint-Denis,

Un Lys de France dévoilé par une Marianne coiffée de son bonnet phrygien et vous voilà couvert de sueur sur votre compte Twitter. C’est avec un certain étonnement que j’ai découvert vos messages indignés, expression de vos sentiments outrés par la dernière couverture du magazine L’Incorrect. Le second degré « révolutionnaire » de cette « iconographie » ne semble malheureusement pas vous avoir atteint pour que vous vous sentiez obligé de réagir et de nous admonester. Permettez-moi de vous répondre.

 

 

« Une royaliste avec bonnet phrygien ! L’extrême-droite devrait étudier l’Histoire de France. Il a fallu forcer Louis XVI pour qu’il accepte seulement de porter la cocarde, puis il a trahi. Et les jeunes royalistes, les muscadins, agressaient les porteurs de symboles républicains. S’il n’y a pas eu de monarchie constitutionnelle, c’est en raison des trahisons et violences des royalistes qui, en 2020, sont aussi nombreux que les adorateurs de l’oignon ou autre curiosité ». Vos deux tweets du 3 février sont très intéressants à analyser tant pour leurs raccourcis que pour une certaine lecture de l’Histoire qui vous est propre.

Quelle bien triste image avez-vous des monarchistes pour les affubler d’un tel manteau. « Ni droite, ni gauche, mais royaliste »,  cette maxime bien connue, résume à elle seule ce qu’est le monarchisme français actuel, lequel brille par son éclectisme idéologique et politique, ses penseurs de tous bords, ses théoriciens encore cités et étudiés dans les grandes écoles de France et de Navarre. Un monarchisme qui porte en son sein toute la réalité de ce que l’on appelle la Res-Publica. Ce « Bien commun » que les différents partis politiques représentés au parlement, dont vous êtes un honorable membre, ne cessent de gommer pour privilégier des visions politiques à court terme au nom de leurs intérêts personnels et électoraux. La France insoumise, ne diffère d’ailleurs en rien de ses concurrents pour cela.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Un brave au coeur puissant

 

D’extrême droite, dites-vous ? C’est oublier un peu vite que les royalistes ont été les premiers résistants au nazisme et que leurs réseaux ont permis au général de Gaulle de pouvoir organiser autour de lui ces forces françaises qui allaient contribuer à la libération de la France. Le colonel Gilbert Renault dit Rémy, le général de Bénouville, les maréchaux de Lattre de Tassigny et Leclerc, le lieutenant Honoré d’Estienne d’Orves, Jacques Renouvin, les frères d’Astier de la Vigerie … autant de noms illustres et royalistes au sein de la résistance, honorés tous les 8 mai. Peut-on en dire autant des communistes de cette époque que vous portez régulièrement aux nues ? Non, le pacte germano-soviétique était passé par là. Vous ne rayez que par trop rapidement les chapitres de l’Histoire qui ne vont pas dans votre sens.

« Pas de monarchie constitutionnelle » ? L’ère soviétique avait récrit l’histoire de la Russie des Romanov, vous, vous effacez d’un clic la Restauration des Bourbon. Que faites-vous donc de la période de 1815 à 1830, marquée par sa Charte constitutionnelle, qui – faut-il  le rappeler – a été une des sources de notre constitution actuelle ? « Une des périodes les plus riches et foisonnantes de notre passé où la qualité des acteurs répond à la puissance des idées toutes familles confondues »,  explique l’écrivain Benoît Yvert, une période qui a permis à la France de se relever et de se réimposer comme puissance européenne, après des décennies de ravages, de destructions et autres génocides commis par la révolution française et sa Terreur. Loin de moi de dédouaner l’Ancien régime de ses erreurs, mais vous conviendrez qu’en matière de « violence », les héros de votre panthéon personnel dépassent de très loin certains de ces rois que vous abhorrez.

 

Ces monarques que vous détestez tant pourraient être ces arbitres naturels qui manquent cruellement à la France. Ne vous en déplaise, ce n’est pas Che Guevara, Staline ou Hugo Chavez qu’une partie de nos compatriotes réclame mais bel et bien un descendant d’Henri IV.

 

Mais point de polémiques, rendons juste un peu à César ce qui est à César car je vous sais féru d’histoire de France. Personne n’a contraint le roi Louis XVI à porter la cocarde. Elle lui fut présentée par le général de La Fayette à l’Hôtel de ville de Paris et le souverain l’accrocha lui-même à son plastron, sous les « Vive le roi », criés d’une seule voix par la Garde nationale. Il serait donc vain de déformer l’histoire, les faits sont là et établis. Les légendes ont la vie dure, vous vous en faites malheureusement l’écho, et nous vous le pardonnerons. Il est vrai que le « peuple est plus difficile à gouverner quand il est trop savant, plus facile à manipuler quand on le nourrit de caricatures outrancières » (Balzac).

Bourreau de travail et curieux des inventions modernes de son siècle, Louis XVI va redonner aux parlements provinciaux leurs pouvoirs de décision, abolir le servage dans les domaines royaux, quelques impôts ci et là, interdire la torture, effacer du droit français le crime de sodomie, réduire les frais de la noblesse (il sera même accusé de radinerie), promulguer un édit interdisant l’esclavage sur tout le territoire (non, la Révolution n’a rien inventé ici) et permettre à la France de rayonner industriellement. Les protestants et les juifs vont bénéficier d’importantes libertés, et même les musulmans qui obtiennent la permission de « jouir de droits politiques ». Loin d’être ce personnage falot que l’on dépeint habituellement, Louis XVI fut un vrai révolutionnaire avant l’heure. Et vous devriez vous en féliciter.

«Le Roi, la France en rêve déjà ». L’Incorrect ne croit pas si bien dire. Il n’a pas dû vous échapper que depuis plusieurs années, l’idée monarchique est revenue en force en France comme en Europe et en Amérique du Sud, notamment chez la jeune génération avide de se réapproprier son histoire. Ces monarques que vous détestez tant pourraient être ces arbitres naturels qui manquent cruellement à la France. Ne vous en déplaise, ce n’est pas Che Guevara, Staline ou Hugo Chavez qu’une partie de nos compatriotes réclame mais bel et bien un descendant d’Henri IV.

 

Lire aussi : Pour un royalisme burné

 

Ils sont 17% des Français selon un sondage de 2016 commandé par BVA, lequel précise que 29% des citoyens de la république ne verraient pas d’inconvénients à voter pour un candidat royaliste. La monarchie, une idée d’avenir, de constance, de continuité et de stabilité qui a derrière elle un millénaire d’expérience de pouvoir et que l’on a tenté de restaurer par trois fois depuis la IIIe République. Et ce n’est pas le général de Gaulle qui le démentirait. À titre de comparaison, aucun des régimes que votre mouvement soutient n’a encore dépassé un siècle, presque tous effondrés sur eux-mêmes, laissant derrière eux leur lot de pauvreté et d’oppressions. Ces monarchistes, qui ont pourtant été au plus près du pouvoir dans les années Mitterrand et que vous vilipendez, n’ont pourtant pas empêché votre épouse, Raquel Garrido, de travailler pour le plus célèbre d’entre eux, l’animateur Thierry Ardisson. Bon sang ne saurait mentir.

En tweetant sur la couverture de L’Incorrect, vous avez été le meilleur VRP. Comment ne pas vous en remercier. Un Lys de France ne se cacherait-il pas inconsciemment sous votre chemise rouge, Monsieur le député ?

Veuillez agréer mes sentiments muscadins les meilleurs.

 

Frédéric de Natal

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