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Premier débat de la campagne des élections européennes de 2019, le numéro spécial de L’Emission Politique opposant les douze têtes de liste ne changera probablement pas grand chose à l’issue du scrutin mais nous aura livré quelques enseignements utiles. Etat des lieux à un peu moins de deux mois du vote :
Un format à revoir
Le format de l’émission aura probablement lassé plus d’un téléspectateur. L’émission était lente, très lente, trop lente, voire soporifique. Paradoxalement, la plupart des grands sujets politiques européens y auront été à peine survolés, les candidats se contentant pour la plupart d’asséner des formules toutes faites et des slogans.
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Etait-ce vraiment de leur faute ? Pas vraiment, ils n’avaient pas le temps pour faire plus, ne disposant que de quelques petites minutes pour présenter à grands traits leurs programmes ou leurs obsessions. Le ridicule a été atteint en fin d’émission avec des votes fictifs pour lesquels tous les participants étaient presque toujours d’accord.
Il faut bien dire que l’exercice était impossible, ne permettant aucune nuance ou analyse fine. À l’évidence, le service public doit envisager autre chose et se renouveler, car des débats aussi cacophoniques ne flattent pas l’intelligence des Français et donnent une image caricaturale de la chose politique.
Tous d’accord
La classe politique a accordé ses violons. Ce qui était autrefois marginal ne l’est plus : la critique de l’Union européenne est unanime qu’on veuille la détruire, la transformer ou la renforcer. Pas un seul candidat n’a vanté l’Union européenne autrement qu’en convoquant des fantômes du passé, ainsi de Jean-Christophe Lagarde et de Raphaël Glucksman qui ont exhibé des morceaux du Mur de Berlin pour nous faire lourdement comprendre que l’Union européenne serait la garante de la paix.
Pourtant, c’est bien la paix qui a rendu possible la construction européenne. Enfin, passons, car eux aussi n’ont pas manqué de reprocher à l’Union européenne ses fautes passées et présentes, prétendant avoir « la solution » pour des lendemains qui chantent. On attend toujours…
Deux grands perdants
S’il n’y a jamais de gagnants dans ces soirées politiques peu regardées, il peut y avoir des perdants. En l’espèce, Nathalie Loiseau et Raphaël Glucksman y ont perdu quelques plumes, et peut-être demain quelques points. La première, qui était encore il y a peu ministre chargée des Affaires européennes, s’est ridiculisée.
Lunaire, imprécise, mal à l’aise, elle a multiplié les bourdes et les moments gênants, reprochant notamment tant à Yannick Jadot qu’à Jordan Bardella d’avoir de « grosses voix » et d’être grands. Bizzaroïde. Sur le fond, le « en même temps » macronien est un exercice difficile pour qui n’a pas les talents oratoires du super commercial Jupiter.
Alors quand vous êtes un membre de l’élite administrative un peu baroque, attention les dégâts… Emmanuel Macron serait-il le plus mauvais directeur des ressources humaines de l’histoire ? La République En Marche, assez bien partie dans une élection qui pourrait l’avantager, se trouve donc face à plusieurs listes qui pourraient mordre sur son électorat.
A gauche avec Yannick Jadot, très « En marche des villes » compatible. Au centre avec Jean-Christophe Lagarde. A droite avec un François-Xavier Bellamy jouant à plein le registre « bien peigné, bien élevé » et suffisamment ambigu pour cannibaliser l’électorat En Marche de l’ouest. Les trois ont assez finement représenté leurs camps respectifs.
L’autre grand perdant fut Raphaël Glucksman. Ce garçon n’est tout simplement « pas fait pour ça », comme il l’aurait lui-même admis à ses militants en fin d’émission. Lors de sa conclusion, il a carrément dit qu’il ne voulait pas appeler à voter pour sa liste. C’est bien mignon mais ce n’est pas politique. Il n’a pas su exprimer une seule idée claire ou intelligible, se contenant de balbutier quelques grandes déclarations cosmopolites de principe.
Que le parti de François Mitterrand se soit mis à la remorque de pareil candidat sorti de nulle part et monté artificiellement a quelque chose de vertigineux et de glaçant. Ni fait ni à faire.
Les nouvelles marges
Autrefois, les plus petites listes étaient placées à l’extrême gauche de l’échiquier politique. Ce n’est plus le cas désormais avec la multiplication des candidatures souverainistes, Philippot et Asselineau en tête. Cette nouvelle donne est une aubaine pour le Rassemblement national qui est naturellement recentré quand on le compare à ces formations ultra-souverainistes et jusqu’au-boutistes.
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Le candidat Bardella a d’ailleurs été habile, s’adressant principalement à son électorat naturel. Un positionnement stratégique pertinent puisque le premier parti de France sera sans nul doute l’abstention au mois de mai prochain. Dans ces conditions, le parti qui aura su le mieux mobiliser ses électeurs habituels sortira en tête.
La gauche à la peine
La gauche française fait peine à voir. Un peu urticante et ignorante de la longue histoire européenne, Manon Aubry (LFI) fait bien plus penser à une présidente de l’UNEF qu’à une tête de liste crédible pour une campagne nationale. Face à elle, le candidat Brossat du PCF a quelques chances de tirer (c’est tout relatif) son épingle du jeu. En larguant son aile souverainiste et républicaine dure, La France Insoumise s’est mise en concurrence directe avec la gauche culturelle assumée qu’est aujourd’hui le PCF.
Le thème fantôme
L’Union européenne a naturellement fait l’objet de toutes les discussions, mais beaucoup plus son contenant que son contenu. Car, au fond, ce qui compte vraiment désormais c’est la substance même de l’Europe bien plus que ses institutions.
Gabriel Robin
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