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L’impasse du français moderne dans la guerre identitaire

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Publié le

1 février 2020

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Le film québécois Jeune fille est actuellement sur les écrans. Pas mal. Et puis l’heureux spectateur francophone a même le bonheur insolite d’aller voir un film en français sous-titré… en français. Pour le cinéma, visiblement, le français du Québec est une langue étrangère.

 

Pourtant la langue que nous parlons tous dans l’hexagone n’est pas du français. N’est plus du français. C’est juste du patois de TF1. Ou pire, de Canal +. Avec l’accent d’Yves Mourousi ! Le français d’aujourd’hui est tellement sur-unifié, tetra-normé dans son vocabulaire, sa grammaire comme dans son accent, qu’il est impossible de présenter au public agacé la moindre particularité dialectale, le moindre accentouillet. Rien ! C’est Yves Mourousi ou va te faire voir à Carcassonne !

Donc un film québécois, en beau français du Québec, est traité comme une série télé en swahili. Sous-titrage ! Mais quelle honte ! À quoi sert la francophonie puisque personne ne parle visiblement la même langue de Montréal à Bamako ?

 

Lire aussi : Que l’Angleterre sauve l’Europe !

 

Pourtant, il existe d’autres modèles. En Bretagne bien sûr parce que la Bretagne c’est mieux qu’ailleurs. En Bretagne, donc, vous branchez votre radio le matin, à Nantes mettons sur Radio Naoned, vous allez entendre une radio en breton qui diffusera un sujet en breton vannetais, un autre en léonard ou en cornouaillais (car toutes les radios en breton sont inter-connectées). Et les différences dialectales peuvent être énorme ! Une vannetaise avec un breton qui correspondrait peu ou prou au plus lointain cajun de Louisiane peut facilement interviewer un locuteur parlant un breton très plat (correspondant au « français de TF1 ») ou un léonard et son « brezhoneg ledan » (breton large).

La langue bretonne est ainsi ultra-territorialisée. Elle est le reflet d’un terroir, d’une ville, d’un « pays » traditionnel. Chaque particularité est protégée, mise en avant, notamment par les jeunes (le temps du « roazhoneg », breton néo-classique hors-sol, est terminé). Et pourtant tout le monde se comprend sans problème. Sans sous-titrage.

 

Pour faire simple : la langue française d’aujourd’hui n’est plus définie par l’usage populaire et sa créativité canaille ni même par le « bon usage » bourgeois classique, littréen et sa fixité surannée et élégante, mais par le boboland techno-cool charabiaïsant et globishoïde.

 

A contrario la langue française semble, de son côté, de plus en plus enfermée dans son hyper-normativité tout en étant mitée par un anglais de séries télé. Le français me déçoit en vérité. Il tourne en charabia techno-macron super globish branchouille. C’est quand même incroyable mais le plus beau français qu’on puisse entendre désormais est la langue de certains maronites libanais ou d’intellectuels africains élevés à la rigueur dialectique des écoles de Pères blancs.

Bah voilà. Le français moderne me déçoit mais surtout me fait bien chier. Comme une messe sans le latin. Comme de lire Comptable magazine. Et là, je ne parle même pas de la novlangue, du politiquement correct ou de l’écriture inclusive. Non, non. Je parle juste d’un jacobinisme linguistique et infra-linguistique (à l’intérieur même de la langue) qui a fini par fusionner avec les tics verbaux de la bourgeoisie cool à décodeurs Canal +.

Pour faire simple : la langue française d’aujourd’hui n’est plus définie par l’usage populaire et sa créativité canaille ni même par le « bon usage » bourgeois classique, littréen et sa fixité surannée et élégante, mais par le boboland techno-cool charabiaïsant et globishoïde. Même le québécois et ses tournures jugées désuètes (mais pourtant ô combien françaises) est jugé digne d’un sous-titrage alors que traduire en français courant le discours d’un rapper ou d’un « jeune de banlieue » voire d’un « start-upper » serait jugé discriminatoire.

 

Lire aussi : Du style avant tout

 

Et il a plus grave : internet m’a donné la chance de pouvoir correspondre avec des francophones du monde entier. Des cajuns de Louisiane aux francophones du Maine dans le nord des États-Unis. La France aurait là, par sa langue, une magnifique opportunité d’entretenir une influence au cœur même de l’Amérique, et ce avec des populations de même souche ethnique : mais pour cela il faudrait d’abord le vouloir, ensuite respecter la diversité dialectale des français d’outre-Atlantique.

Français, je le répète, parfois plus authentiquement français que le français moderne. Influence culturelle donc mais aussi politique. Au Québec par exemple. Qui devrait être un pays frère de la France en Amérique du Nord. Mais quel gouvernement a soutenu les indépendantistes québécois depuis le discours de de Gaulle en 67 ? Qui s’intéresse à la vie intérieure québécoise ou louisianaise ? Les magazines français sont-ils diffusés au Québec, en Louisiane, dans le Maine et inversement dans ce qui pourrait être un grand marché commun culturel ?

Penses-tu, Lulu ! Paris entretient une francophonie qui ne lui sert à rien. Même les Catalans font mieux dans l’ensemble des « països », et ce avec 1000 fois moins de moyens, et ne parlons pas des Turcs et de leur empire culturel et politique turcophone où agit Türk Kenesi (le conseil turciste) et Türksoy pour la langue et la culture.

 

Pourtant, le XXIe siècle sera le siècle de l’identité camarades ! La vraie ! La profonde ! Pas la « République » (il y a 151 républiques dans le monde) ou la « laïcité » (pour laquelle personne n’est prêt à mourir).

 

Pourtant, le XXIe siècle sera le siècle de l’identité camarades ! La vraie ! La profonde ! Pas la « République » (il y a 151 républiques dans le monde) ou la « laïcité » (pour laquelle personne n’est prêt à mourir). Or, avec ce français hyper-unifié, châtré et anti-identitaire, rongé par l’appauvrissement et le faux-anglais, ouvert à tous les vents wech-wech, mais fermé aux pierres précieuses de la francophonie conservatrice d’outre-Atlantique, la France est loin d’avoir un avion de chasse dans le combat culturel intérieur et extérieur qui s’annonce.

 

Par Maël Pellan

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