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Maduro vainqueur par KO !

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22 mai 2018

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@DR

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Depuis la mise en place de la dictature d’Hugo Chavez en 1999, le Venezuela s’enfonce dans une crise humanitaire de plus en plus grave conjuguée à une répression politique qui s’accentue. En dépit de cela, Nicolas Maduro dispose de toutes les cartes pour se maintenir au pouvoir et gagner les élections présidentielles de 2018.  

 

Le pays paye aujourd’hui les conséquences d’une économie fondée sur la rente pétrolière, l’endettement et le vol de l’appareil productif. Les produits de base manquent, les habitants souffrent de malnutrition. Presque 50% de la population ne parvient pas à faire deux repas par jour. Cet état de fait s’est renforcé avec l’arrivée au pouvoir en 2013 de Nicolas Maduro, qui poursuit la politique de son prédécesseur. En 2013, le taux de pauvreté était de 50%, il est aujourd’hui de 80%. « En 2017, l’inflation a atteint 2100% en une année. Cela rend la population de plus en plus pauvre et la monnaie bolivar sans valeur » rappelle l’économiste Angel Alvarado, député d’opposition de Petare. « Le socialisme du XXIe siècle » voulu par Chavez et Maduro suit les mêmes chemins que les dictatures communistes que l’Amérique latine a déjà éprouvées au XXe siècle. L’histoire semble s’être arrêtée, mais en dépit de la catastrophe humanitaire, Maduro est bien installé sur le siège de Caracas.

 

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L’opposition a remporté les élections législatives de 2015. Elle a gagné à Caracas comme à Petare, la plus grande favela du monde, qui regroupe 800 000 habitants. Maduro n’a pas reconnu cette défaite et a retiré l’ensemble des pouvoirs de l’Assemblée nationale afin d’en faire une coquille vide et de conserver la juridiction du pays. En dépit de nombreuses manifestations qui se sont déroulées tout au long de l’année 2017, et qui ont fait plusieurs centaines de morts, le régime a tenu. Il conserve entre ses mains deux atouts : l’armée et la loi. L’armée est fidèle à l’idéologie bolivarienne. Maduro lui a confié la gestion de l’industrie pétrolière, source quasi exclusive des richesses du pays et il a nommé un officier de la Garde nationale à la tête de l’entreprise publique du pétrole. Gavés et pervertis par cet argent, les militaires n’ont aucun intérêt à renverser un régime qui assure sa richesse. Corrompus et bénéficiaires de la corruption, les militaires se doivent de soutenir Maduro. Lors des manifestations de l’année dernière, les gardes de la révolution n’ont jamais fléchi et ont permis à Maduro de tenir. Il a d’ailleurs accru cette force en débloquant un budget afin de créer une milice armée de 500 000 hommes, la milice nationale bolivarienne, chargée de réprimer l’opposition. « Ce n’est pas le temps de l’hésitation. C’est le temps de la révolution. Ce n’est pas le temps de la trahison, c’est le temps de la fidélité » affirma Maduro dans un discours du 18 avril 2017. Cette fidélité est le gage de sa continuité.

À Caracas, l’histoire ne cesse de bégayer, bloquée à la fois dans les guerres d’indépendances des années 1800 et dans les guérillas tiers-mondistes des années 1970

L’autre force du régime est le contrôle de la loi. Maduro a modifié la loi électorale afin de s’assurer la victoire même en cas de défaite. Voter n’a donc plus d’utilité. Le gouvernement a fraudé et a bourré les urnes lors des élections, il a modifié la loi électorale pour que les communes de 10 000 habitants envoient autant de délégués que celles de 100 000, ce qui renforce les zones rurales indiennes favorables à Maduro au détriment des villes de la côte. L’opposition a alors fait le choix de boycotter les élections de l’assemblée constituante, ce qui a permis à Maduro de gagner tous les sièges et donc de la modifier à sa guise. C’est ainsi qu’en dépit des morts et de la disette, il a remporté 18 sièges de gouverneurs sur 23. Les élections présidentielles devaient se tenir en décembre, mais la date est aujourd’hui incertaine et ne cesse de fluctuer. Quoi qu’il en soit, Maduro est quasiment certain de les gagner puisque l’opposition a refusé de présenter un candidat. Le dictateur peut donc se targuer d’avoir un pouvoir légal et respectueux de la constitution.

 

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Maduro a fait arrêter les principaux chefs de l’opposition, comme Leopoldo Lopez et Henrique Capriles, qui a failli le battre lors des présidentielles de 2013. Décapitée, l’opposition se cherche des chefs et un programme. Les partis se sont regroupés sous la bannière de la Mesa Unidad Democratica (MUD) afin de présenter des candidats uniques pour avoir plus de chance de l’emporter. Mais si renverser Maduro est un objectif, ce n’est pas un programme. Réunissant des tendances politiques très diverses, allant de la gauche socialiste aux libéraux, la MUD est trop variée pour pouvoir gouverner. Les voisins du Venezuela se montrent également peu actifs. Il y a eu certes des protestations et des demandes pour faire respecter la légalité et rétablir le bien-être des habitants, mais cela n’est pas en mesure de déstabiliser le régime. Prudents, les États-Unis ont compris qu’il valait mieux ne pas intervenir de façon publique afin de ne pas fournir des arguments aux thuriféraires de la révolution bolivarienne.   Fin février, Maduro a attaqué la Colombie de façon verbale, l’accusant d’entraîner une armée de Vénézuéliens, avec le soutien des États-Unis, afin de les infiltrer au Venezuela pour provoquer un renversement du régime. « Nous n’accepterons jamais que la botte militaire impériale étrangère foule le sol sacré de la patrie vénézuélienne », a lancé Nicolas Maduro, sans que cette ingérence colombienne ne soit nullement prouvée. Mais cela lui permet d’une part de mobiliser le peuple contre un ennemi extérieur et d’autre part d’organiser des manœuvres militaires de grande ampleur bien utile en cas d’usage de l’armée pour réprimer des manifestations. Le ressort de l’anti-impérialisme yankee est un rouage classique de la popularité du régime.

Doté de ressources humaines et naturelles de premier plan, idéalement situé entre les Caraïbes et l’Amérique latine, le Venezuela dispose de tous les atouts pour être un grand pays, riche, développé et civilisé

Sauf surprise, Maduro sera vainqueur des présidentielles de 2018. Le naufrage du Venezuela est la triste image de celle du continent qui n’arrive pas à sortir du mythe de la révolution, qu’elle soit bolivarienne ou marxiste. Le Brésil de Lula a chaviré, comme cela était prévisible. L’Argentine du couple Kirchner ne se remet pas de ses gabegies, le Pérou et la Bolivie sont dans un trou noir. Seul le Chili arrive à sortir la tête, ayant évité de peu la dictature marxiste. Doté de ressources humaines et naturelles de premier plan, idéalement situé entre les Caraïbes et l’Amérique latine, le Venezuela dispose de tous les atouts pour être un grand pays, riche, développé et civilisé. La route de la servitude empruntée par ses dirigeants, avec la complaisance de nombreux intellectuels occidentaux, se révèle pour lui une impasse. À Caracas, l’histoire ne cesse de bégayer, bloquée à la fois dans les guerres d’indépendances des années 1800 et dans les guérillas tiers-mondistes des années 1970. Ce bégaiement semble fait pour durer.

Addendum : le 20 mai 2018, Nicolas Maduro a été réélu dans la précipitation avec 67,82 % des suffrages exprimés

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