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Marine Le Pen et l’islam, la grande ambiguïté

Le Rassemblement national version 2022 semble avoir troqué toute apologie de ce qu’est essentiellement la France, pour une simple défense de l’ordre public et d’une conception toute existentialiste de la nation.

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© Benjamin de Diesbach pour L’Incorrect

Profitant stratégiquement de la radicalité zemmourienne pour se recentrer et se présidentialiser, pour jouer électoralement la rondeur et l’apaisement en vue du deuxième tour, Marine Le Pen multiplie sur l’identité des déclarations qui détonnent avec les positions traditionnelles de son parti, et qui déconcerteront quelques-uns de ses soutiens. Après avoir abandonné la suppression de la double-nationalité, elle expliquait ces derniers temps que la rémigration était « antirépublicaine », et que Zemmour mènerait « une guerre de religion avec l’islam ».

C’est que sur l’islam et l’islamisme, Marine Le Pen a adopté pour cette campagne une rhétorique qu’elle a voulue la plus consensuelle possible. Les deux sont ainsi strictement dissociés, comme elle nous le déclarait en avril 2021 : « Il y a d’un côté une religion et de l’autre une idéologie. En tant que futur chef de l’État, je considère que les convictions religieuses relèvent du domaine privé, comme les convictions politiques. La religion n’est qu’une simple conviction et on ne peut empêcher quiconque d’avoir une conviction. En revanche, l’islamisme est une idéologie. Comme le racisme. Ou comme le nazisme. Une idéologie peut être combattue et celle-là doit l’être avec la plus grande énergie ».

Lire aussi : Présidentielle 2022 : déjà un coup pour rien ?

Surprenante de béatitude, cette position est triplement problématique (outre qu’il faudrait que qu’elle définisse la frontière à partir de laquelle l’on passe de l’un à l’autre : est-ce la nourriture halal ? le voile ? les poupées sans visage ? le hijab ?) D’abord parce que le lien entre islam et islamisme est tout à fait évident quoique l’islam ne puisse être réduit à l’islamisme au regard de la diversité des pratiques ; que celui-ci n’est donc pas un phénomène politique indépendant mais bien une application littérale de ce que réclame celui-là pour être vécu intégralement. Ensuite parce qu’elle témoigne d’une incompréhension totale du phénomène religieux qui, loin de se réduire à quelques dogmes cantonnés à la sphère privée, est le noyau fondamental autour duquel se forme patiemment un art de vivre, un rapport au monde, une civilisation. « La nature d'une civilisation, c'est ce qui s'agrège autour d'une religion », disait André Malraux. Enfin, que ce constat est d’autant plus valable avec l’islam qui, loin d’être une métaphysique à la manière du christianisme, est avant tout une orthopraxie ; qu’il a donc pour vocation essentielle de s’incarner dans des gestes, dans des rites, dans des pratiques sociales. L’islam n’est pas à proprement parler une religion, comme peut l’être le christianisme. [...]

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