En octobre, l’Arabie saoudite officialisait le rachat à 80 % de Newcastle United, club de football situé dans le nord-est de l’Angleterre, pour un montant d’environ 350 millions d’euros via le fonds public d’investissement saoudien piloté par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Certes, l’opportunité business était intéressante : fort de ses 400 milliards, le fonds public a dépensé une somme dérisoire à son échelle pour mettre la main sur un club de Premier League, championnat le plus regardé au monde et pris dans une spirale inflationniste qui rend tout investissement viable sur le temps long. Mais, après une longue quête d’un club européen – on a parlé un temps de Manchester United ou de l’Olympique de Marseille – Riyad entend faire une utilisation très politique du club.
L’Arabie saoudite se met au sport
Se reposant sur sa taille, son poids religieux et ses relations avec les États-Unis, le pays s’est longtemps moqué de ce que pensait l’étranger. Mais alors que ses voisins régionaux ont beaucoup misé sur le soft power pour gagner en influence, l’arrivée de Mohammed ben Salmane s’est accompagnée d’un virage moderniste tout à fait inédit, incarné entre autres par le plan « Saudi Vision 2 030 » qui prévoit la diversification de l’économie pour mettre fin à la dépendance historique aux hydrocarbures. Place donc aux investissements importants telles les infrastructures prévues par le projet Neom au niveau de la mer Rouge, et à l’ouverture au tourisme.
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Le sport arrive ici à point nommé. Entachée par son implication dans la guerre au Yémen, la mort du journaliste Jamal Khashoggi et le mépris des droits de l’homme, l’image du pays devait être drastiquement améliorée, sous peine de rebuter voyageurs et investisseurs. Par le « sportwashing » (« blanchiment par le sport »), l’Arabie saoudite espère donc faire oublier ses casseroles et se bâtir une réputation faite de modernité, de divertissement et d’ouverture. Aussi, en braquant régulièrement les caméras sur le Royaume, les événements sportifs sont pensés comme moyen d’attirer les visiteurs et de mettre en valeur le patrimoine national, stratégie qui n’est pas sans faire penser à celle utilisée par l’Azerbaïdjan. [...]
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