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Pétain, tout un symbole ?

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Publié le

10 novembre 2018

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Quand des CRS sont assaillis de toutes parts, ils lancent parfois une grenade de désencerclement. La recette est applicable en politique : impôts, taxes, carburants, vous avez la tête sous l’eau ? Dégoupillez un débat sur Pétain ! Puisqu’on est en France et qu’on n’échappera pas au débat, autant le solder une bonne fois pour toutes.

 

Le symbole ou le militaire ?

Macron, prince des demi habiles entend jouer l’iconoclaste en rappelant que Pétain fut un des principaux militaires qui permit la victoire de 18 dont on célèbre en ce moment le centenaire. C’est à cette occasion et parce qu’il aura été un grand militaire que Macron compte donc honorer sa mémoire parmi celles des autres maréchaux de France, nous livrant une de ses désormais fameuses saillies censées nous montrer la « pensée complexe » en action.

Or, nulle complexité dans ces propos, sinon la volonté de choquer facilement le gauchiste, en racolant à droite comme un gros bourrin de seconde catégorie ; nulle complexité, mais en revanche une sacrée dose de paresse, et de la paresse surtout chez ceux qui s’émeuvent de cette déclaration, qu’ils s’en réjouissent sous prétexte que Macron tacle le politiquement correct et dit « la vérité » ou qu’ils s’en désolent parce que Pétain a collaboré, sans comprendre que l’on a affaire à du symbole et à de l’Histoire et que les commémorations figurent l’endroit rare où les deux se confondent malheureusement.

 

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L’Histoire, c’est l’étude des faits, la quête lancinante et impossible d’une réalité à laquelle nul ne peut accéder, la complexité perpétuelle, parce que la simplicité ne se rencontre jamais dans les affaires humaines, fussent-elles grandioses. Le symbole au contraire partage avec l’épopée la qualité qu’Aristote prête à la poésie, celle de faire sens, de dirimer les bons des méchants et de donner l’image de la perfection et de la cohérence à un univers qui ignore la première comme la seconde. Le symbole est simple parce qu’il doit être lisible, qu’il a vocation, de par son étymologie même, à unir et non à diviser, tandis que l’histoire relève de la recherche pure. Le premier fige et désire le marbre, l’autre ne s’épanouit que dans les méandres mobiles de l’étude.

Non pas que les deux ignorent toute forme de relation, mais, à l’heure du symbole, l’Histoire est mal venue et, réciproquement : l’Histoire ne considère pas les statues ni les temples. On meurt aujourd’hui, en France, de confondre les deux ou de penser que l’on doit choisir l’un plutôt que l’autre. On meurt surtout d’avoir un président qui, faute d’être philosophe, s’arroge le rôle de l’historien à l’heure du symbole.

 

Le militaire mais le symbole…

La condition tragique de celui qui s’élève au rang de l’Histoire, et la fabrique, le sépare de son humanité misérable pour lui faire rejoindre le symbole avec lequel il périt ou continue de vivre pour toujours, au-delà de ce qu’il aura jamais été en « réalité », car il n’est pas d’imposture dans l’ordre symbolique mais simplement des actes qui engagent une existence entière et qui détruisent la complexité, que le commun des mortels peut réclamer à bon droit, en métamorphosant le plomb en or ou inversement l’or en plomb. Incontestablement, Pétain fut un de ceux qui abîmèrent leur gloire passée dans l’infamie et qui, parce qu’il a trop longtemps vécu, est devenu le symbole opposé de ce pour quoi Macron prétend l’honorer aujourd’hui. Chez les anciens grecs Pétain aurait été ostracisé, rayé des registres de la Cité avec sa famille, et ses actes héroïques oubliés à jamais au profit de sa seule disparition.

 
https://twitter.com/ElyseeInfos/status/1060208960718991360
 

On m’objectera que nous ne sommes plus des antiques, et que moins naïfs ou plus matures, nous voici donc capables de regarder l’histoire en face – c’est juste ; sauf que la véritable sagesse consisterait à tenir en même temps l’Histoire et le symbole, à revendiquer la nuance et la radicalité, à reconnaître que des traîtres ont pu être des héros et que l’on n’honore pas les traîtres, eussent-ils été des héros ; le cas échéant Macron ferait aussi bien, par souci de cohérence, d’élever un nouveau maréchal dans l’armée française…[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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