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Rebattre les cartes européennes

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Publié le

22 mai 2019

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« La vieille Europe, elle, ne revivra jamais : La jeune Europe offre-t-elle plus de chances ? » interrogeait Chateaubriand à l’issue du Congrès de Vienne en 1815. Pareille interrogation peut-elle être encore formulée aujourd’hui, alors que l’Union européenne semble enfermée dans une impasse.

 

 

 

D’abord, le Brexit est une source d’inconnue croissante, à cause certes de la médiocrité, de l’incapacité et des divisions des dirigeants britanniques, mais aussi de la rigidité de la Commission et des Européens qui campent sur des positions intransigeantes et ont enfermé les Britanniques dans un projet d’accord juste inacceptable par quiconque a le sens de l’honneur et de la souveraineté : à quelques jours de l’échéance, on assiste au paradoxe de voir les Britanniques élire des députés qui siégeront au sein d’une institution qu’ils ont pourtant démocratiquement décidé de quitter et dont ils n’arrivent pas à sortir. Cette cacophonie renforce la conviction populaire que l’UE serait la prison des peuples. « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens », avouait d’ailleurs Jean-Claude Juncker en 2015. Jamais phrase n’a été malheureusement aussi vraie.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Guerre civile mondiale

 

Les chocs migratoires et l’épreuve de force imposée par l’administration Trump ont mis en lumière les profondes divergences d’intérêt entre les États membres et l’absence totale de solidarité entre eux, au point de rendre l’UE incapable d’élaborer des politiques à la fois communes et à la hauteur des enjeux ; au contraire, elle se révèle de plus en plus prisonnière de schémas déconnectés de la réalité internationale et la proie de lobbies économico-financiers où ses adversaires ont acquis une grande maîtrise de la manipulation de ses décisions.

 

Le seul dénominateur commun des pays membres, faute de pouvoir élaborer une véritable stratégie et des réponses à la hauteur des exigences d’un monde qui se transforme sans eux, c’est « les traités, rien que les traités » ! Ils se retranchent derrière cette Ligne Maginot pour « négocier » avec les Britanniques ou pour faire face à n’importe quelle question existentielle. Sans se rendre compte que cette muraille juridique, au lieu de les protéger, les enferme et les rend prisonniers d’eux-mêmes.

Le rapport de force qui s’est inversé partout au profit des populistes donne une chance historique de rebattre les cartes en vue de constituer une alliance d’eurosceptiques qui pourraient ainsi obliger l’UE à réformer sa vision du monde, ses concepts directeurs et ses institutions dans un sens qui respecte réellement les nations et leurs peuples.

Pour l’heure, nul n’imagine que les prochaines élections au Parlement européen puissent, en quoi que ce soit, contribuer à changer la situation. D’une part, elles se jouent pays par pays, le plus souvent sur des clivages ou problématiques internes. D’autre part, la principale préoccupation des acteurs de l’appareil européen est de maintenir au sein des institutions un rapport des forces politiques qui préserve les équilibres anciens, principalement en faveur du PPE et des sociaux-démocrates.

© L’Incorrect

Or le premier est sous direction germanique et les seconds en sont encore à se fier à de vieux eurocrates. Autrement dit, les programmes des candidats nationaux sur lesquels on nous demande de nous prononcer ne sont que vaines paroles et incantations dénuées de sens : ils n’ont que des rapports lâches et lointains avec les programmes des partis dominants au niveau du Parlement européen ; mais surtout, ils ne servent à rien puisque le seul programme qui compte sera celui de la Commission qui sera désignée à l’automne par le Conseil et adoubé par la nouvelle majorité, et qui dispose seule du droit d’initiative législative.

 

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Il faut changer complètement notre façon d’aborder l’élection si nous voulons sauver ce qui peut encore l’être de l’idée européenne. À présent, nous n’avons pas d’autre solution que de « renverser la table » strasbourgeoise afin de rendre impossible le statu quo politique et institutionnel. Finalement, la seule question qui soit réellement en jeu est de savoir si nous sommes prêts à mettre un terme à l’eurocratie symbolisée par le condominium PPE/socialistes qui dirige le Parlement européen depuis trop longtemps.

Il est manifeste que l’Europe ne fonctionne pas de manière démocratique et qu’elle n’est pas respectueuse de la souveraineté des peuples.

La convergence des votes, pour être efficace, doit donc se cristalliser autour de tous les mouvements alternatifs, quels qu’ils soient, pourvu qu’ils s’engagent à changer le système. Le rapport de force qui s’est inversé partout au profit des populistes donne une chance historique de rebattre les cartes en vue de constituer une alliance d’eurosceptiques qui pourraient ainsi obliger l’UE à réformer sa vision du monde, ses concepts directeurs et ses institutions dans un sens qui respecte réellement les nations et leurs peuples.

 

Car il est manifeste que l’Europe ne fonctionne pas de manière démocratique et qu’elle n’est pas respectueuse de la souveraineté des peuples. Jacques Delors lui-même l’a d’ailleurs reconnu : « Je connais les mérites, mais aussi les limites, de la méthode des pères fondateurs, une sorte de doux despotisme éclairé. Une méthode saint-simonienne qui consacre la compétence et l’indépendance d’esprit comme principe de légitimité, sans toujours s’assurer à l’avance du consentement des peuples… le moment est venu de rompre avec la méthode des pères fondateurs ».

 

Aujourd’hui, il est impossible de réunir un quelconque consensus au niveau des États afin de réformer les institutions européennes, et même de réorienter les politiques actuelles sur les questions-clés que sont le droit social, la concurrence fiscale, ou l’immigration.

Prétendre que l’on parviendra à faire mieux sans changer les acteurs et en utilisant les mêmes mécanismes que ceux qui existent depuis quarante ans (depuis l’Acte Unique) relève soit de l’inconscience, soit du mensonge.

Certes, quelques progrès ont été réalisés dans la bonne direction, avec par exemple les premières sanctions infligées aux GAFA, ou les premières mesures de protection contre l’unilatéralisme commercial et financier des Etats-Unis ou contre les entreprises chinoises. Mais est-ce que l’on se rend compte de la débauche d’énergie qu’il a fallu dépenser et des délais démesurés qui ont été nécessaires pour parvenir à de modestes résultats qui ne sont pas à la hauteur des enjeux ? Prétendre que l’on parviendra à faire mieux sans changer les acteurs et en utilisant les mêmes mécanismes que ceux qui existent depuis quarante ans (depuis l’Acte Unique) relève soit de l’inconscience, soit du mensonge.

 

Lire aussi : Thierry Mariani : “La question clef en Europe c’est celle de l’identité”

 

Le risque est grand que l’accumulation des dysfonctionnements et impuissances de l’UE ne finisse par engendrer, d’abord un affaissement politique et une disparition de l’Europe de la scène mondiale, et peut-être ensuite, un choc en retour qui ne sera pas celui de la refondation mais celui de la destruction de l’acquis, ouvrant sur un avenir inconnu qui sera probablement celui de la résurgence des conflits internes, déjà présents aux frontières de l’Europe. C’est cela que nous devons empêcher en saisissant l’occasion historique qui nous est donnée aujourd’hui de rebattre les cartes et de faire sauter un des verrous, celui du Parlement européen, en donnant un poids décisif aux forces anti-système. L’enjeu est de taille ! 

 

François de Lacoste-Lareymondie

 

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