« Un entrisme communautariste, insidieux mais puissant, gangrène lentement les fondements de notre société dans certains territoires. Cet entrisme est pour l’essentiel d’inspiration islamiste. Il est la manifestation d’un projet politique conscient, théorisé, politico-religieux, dont l’ambition est de faire prévaloir des normes religieuses sur la loi commune que nous nous sommes librement donnée. Il enclenche une dynamique séparatiste qui vise à la division ». Voilà ce qu’on lit dans l’exposé des motifs du projet de loi confortant le respect des principes républicains. Ne doit-on pas se féliciter que l’ennemi soit clairement identifié ? Las ! De la lecture de l’ensemble du texte, il ressort qu’une fois de plus, la République a choisi de se voiler la face et qu’au nom de la lutte contre le péril islamiste, elle s’engage dans une restriction inédite des libertés fondamentales. Comme si les outils de discernement et de diagnostic lui manquaient et qu’ainsi les solutions préconisées ne pouvaient être qu’inadéquates, voire accentuer le mal général de notre société, à savoir sa fragmentation (voir Jérôme Fourquet, L’Archipel français, Seuil, 2019).
En effet, que penser de cette opposition entre les « normes religieuses » et « la loi commune que nous nous sommes librement donnée » ?Si le fondement de cette loi commune n’est que la liberté souveraine des contractants, celui-ci n’est-il pas éminemment instable puisque fruit d’un consensus social et historique mouvant et fragile ? Si la vie commune n’est de part en part qu’une construction humaine, il ne faut pas s’étonner que ce positivisme juridique engendre un surcroît d’autoritarisme. S’il n’y a aucun donné antérieur à l’exercice des libertés individuelles, comment celles-ci pourraient- elles se limiter sauf à se figer dans l’arbitraire d’un rapport de force ? [...]
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