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Bruno Gollnisch : “Ma candidature pour présider Renault-Nissan est prise assez au sérieux au Japon”

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Publié le

14 janvier 2019

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Bruno Gollnisch est député européen Rassemblement National. Spécialiste du Japon et de sa culture, il bénéficie sur place d’une certaine célébrité. Si sa candidature pour prendre la direction vacante de Renault-Nissan est passée relativement inaperçue en France, elle est prise très au sérieux par les Japonais.

 

Bruno Gollnisch. Vous avez récemment émis l’idée de succéder à Carlos Ghosn à la tête du consortium franco-japonais unissant ces deux géants de l’automobile que sont Renault et Nissan. Comment vous est venue l’idée ?

 

Je suis un modeste actionnaire de cette société, ayant cru devoir placer quelques économies dans le financement de l’industrie française, et notamment dans cette entreprise, fleuron de ce qu’il nous en reste. À part ma maison, ma seule épargne est un PEA (Plan d’épargne en actions) comprenant 50 actions Renault, achetées il y a plusieurs années pour un total de 2953 €, et qui n’en valent plus aujourd’hui que 1836.

Là n’est pas le problème : avec ce genre d’épargne, on doit accepter le risque de perte. Mais je dois dire que j’étais assez choqué de voir que, dans le temps même où l’action perdait plus de 30% de sa valeur, le président, qui percevait déjà plus d’un million d’Euros par mois, prétendait doubler la mise ! Depuis longtemps, je m’étais dit qu’un jour, pour le principe, j’irais faire un tour à l’assemblée générale de la société.

 

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Or, la situation créée par l’arrestation au Japon de Monsieur Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan, et son remplacement à la tête de ce deuxième groupe, requiert évidemment des mesures d’urgence.

Je suis très attaché (par principe et par expérience des persécutions de toutes sortes) à la présomption d’innocence, et je ne me prononcerai aucunement sur sa culpabilité éventuelle. En revanche, mon statut me donne le droit de dire qu’il est temps, dans cette société comme dans bien d’autres du CAC 40, que les actionnaires individuels soient enfin convenablement représentés dans la direction de ces groupes.

En conséquence, je demande que soit tenue d’urgence une Assemblée Générale, convoquée selon les modalités des articles 22 et 26 des statuts de Renault SAS. Je viens d’écrire en ce sens à M. Bolloré, l’administrateur provisoire. Je rendrai cette demande publique prochainement. En outre, j’ai déclaré que j’étais candidat au Conseil d’Administration de la société Renault, et même, en tant que de besoin, à la présidence de cette société, s’il ne se présentait pas d’autres candidats capables de défendre à la fois l’emploi en France, les intérêts des salariés et ceux des actionnaires.

 

Locuteur du japonais et fin connaisseur du pays du soleil levant, votre candidature est prise très au sérieux au point extrême-oriental de l’Eurasie. Pourquoi d’après vous ?

 

Ma candidature a surpris, et a néanmoins trouvé un écho, notamment au Figaro et dans le journal économique l’Opinion. Mais il est certain qu’elle est prise assez au sérieux au Japon. J’ai notamment eu les honneurs de la chaîne TBS, le TF1 japonais, et du grand quotidien Mainichi, qui tire à 5 millions d’exemplaires. Beaucoup de journalistes japonais ou de leurs correspondants en Europe me connaissent. J’ai été à l’Assemblée Nationale Vice-Président du groupe parlementaire franco-japonais, et je suis depuis 30 ans membre de la délégation du Parlement Européen chargée des relations avec ce pays.

 

Je suis actuellement membre de la Commission des Transports du Parlement européen. Et je crois en savoir plus que les membres actuels du Conseil de Renault quant aux relations avec le Japon, pays dont je maîtrise la langue, la culture, les usages, et le droit, ce qui est un atout considérable pour la suite de ces relations avec Nissan et Mitsubishi

 

J’ai été très fréquemment invité au Parlement japonais. Je connais personnellement de hauts dirigeants politiques ou économiques du pays, comme Mme Yuriko Koike, ancienne Ministre japonaise de la Défense, et justement représentante de Nissan au Conseil d’administration de Renault.

 

Les salaires des PDG japonais sont beaucoup plus réduits que ceux de leurs homologues français, plus généralement occidentaux. D’où vient l’idée d’harmonie au sein de l’entreprise japonaise ? Devrions-nous, pourquoi pas, nous en inspirer ?

 

Je pense qu’il y a au Japon une conception confucéenne de la modération, qui détonne par rapport aux dérives « américaines » de notre système. On y a le droit d’être très riche, mais il n’est pas de bon goût de le montrer. En outre, la plupart des administrateurs et dirigeants de l’entreprise sont choisis parmi les cadres supérieurs issus de la maison, et notamment pour leur aptitude à dégager un consensus interne.

 

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Chez nous, trop de grandes entreprises sont dirigées par d’anciens hauts fonctionnaires politisés, amis du pouvoir politique en place, ou recrutés par cooptation et placés à la tête de fleurons de notre économie , dans des entreprises qu’ils n’ont pas contribué à créer, dans lesquelles ils n’ont pas investi un centime ni couru le moindre risque, où ils se font verser des salaires pharamineux, attribuer des fortunes en « stock options », des parachutes dorés, et des retraites considérables, sans toujours que leurs compétences soient couronnées de succès, c’est le moins que l’on puisse dire.

En réalité ce néo-capitalisme cynique prétendument inspiré des Etats-Unis est relativement récent chez nous. Il n’est pas forcément le fruit du dynamisme entrepreneurial, ni même de l’économie de marché, et il n’est aucunement nécessaire à la rétribution des meilleurs talents.

 

Vous estimez vous légitime à candidater à la tête de Renault-Nissan ?

 

Bonne question. Ma réponse sera celle de Talleyrand : « Quand je me regarde, je me désole ; quand je me compare, je me console. » En effet, si vous vous intéressez de plus près à la composition du Conseil d’Administration de Renault, vous serez surpris : à part quelques représentants du personnel, il n’y a pratiquement aucun spécialiste de l’ingénierie automobile !

Il y a par exemple un pharmacologue, et aussi un cadre supérieur de chez Hermès, l’un et l’autre certainement compétents et expérimentés dans le monde des affaires ; mais on ne vend pas des voitures comme des cachets d’aspirine ou des foulards en soie. Il y a deux avocates, dont l’une est l’ancien bâtonnier (faut-il dire à présent bâtonnière ?) de l’ordre des avocats de Paris, et l’autre un sollicitor britannique : Madame Cherie Blair, qui est surtout dans le civil l’épouse de l’ancien premier ministre socialiste Tony Blair.

 

 

Ces dames sont certainement très compétentes, mais le suis-je moins qu’elles ? Docteur en droit, diplômé des Sciences politiques, j’ai moi aussi exercé cette profession. Je connais, comme ancien avocat international, le monde des affaires (et notamment ses contentieux), le droit public, le droit européen, etc. En outre, j’ai acquis une vaste expérience des milieux politiques et de leur fonctionnement au cours de 32 années de mandat parlementaire, auquel je renoncerais naturellement si ma candidature était acceptée.

Je suis actuellement membre de la Commission des Transports du Parlement européen. Et je crois en savoir plus que les membres actuels du Conseil de Renault quant aux relations avec le Japon, pays dont je maîtrise la langue, la culture, les usages, et le droit, ce qui est un atout considérable pour la suite de ces relations avec Nissan et Mitsubishi.

 

Si d’aventure votre nom était retenu, quelles seraient vos premières grandes décisions ?

 

Je ne me fais pas d’illusion : je ne serai pas le candidat de M. Macron. Or l’Etat, qui a réduit sa participation dans Renault à 15%, s’est fait attribuer par une loi française un double vote, ce qui lui donne donc 30% des suffrages. Cela peut se comprendre pour des raisons d’intérêt national, mais cela a contribué à la détérioration des relations avec les Japonais. En tout état de cause, ma candidature devrait me permettre de dire un certain nombre de choses.

 

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En revanche, si j’étais placé par la confiance des actionnaires à la tête de cette entreprise, je m’efforcerai de sauver la coopération avec Nissan et Mitsubishi, que je crois mutuellement bénéfique, serait-ce au pris d’un rééquilibrage. En outre, je me situerais immédiatement, en tant que « Cost killer » d’un nouveau genre : je proposerais aussitôt à l’Assemblée Générale, dont les récentes décisions n’ont pas été respectées, la réduction d’au moins les trois quarts de la rétribution anormalement élevée du président.

Et j’indexerais définitivement la progression éventuelle des revenus des dirigeants sur deux indices : 1) la progression des revenus de tous les employés, et 2) le cours de l’action. Proportionner les revenus de chacun à leur apport dans l’entreprise est la première condition de la coopération de tous à la réussite commune.

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