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Marie Stuart, Reine d’Écosse : le destin d’une reine

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Publié le

5 mars 2019

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Son destin était tracé, elle devrait être reine de France. Cependant la providence en décida autrement. Elle mourut outre Manche en martyr catholique. La réalisatrice Josie Rourke a réussi à mettre de la clarté dans un monde obtus et trop souvent cloîtré. Un film porté par le talent d’une étoile montante, Saoirse Ronan.

 

Ce film ôte le voile d’une époque clef pour comprendre l’histoire mondiale, malheureusement méconnue. Cette seconde moitié du XVIème siècle témoigne la primauté espagnole partout, en Europe et au-delà de l’Atlantique. Pourtant la France (seconde puissance continentale) commence sa longue route qui la mènera à Rocroi.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Fragments de France

 

À son tour l’Angleterre déjouera l’invasion espagnole de 1588, plusieurs historiens affirment que si cette entreprise avait réussi nous parlerions tous le castillan et non l’anglais. Londres débute son aventure maritime qui culminera à Trafalgar.

Saoirse Ronan (n’essayez même pas de prononcer son prénom) incarne sublimement la reine d’Écosse. Elle se glisse aisément dans le personnage, l’époque et l’environnement. La tendresse assourdissante, l’ambition démesurée, les rêveries féminines, l’esprit combatif, la passion catholique, tout y est.

 

 

Dans une conversation avec son frère les deux sont si subtils qu’on les confond presque avec deux cerfs, perdus et insérés dans le paysage. Leur naturalité ne cède pas pour un instant à l’artificialité de leur travail. En revanche Margot Robbie n’as pas été à la hauteur d’Élisabeth, mais tout a comploté contre elle.

Le film suit la souveraine écossaise et non l’anglaise, le script n’est pas assez profond pour un personnage si intriqué comme la reine d’Angleterre et chaque actrice anglophone doit essayer de détrôner Cate Blanchett. Une tâche presque insurmontable, avouons-le.

 

Un personnage important dans la Cour est joué par un africain, ce qui coupe un peu la plausibilité des scènes

 

Une brève scène montre Marie, les yeux fixés en Angleterre, dire que cette terre est semblable à la sienne. Elle reçoit la nouvelle qu’elles sont sœurs. La simplicité du moment est apaisante et visionnaire; ce sera le fils de Marie le pont entre ces deux sœurs, l’union des couronnes de 1603.

D’autres scènes ralentiront le film, chercheront à interpeller l’assistant, à l’arracher à la frénésie actuelle. Ladite, souvent voulue par les films, est sérieusement mise à mal; les pauses et l’immersion dans le dialogue sont une réplique acerbe et crédible au bougisme régnant.

 

 

Un personnage important dans la Cour est joué par un africain, cela coupe un peu la plausibilité des scènes et sent trop la vague des Social Justice Warriors. Pour rendre les minorités ethniques plus visibles les élites bien-pensantes sont prêtes à tout. Pendant que nous y sommes ajoutons qu’il y a des imprécisions et raccourcis comme dans presque tous les films historiques.

Le récit nous plonge dans une partie de l’histoire, non dans sa globalité. Et cela est compréhensible. L’observateur attentif décernera aussi quelques tirades mignonnes contre le patriarcat et une aura passagère de Girl Power.

 

Lire aussi : Comment favoriser la transmission des petites fermes ?

 

John Knox, le Jean Calvin des Îles Britanniques, est fantastiquement joué par David Tennant. Sa barbe longuissime, son regard fulminant, ses prêches enflammées, sa misogynie viscérale, sa mission purificatrice, rien n’est laissé au hasard. L’acteur installe magistralement le décor d’une bataille qui fera date, De quoi la Femme est-elle le nom?

L’infériorité juridique de la femme dans le monde catholique s’heurtait parfois à sa supériorité factuelle. La femme dépassait les bornes juridiques et se hissait au-dessus de l’homme, en tant que muse, mère, maîtresse, épouse, amante, fille. Le duo Calvin-Knox continuera l’infériorité juridique de la femme mais tuera la possibilité de sa supériorité factuelle.

 

 

Le grand paradoxe est que ce mouvement, avec sa haine des femmes, va mettre en marche une idéologie qui les égalisera aux hommes, juridiquement. Les hommes latins ne regardent jamais une femme comme leur semblable, elle est tantôt supérieure, tantôt inférieure. Les hommes calvinistes finiront par accorder aux femmes une égalité juridique mais les maintiendront toujours dans une infériorité factuelle.

Le Catholicisme sacralisait l’inégalité entre l’homme et la femme, en insistant sur leur complémentarité. Le Puritanisme sacralise leur égalité, niant ainsi la biologie et détruisant les catégories féminine et masculine pour établir une catégorie neutre, celle de l’individu asexué.

 

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La rugosité charmante et charnelle de l’Écosse accompagne tout le film. La finesse continentale londonienne contraste avec la nature indomptable northumbrienne. Les portraits croisés de la souveraine de Holyrood et de celle de Hatfield démontrent que les femmes jouèrent des rôles majeurs, contrairement à la doxa de nos contemporains. N’hésitez pas, le film vaudra votre temps. [/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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