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La Silicon Valley croit aux licornes

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Publié le

2 mai 2019

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Les silicones sont des composés organiques servant à la fabrication de divers matériaux utilisés pour les activités humaines contemporaines. Sous forme liquide, les silicones remplissent des prothèses destinées à améliorer l’apparence d’un individu, le plus souvent du beau sexe.

Seins, fessiers ou bouches sont les parties du corps les plus à même de recevoir ce type d’opérations, de par leurs caractéristiques érogènes. La Silicon Valley, elle, porte bien son nom. Elle nous vend des produits séduisants pas toujours très naturels dont nous n’avons pas forcément une véritable utilité. Elle crée donc des pseudo-besoins. Pis, elle se les vend aussi à elle-même. C’est précisément l’histoire de Theranos.

 

Lire aussi : L’éditorial de Jacques de Guillebon : Sous la cendre

 

Theranos était une start-up basée en Californie, peut-être l’une des plus prometteuses. Fondée en 2003 par une jeune femme de 19 ans répondant au nom d’Elizabeth Holmes, Theranos avait annoncé développer une technologie qui devait révolutionner le marché des tests médicaux. Jugez donc : à l’aide de quelques gouttes de sang seulement, Theranos déclarait pouvoir réaliser une batterie d’examens forte de 200 tests, le tout sans aiguille avec une machine développée par la start-up elle-même. De quoi faire frétiller d’excitation la plupart des « business angels » de la nouvelle économie, toujours à l’affût d’un coup fumant à la Facebook. Ils en ont été pour leur frais. Theranos était bel et bien une licorne, mais pas un miracle : une fiction géante et frauduleuse.

 

Elizabeth Holmes a mystifié la planète entière en vendant une technologie inexistante qu’elle était incapable de développer. En 2014, Theranos valait plus de 9 milliards de dollars, ce qui faisait de sa fondatrice la plus jeune milliardaire de l’histoire … sur le papier.

 

Elizabeth Holmes a mystifié la planète entière en vendant une technologie inexistante qu’elle était incapable de développer. En 2014, Theranos valait plus de 9 milliards de dollars, ce qui faisait de sa fondatrice la plus jeune milliardaire de l’histoire … sur le papier. Des années de faste, ne restent que 5 millions de dollars à reverser aux créanciers de Theranos. Tout le reste est parti en fumée à la suite des révélations d’une enquête rendue par le Wall Street Journal, récemment confirmées par un rapport extrêmement dur de la Securities & Exchange Commission. Subsiste néanmoins toujours un immense point d’interrogation : comment les médias, la classe politique américaine, des banques d’affaires et de grands capitaines d’industrie ont-ils pu se laisser avoir par une aussi jeune femme ? Une menteuse impénitente qui truquait ses comptes de résultats dans des proportions astronomiques (en 2014, Theranos prétendait réaliser un chiffre d’affaires de 100 millions de dollars quand il n’était que de 100 .000) ?

 

Lire aussi : De l’utopie à la réalité : le Liberland, micronation libertarienne

 

Parce qu’ils ont voulu – une fois de plus – croire en l’impossible. Parce que c’est la nature même de cette économie que d’imaginer que les nouvelles technologies produisent de l’argent magique. Les licornes de la Silicon Valley – quand elles ne créent pas des pseudo-besoins qui attirent massivement des consommateurs passifs, Instagram en tête, ou quand elles ne recyclent pas des moyens de communication vieux comme le monde (le téléphone de la messagerie Facebook) -, peuvent se planter dans les grandes largeurs … et entrainer dans leur chute d’honnêtes salariés et de moins honnêtes investisseurs. Peut-être gagneraient-ils à méditer les paroles d’un vieux capitaliste à l’ancienne, celles de Warren Buffett : « Dans le monde des affaires, le rétroviseur est toujours plus clair que le pare-brise. » 

 

Gabriel Robin

 
 

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