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Points et Contrepoints

Qu’il est beau d’entendre La Chanson du Mal Aimé d’Apollinaire déclamée dans un lieu public. Qu’il est beau de constater que la poésie française n’est pas morte. Qu’il est beau de savoir que quelques jeunes ne se contentent pas de révérer les cendres, préférant se faire passer la flamme encore brûlante des lettres vivantes. Présentant le grand André Chénier en couverture, Points et Contrepoints vaut surtout pour ses publications d’auteurs contemporains, issus de plusieurs générations.

Évitant les clichés de la poésie politisée, Points et Contrepoints fait œuvre de salut public en ouvrant ses colonnes à des talents actuels

Parmi ces derniers, on retrouve notamment Arnault Destal qui nous offre ici quelques-uns des textes de son groupe Varsovie, dont Etat-Civil (à Jacques Rigault) ou encore Va dire à Sparte. S’illustrent aussi le jeune Chams Bernard et l’expérimenté Pierre de la Coste qui livre un sublime poème intitulé La Ville, dont la lecture m’a arraché quelques larmes lors de cette belle soirée.…

Cadeaux de Noël (y a aussi les boules)

Masculins singuliers

La Leçon d’élégance, Collectif, Séguier, 370 p., 23,90€

Qu’est-ce qu’un homme élégant ? La chose ne s’explique pas mais on pourrait dire, peut-être, que c’est un homme qui a l’allure de Cary Grant, qui joue au tennis comme Federer, qui s’habille comme Bryan Ferry, et qui écrit comme Frédéric Berthet. À moins qu’on pense à l’élégance type Prince Charles, surannée, naturelle, légèrement maladroite et paradoxalement supérieure ? Ou à celle de Barbey d’Aurevilly, altière, dandy, rococo, fofolle… Quatorze auteurs ont écrit quinze portraits : ceux des personnages suscités mais aussi d’autres, plus secrets (David Rochline), voire inattendus (Lemmy Kilmister). Le casting des auteurs est excellent, ne serait-ce que parce qu’il inclut quelques plumes connues de nos services, Patrice Jean, Benoît Duteurtre, Matthieu Jung (texte de haute volée sur Roger F.), Frédéric Schiffter. Le livre, lui, est plaisant, avec un côté hétéroclite, inégal, désinvolte, humoristique et sérieux, à la fois Lui et The Spectator, Bains-Douches et Club anglais. Dans notre époque avachie, clinquante et moutonnière, où personne ne porte plus de chapeau ni ne sait la diction, il fera figure de manuel de survie, de grimoire magique et de signe de ralliement puisque, comme l’indique bien la quatrième, « l’élégance masculine est à la fois un mystère et une résistance ». Jérôme Malbert


En retrouvant Giono

Un Roi sans divertissement, Jean Dufaux et Jacques Terpant, Futuropolis, 56 p., 17 €

Projet très ambitieux que celui de condenser en une BD l’univers si poétique et si riche de Giono. Jean Dufaux et Jacques Terpant retranscrivent fidèlement l’intrigue d’Un Roi sans divertissement : on retrouve un Langlois énigmatique, les scènes cruciales, les non-dits qui entretiennent le mystère, la fascination pour le sang. Le lecteur est plongé dans un système de narration intéressant : Giono rencontre une proche de Langlois, une de celles qu’il fascinait, et celle-ci invite l’écrivain à entrer dans ce récit comme spectateur d’une pièce de théâtre. Avec un découpage en plusieurs actes, le rythme est donné : nous assisterons au face à face entre Langlois et le tueur présumé, cet « homme sans histoire » ; au duel Langlois et le loup puis Langlois face à lui-même et son ennui. Les images de montagnes et de loups ne sont pas sans rappeler Le Loup de Jean-Marc Rochette, le coup de crayon de Terpant est pur et sûr. Pour autant, on pourrait reprocher un trait trop réaliste, une certaine raideur qui paraît éloignée du monde si charnel de Giono. On aurait rêvé davantage de flous où dilater l’imagination du lecteur. Malgré tout, en refermant l’ouvrage, le désir de se (re) plonger dans l’univers de Giono est intense. […] Jeanne Battesti

Lire aussi : Les critiques littéraires de novembre (1/2)

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Madres Paralelas : extension du domaine de la marchandise

Après avoir vanté Chanel et Vuitton dans sa transparente Voix humaine, Almodovar revient avec un mélo mémoriel qui plonge deux mères involontaires dans les souvenirs de la Guerre d’Espagne. Le clinquant/le luxe vs l’histoire/la mort : cherchons l’erreur.

Madres Paralelas regorge de rimes à l’image des deux bibelots design qui se regardent en chien de faïence sur la cheminée de Penélope Cruz, ici une photographe engrossée en tout début de film par son amant anthropologue judiciaire. L’un blanc semble se pencher vers l’autre noir, alors que la fille de Cruz de complexion très brune s’avérera celle de sa jeune amie de maternité (et plus si affinités). La vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais le film si, déroulant son flot d’énormes rebondissements avec une sorte d’hébétude désincarnée.

Lire aussi : Mulholland Drive : la clé des songes

Le voilage blanc se gonflant de vent à une fenêtre madrilène simule déjà le résultat de la saillie qui se déroule en chambre : un ventre va s’arrondir, et le plein conduire au vide. Les femmes enceintes seront délivrées, tandis qu’à l’autre bout de la vie, les fosses communes accoucheront des restes humains d’exécutions phalangistes, collectés puis honorés. Les mères, la terre, même combat : expulser ce qui est en trop. Les premières sont de l’ordre de la fiction (outrée), la seconde du documentaire, dont semble relever le dernier mouvement du film – l’excavation – tout en conservant un lien ténu avec la fiction par le biais des objets qui identifient les victimes de la répression franquiste. [...]

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Mulholland Drive : la clé des songes

Revoir Mulholland Drive, vingt ans après sa sortie permet de constater qu’il n’a pas pris une ride. Au contraire, c’est devenu un classique, et comme tous les classiques, il parle à toutes les époques avec la même vigueur. On ne reviendra pas sur la maîtrise formelle hallucinante, ni sur cette construction dramatique qui fait s’emboîter les niveaux de réalité et n’a de cesse de dialoguer avec son propre médium : le cinéma entrevu, littéralement, comme une clé des songes. […]

Lire aussi : La Beauté du monde : touchant mais délayé

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Ham on rye : chic et foireux

Premier film remarqué, Ham on rye déjoue le prosaïsme de son titre (« jambon-beurre ») en faisant de l’adolescence le lieu d’une transition magique. Une vingtaine de personnages, seuls ou en groupe, se préparent pour une cérémonie sans autres officiants que les participants eux-mêmes. Le boui-boui du cru devient le temple d’un rite mystérieux et anodin où les élus s’apparient avant de voir la lumière. […]

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La Beauté du monde : touchant mais délayé

La Beauté du monde, réalisé par Cheyenne-Marie Carron raconte l’histoire du légionnaire Roman Vandeville à son retour d’opération extérieure. Aux prises avec un choc post-traumatique, il doit naviguer parmi un entourage bien-intentionné mais maladroit dans un processus douloureux de guérison. Film à petit budget, l’œuvre de Carron n’affiche pas d’explosions à l’américaine mais se démarque par l’intensité de scènes de témoignages de militaires jouant leurs propres rôles. […]

Lire aussi : La Pièce rapportée : comédie acidulée

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Éditorial culture de décembre : Bilan sanitaire

2021 touche à sa fin et ce peut être l’occasion de faire un bilan qui ne soit pas d’ordre sanitaire, ou plutôt qui envisage la santé et la crise du point de vue de l’esprit. Il me semble qu’un degré supplémentaire a été franchi cette année dans ce qui m’apparaît comme une crise de la représentation qui affaiblit le langage sous des prétextes idéologiques (comme lors des épisodes totalitaires). Quelques symptômes : la controverse au sujet de la possibilité d’une traductrice blanche à traduire une poétesse noire (Amanda Gorman) ou d’un acteur valide à jouer le rôle d’un handicapé ; l’urgence d’une « représentativité » comprise en termes statistiques et non symboliques ; le succès croissant d’une littérature de témoignage direct (de Springora à Louis). À chaque fois, on constate un mouvement de désymbolisation régressive, un prurit littéraliste, une opacification du « moi ». Seuls ceux qui auraient vécu le même type d’expérience seraient légitimes pour la retranscrire ; la représentation n’est plus conçue comme un transfert symbolique mais comme un décalque pointilleux des apparences ; et l’on privilégie, à l’universalisation du tragique, le petit dégueulis victimaire d’origine contrôlée.…

Héritières de Malassy : un pays dont la reine est une enfant
Héritières de Malassy, c’est l’épopée d’Eléonore, une jeune fille de 17 ans élevée dans un orphelinat, vers le trône légitime de son père, mort mystérieusement quelques jours avant sa naissance. Aidée par Jeanne, son amie d’enfance qui lui a permis de découvrir ses origines royales, elle va parcourir un long chemin vers la Malassy, pays où elle pourra reprendre la couronne que détient illégalement Charles, son cousin tyrannique, et libérer les habitants qui vivent dans la peur depuis la disparition de la princesse et de la reine. [...]

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